Après des fêtes chargées, menant à une panse bien gonflée et un foie bien saturé, il est enfin temps de remettre le pied à l’étrier, pour aller perdre quelques kilos dans les pits transpirants de la capitale. Et quoi de mieux qu’une bonne dose de heavy puis de second degré nordique pour repartir du bon pied en 2017 ? Rien, et c’est pour ça que Sabaton et Accept, accompagnés de Twilight Force, font salle comble dans le mythique Olympia. Le positionnement d’Accept en tant que première partie a sans aucun doute beaucoup fait jaser : les vieux de la vieille et les plus jeunes attachés aux légendes d’antan ont crié au scandale, mais reconnaissons-le, qu’on aime ou non l’univers de Sabaton, le groupe suédois remplit à présent mieux les salles que la terreur teutone. Et consolons-nous : Accept dispose d’un large créneau horaire pour faire vrombir ses guitares, ce qui n’est pas pour nous déplaire !
TWILIGHT FORCE
Malheureusement, des Suédois de Twilight Force et de leur power symphonique aussi caricatural que délicieux, nous ne verrons rien. La faute principalement à une sécurité peu efficace aux portes de la salle, qui laisse entrer les fans au compte-goutte, et crée ainsi une longue file d’attente dans le froid du huitième arrondissement. Point d’elfes, de chevaliers et de dragons pour nous donc, et la frustration est d’autant plus grande que les retours glanés ici ou là dans le public sont plus que positifs : bonne prestation, accueil chaleureux, son propre, tout semblait réuni pour une belle mise en jambe.
Setlist :
Battle of Arcane Might
To the Stars
Riders of the Dawn
Flight of the Sapphire Dragon
Gates of Glory
The Power of the Ancient Force
ACCEPT
Conscients que condenser leur prestation en soixante minutes n’autorise aucun faux pas, les Allemands d’Accept n’y vont pas par quatre chemins : setlist aux allures de best-of, enchaînement imparable et sans pitié de titres assassins, énergie débridée… personne ne peut résister à une telle déferlante. On remarque d’ailleurs que les fans qui ont fait le déplacement pour ce set réduit sont nombreux, comme en témoignent les T-shirts et patches à l’effigie de la formation.
Première baffe dès les premières notes qui parviennent à nos oreilles : la balance est jouissive de précision ! Le son est ultra massif, mais n’en demeure pas moins complètement intelligible. Ainsi, on profite avec délectation des nuances de jeu de Wolf Hoffman, qui endosse presque le rôle d’un vrai maître de cérémonie. Aux côtés du vocaliste Mark Tornillo, il tire le groupe (encore plus) vers le haut, et arbore un sourire et une humilité qui font plaisir à voir. Tornillo, justement, est très en voix, et semble même bien plus frais et à l’aise que lors des derniers passages d’Accept en terre gauloise. Indéniablement, le groupe semble avoir trouvé un rythme de croisière après quelques années en deça de leur potentiel.
Quelques titres récents viennent rappeler que si Accept appartient bien au présent sur scène, il en va de même en studio : le titre éponyme de l’album Stalingrad (2012) fonctionne à merveille, et le rouleau compresseur manœuvré par l’excellent et entêtant "Teutonic Terror" a tout à fait sa place en fin de set, entre les monstres que sont "Metal Heart" et "Balls To The Wall".
Ces derniers titres, qui restent idéaux pour mesurer la température d’un show d’Accept, ne mentent pas : ce soir la mayonnaise a pris, et pas qu’à moitié ! L’extrait de la "Lettre à Elise" qui a rendu "Metal Heart" célèbre, est repris à l’unisson par un Olympia conquis, avec une force qui semble même surprendre les musiciens. La conclusion sur "Balls To The Wall" n’est pas en reste, et chacun prend son pied ostensiblement sur le riff mythique et pachydermique à souhait.
Accept est venu, Accept a vu, et surtout, Accept a botté des culs ! On se demande bien comment Sabaton va pouvoir supplanter ce set survitaminé, et la vérité est toute simple : Accept restera bien le vainqueur de la soirée ! Et surtout, les Allemands ont confirmé leur statut de légendes vivantes, qu’on a plaisir à voir passer chez nous tous les ans. Vivement la prochaine !
Setlist :
Stampede
Stalingrad
Restless and Wild
London Leatherboys
Final Journey
Princess of the Dawn
Fast as a Shark
Metal Heart
Teutonic Terror
Balls to the Wall
SABATON
La pression monte lentement dans le pit de l’Olympia, et on sent les fans – en particulier ceux, nombreux, de la Sabaton French Division – impatients d’en découdre. Comme à l’accoutumée, la bande-son d’une version revisitée de "In The Army Now" plonge la salle dans le noir. Difficile de ne pas avoir une pensée pour Rick Parfitt de Status Quo, qui nous a quittés récemment. Mais les roadies de Sabaton, habillés en soldats démineurs, parcourent la scène dans le noir, dévoilent l’imposant char servant de riser à la batterie, et nous rappellent ainsi que la tempête ne fait que commencer.
Pas de surprise, c’est comme à chaque concert du groupe "Ghost Division" qui ouvre le set et plonge le public directement dans le vif du sujet. Le son est propre, le groupe est carré, souriant, tout semble donc réuni pour un set explosif et sans temps mort. Et pourtant ! Malgré une ambiance chaude au possible et un public acquis à sa cause, le show sent globalement le réchauffé, mais nous y reviendrons.
Sur scène, la production semble s’étoffer de tournée en tournée. Certes, pour des raisons de sécurité, la pyrotechnie est réduite à son strict minimum sur cette date, mais le reste est généreux : le célèbre tank trône toujours au centre de la scène, les armes et items militaires pullulent dans tout le décor, et un écran géant vient se greffer sur cette scénographie déjà bien fournie. Sur cet écran sont projetées des images de batailles, des cartes, des archives historiques, bref le parfait kit pour illustrer l’univers dépeint par Sabaton dans ses titres.
Le dernier album The Last Stand alimente abondamment la setlist, avec pas moins de six morceaux disséminés ici ou là. On se rappellera notamment de "Sparta" et de son gros impact live, soutenu par les costumes de centurions romains arborés par les musiciens. Les morceaux passent bien le cap de la scène, et profitent de la belle interprétation proposée par le groupe. Joakim Broden reste fidèle à lui-même, et distille ce savant message de testostérone et de second degré qui fait mouche auprès des fans. Toute la troupe semble très à l’aise et heureuse de se produire à Paris, et même le petit nouveau Tommy Johansson, à la guitare, semble avoir déjà pris ses marques, malgré les railleries amicales du frontman.
Une bonne partie de la discographie des Suédois est balayée ce soir, et quelques surprises pointent leur nez, comme cette version acoustique de "The Final Solution", qui surprend mais fonctionne. Comme quoi, Sabaton, ce n’est pas que des grosses guitares, des tanks et des coups de feu ! Par ailleurs, c’est avec un pincement au cœur qu’on se rend compte en sortant de la salle que ni "The Art Of War", ni "Metal Crüe", deux hymnes emblématiques, n’ont été joués. Quel dommage, ça aurait pu être un ultime déchaînement dans le public !
Effectivement, jusqu’ici, la description du concert est très positive, mais pour une raison difficile à expliquer, il manquait quelque chose à cette soirée. Peut-être le groupe semble-t-il être un peu passé en pilotage automatique ? Les blagues et interventions sont souvent les mêmes, Joakim s’est encore saisi de sa guitare pour balancer le riff de "Beat It", et tout a semblé calculé du début à la fin. A la réflexion, cette soirée souffre certainement de la comparaison avec le set du Bataclan de janvier 2015. A l’époque, on avait vécu un vrai échange avec le public, rempli de spontanéité et de franchise. Bref, ce soir, Sabaton a délivré un bon concert, et peut-être en attendait-on trop du combo !
Setlist :
In the Army Now (bande)
The March to War (bande)
Ghost Division
Sparta
Blood of Bannockburn
Swedish Pagans
Carolus Rex
The Last Stand
Far from the Fame
Winged Hussars
The Final Solution
Resist and Bite
Night Witches
Dominium Maris Baltici (bande)
The Lion From the North
Diary of an Unknown Soldier (bande)
The Lost Battalion
Union (Slopes of St. Benedict)
Rappel :
Primo Victoria
Shiroyama
To Hell and Back
Photographies : © Nidhal Marzouk 2017
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