...et E.V.E. dans tout ça?
Accrochez vous car Begerith nous vient de Vladivostok en Russie et se sont installés depuis peu en Pologne à Varsovie. D’ailleurs l’enregistrement de l’album a commencé à l’Hertz Studio de Bialystok en Pologne en juillet 2014 pour se terminer à Vladivostok en 2015 au Dreaming Stars Studio pour revenir en Pologne afin d’y être mixé en mai 2015.
« Nome Fatas Hiss Mortus » sert d’intro des plus angoissantes pour nous présenter la suite du programme c'est-à-dire l’album A.D.A.M. numéroté de I à X où rien n’est laissé au hasard, pas même les transitions entre les titres qui sont ciselés à l’or fin (surtout celle avant « A.D.A.M. V »).
Tout au long d’A.D.A.M. on retrouve des ambiances gorgées d’illumination au détour de chaque clair-obscur. L’ensemble est vitalisant sans aucune faute de goût. C’est du grand art qui nous touche et qui n’est pas sans évoquer un Behemoth, un Hate ou encore un Azarath.
Mais au-delà d’influences faciles à trouver (quel groupe n’en a pas ?) il y a cette touche personnelle particulière qui, par des solos (« A.D.A.M. I »), une voix bien grave (le dernier titre), inquiétante et possédée, ne peut que nous plaire dès les premières mesures sans même écouter la suite.
Il y a une classe étourdissante dans les changements d’ambiance ou les lancements de plages foudroyantes. Le batteur est possédé, et à la vitesse à laquelle il blaste il doit faire trois fois le tour de la Terre par titre (« A.D.A.M. II »). Une légère orchestration (Michal Staczkun) se fait sentir mais le titre est tellement bien scénarisé qu’on se laisse porter par le mouvement spartiate inculqué par le rythme de Thorian. Même sur un mid-tempo (« V ») asservissant son auditoire, la qualité de sa frappe fait encore des ravages sur les passages qui relancent la bête lorsqu’elle celle-ci reprend des forces. Le phrasé d’Alexey « Wiedzmin » Bushuev (chant) n’est pas sans nous faire penser à celui de Nergal de Behemoth mais le Russe sait aussi se transformer en prêtre des ténèbres comme sur « A.D.A.M. X », dans une ambiance œcuménique aux riffs watainiens…
Begerith sait tout faire : un death aux riffs des plus stridents (« A.D.A.M. III »), où les guitares s’entremêlent dans une orgie auditive des plus entêtantes, en passant par une intro grandiloquente bien préparée avant que nous ne soyons jeté dans l’arène et que les cordes telles des cris, amplifient l’angoisse naissante (« VI »). Le groupe tente un bon ravalement de façade sur la septième partie, en passant par un côté epic lors des premières secondes, suivi d’un essaim de guitares prêtent à nous piquer sur « A.D.A.M. IX ».
Sur le captivant « A.D.A.M. IV », le chant nous enrobe telle une armure protectrice et rassurante qui nous fera avancer en terrain ennemi sous les rafales de riffs d’Alexey « Wiedzmin » Bushuev et d’Andrey « Mr. Undead » Karasev, suivi par les chenilles de blast tout terrain et jamais essoufflées.
Il est parfois cruel de constater avec quelle facilité certains musiciens savent absorber par capillarité le meilleur de certains… la substantifique moelle de l’excellence. Begerith est l’un d’eux !
Et pour conclure je vous laisse méditer sur le petit texte qui accompagne la sortie de l’album : « And God went on to create the man in his image, in God’s image he created him and his name was Adam... How terrible and despotic our God is, sealed himself into a biological substance of rot and stench, giving the form to everything. Regurgitated himself to the Earth as a virus and locusts devouring and fucking everything on their path... Look into the eyes of everyone and try to call it your God... God rules your debauchery. »
Lionel / Born 666