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"Ca a été très difficile pour moi après tous ces changements de line-up, parce que nous n’étions pas seulement un groupe, mais une famille qui se brisait."
Nous avons rencontré Daniel Gildenlöw, leader charismatique du groupe Pain of Salvation, qui nous a tout raconté à propos de son nouvel album, le très attendu In the Passing Light of Day sorti le 13 janvier dernier. Il nous a livré différents aspects de la création de cet opus et nous a parlé avec son coeur.
Votre nouvel album In the Passing Light of Day est sorti le 13 janvier. Il s'agit d'un concept album sur ce que vous avez traversé alors que vous étiez malade. Comment cette idée a pris vie?
Daniel : Vous savez, j’ai été alité à l’hôpital pendant quatre mois avec une bactérie mangeuse de chair. J’ai reçu beaucoup de soutiens de mes fans autour du monde. Ils m’ont envoyé ces merveilleux messages et commentaires sur Facebook. Et beaucoup d’entre eux me suggéraient, sûrement pour me réconforter et pour me motiver, d'en faire un concept pour un nouvel album. A ce moment-là, en étant toujours à l’hôpital, couché sur un lit d’hôpital avec mes habits d’hôpital très peu sexy…cela ne me paraissait pas très exotique. Faire un concept-album metal sur une bactérie mangeuse de chair … mouais … je n’y voyais aucun concept. J’avais vraiment décidé que cela ne deviendrait jamais un concept-album même si j’appréciais le geste. Mais, lorsque j’ai commencé à écrire plusieurs mois plus tard, après avoir plus ou moins regagné la santé, j’ai remarqué que c’était toujours la chose qui ressortait. Je n’écrivais pas sur la bactérie mangeuse de chair en elle-même, mais sur les sentiments et les pensées qui gravitaient tout autour. Particulièrement le premier jour à l’hôpital quand tout le monde essaye de faire de son mieux pour stopper la maladie, car vous pouvez très bien passer d’un état en parfaite santé à complètement mort en l’espace de deux ou trois jours. C’est quelque chose de très agressif et de très effrayant. Donc, pendant cette première journée à l’hôpital, je suis passé par ce sentiment initial qui était plus de l’énervement contre cette chose douloureuse, puis extrêmement douloureuse. J’avais quelque chose comme six différents antibiotiques dans mon système immunitaire et j’ai réalisé que j’étais entré dans la chaîne alimentaire des médecins. A chaque fois qu’un médecin entrait dans ma chambre c’était un médecin plus important que la fois précédente et ce n’est jamais bon signe. Donc, j’en suis arrivé au point où j’ai réalisé que ceci allait être une bataille, que cela allait être dur. Et puis à un autre moment j’ai réalisé que je ne m’en sortirais peut-être pas. Dans le pire des scénarios, les médecins ne pouvaient rien faire et je mourrais ou alors je perdrais une grande partie de mon corps. C’est un peu le point critique de quand vous essayez de comprendre comment le problème peut être résolu. Et vous commencez à réaliser que ce problème peut soit ne pas être résolu soit, s’il est résolu il peut avoir de graves conséquences. Ce point critique est le point de départ de cet album. Et de ce point de vue, celui de l’homme dans son lit d’hôpital le premier jour, nous entamons un voyage mental à travers les différents souvenirs et événements du passé. En fait, cette vue d’ensemble sur les événements de ma vie m’ont amené à ce point précis. Après ce court voyage, nous nous retrouvons à nouveau sur ce lit d’hôpital tentant d’arriver à une sorte de conclusion. Là est le concept de l’album. Tout se passe ce premier jour à l’hôpital.
Votre album est donc un moyen de parler des sentiments que l’on peut avoir dans ce genre de situation.
Daniel : Oui, je pense et j’espère que c’est quelque chose de typique chez Pain of Salvation peu importe le sujet abordé. Vous pouvez toujours vous identifier aux paroles et à la musique car le spectre émotionnel est le même. Vous n’avez pas besoin d’avoir passé du temps sur un lit d’hôpital avec une bactérie mangeuse de chair pour comprendre l’album et les émotions que nous voulons faire passer. Du moins je l’espère, sinon les personnes qui nous écoutent seraient très rares.
Vos paroles sont toujours bien pensées et bien écrites. Il y a toujours beaucoup de sentiments qui transparaissent. J’ai écouté la chanson "Meaningless" et regardé le clip et je pense que cette vidéo est pleine de symbolisme. Je me demandais ce que vous aviez voulu montrer avec ce clip.
Daniel : En fait, j’ai pris contact avec ce mec dont j’adore le travail. J’avais vu quelques-uns de ses travaux et entendu beaucoup de bonnes choses à son propos. Son nom est Love Fagerstedt. Je l’ai contacté et il m'a dit : "Je ne suis pas vraiment cinéaste ou réalisateur, je suis plus impliqué dans l’écriture du script et la post-production mais j’ai un ami avec qui j’ai souvent travaillé qui s’appelle Joakim S. Hammond, est-ce qu’on ne pourrait pas faire un truc ensemble ?" Je leur ai laissé carte blanche. Je leur ai envoyé la chanson, je leur ai envoyé les paroles et quelques notes conceptuelles sur l’album. Le script vient d’eux. Ils sont revenus vers moi avec cette idée de script et je ne l’avais vraiment pas vu venir. Pour moi c’était vraiment quelque chose d’inattendu. J’étais un peu : "Okay, eh bien … d’accord…" Ma première réaction fut la surprise. Je ne m’y attendais vraiment pas. Puis ma deuxième réaction fut : "Okay… Je vais encore me retrouver en quelque sorte tout nu à avoir un rapport sexuel dans une vidéo… Pourquoi ces choses-là m’arrivent toujours ?!" Mais d’un autre côté, j’ai aussi vu que … comment dire ça … en fait … en additionnant tous ces éléments de la vidéo on a une chanson de metal, avec un groupe de metal, et la vidéo parle de sexe et de mort… METAL, SEXE et MORT ! Cette combinaison, ces trois éléments m’auraient fait dire : "Euh non, très peu pour moi !" en temps normal. Mais la façon dont ils m’ont décrit l’idée et ceux sur quoi ils allaient se focaliser m’ont fait réaliser qu’il y avait avant tout une dimension cinématographique. Ils voyaient les choses de façon cinématographique. Ils se ne concentreraient pas sur des choses choquantes mais plus sur … je ne sais pas si vous avez regardé Six feet under mais leur idée était plus dans cette veine-là. Cela inclut de l’humour mais aussi de la chaleur et de la surprise. Il y a quelque chose de mature dans ce clip qui le fait devenir quelque chose de très différent d’une vidéo cool et choquante où l’on voit quelqu’un s’envoyer en l’air avec un cadavre sur une chanson de metal. Même si c’est ce que nous avons fait en quelque sorte [rire].
Oui, mais je pense qu’il y a beaucoup de symbolisme dans ce clip. C’est une bonne métaphore de la notion de culpabilité. Ce sentiment d’être mort à l’intérieur qui nous fait faire des choses que l’on ne veut pas faire mais que l’on fait tout de même parce qu’on a désespérément besoin de sentir quelque chose. C’est une belle image.
Daniel : Oui, je pense qu’ils ont fait un beau travail. Il y a quelque chose de touchant dans cette vidéo. Je l’aime beaucoup. Mais c’était tout de même très bizarre. J’étais couché sur un brancard en métal pendant presque un peu plus de six heures. Je suis quand même allé aux toilettes pour faire pipi une fois, mais c’était une pause de cinq minutes ! A part ça, c’était six longues heures à essayer de ne pas respirer, de ne pas avoir les yeux qui bougent sous les paupières et … à ne rien voir ! J’ai fermé les yeux ou eu un drap tiré sur mon visage tant de fois. Je me demandais ce qui se passait autour de moi. Les seules choses que j'entendais étaient des trucs comme : "Okay, c’est bon !" "Bougez le brancard un peu plus de ce côté" et j'étais couché là comme accessoire et je ne pouvais rien voir. Je sentais juste quelqu’un tirer le brancard encore une fois. Et je ne pouvais pas respirer et je sentais seulement ces mouvements quand on poussait le brancard dans une autre direction. J’entendais des trucs bizarres du genre : "Coupez ! On la refait ! On doit se mettre un peu plus sous la lumière ! Les ombres ne sont pas au bon endroit !" J’avais l’impression d’être sur ce brancard depuis une éternité ! C’était un sentiment très étrange et ensuite j'ai senti quelqu’un se frotter contre moi et je devais rester immobile, ne donner aucun type de réponse.
Cela doit être un peu sinistre de rester là à jouer au mort.
Daniel : Je pense que le cadre était lugubre mais j’aime quand les choses sont un peu étranges et éprouvantes. Juste le fait que nous nous soyons réunis avec tous ces accessoires et cet équipement, de rassembler nos efforts, et l’effort en lui-même et l’obscurité dans laquelle l’humanité veut bien se plonger juste pour faire cette vidéo… Tout cela prend le pas sur le côté sinistre. Bien sûr, c’est bizarre de se coucher sur un brancard en métal, d’avoir un drap tiré sur son visage, mais en un sens, cela retire le côté sérieux de la chose. C’est comme quand vous êtes gamin et que vous jouez au mort, vous prétendez tirer l’un sur l’autre, puis vous mourrez. J’imagine que c’est une manière de faire face à la mort. Cela la transforme en jeu. Et lorsque vous transformez la mort en jeu elle perd tout le pouvoir qu’elle peut avoir sur vous. Je pensais que cela serait plus inconfortable pour moi. Mais en fin de compte, ce sont ces choses physiques comme être couché sur ce brancard et trouver la position dans laquelle ça ne vous fait pas trop mal, qui sont les plus présentes et vous ne vous focalisez pas tant sur l’aspect lugubre de la chose.
C’était un peu la même chose lorsqu’on a pris quelques photos pour l’album. Le photographe, Lars Ardarve et moi avons parlé de cette idée qu’il avait eu. Je devais être sur un lit d’hôpital, et il prendrait des photos du lit depuis le plafond. Puis, il prendrait quelques photos à partir d’endroits différents. Il avait cette idée pour une série de photos pour l’album et cela me semblait totalement impossible à réaliser. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, il m’a partagé cette idée par téléphone et je lui ai dit : "Eh bien, c’est une super idée ! J’adorerais faire ça, mais, tu sais, ça va être impossible à faire." Tout d’abord, cela avait déjà été difficile d’avoir une chambre d’hôpital en ayant une infection mortelle car l’hôpital était plein. Et du coup, si c’était simplement pour prendre des photos, j’imaginais qu’avoir accès à une chambre serait encore plus compliqué. Deuxièmement, je le savais grâce à mon séjour : j’avais pris plusieurs photos de ma guitare dans différentes situations et j’ai appris après coup qu’il était interdit de prendre des photos dans tout l’hôpital. J’avais enfreint les règles de l’hôpital en faisant ça, donc je savais que cela serait impossible pour plein de raisons. Mais néanmoins, je n’ai pas pu m’empêcher de contacter l’hôpital et l’un des chirurgiens en chef que j’avais rencontré pendant mon séjour. Et pour quelques sombres raisons, il semblait qu’à ce moment précis, tout le service dans lequel j’avais été placé avait été déménagé à un autre endroit de l’hôpital pour des raisons que je ne comprends toujours pas totalement. Donc, cette aile était là, complètement vide, sans patient, sans personnel médical, rien ! Ils m’ont donc dit : "Okay, cela peut s’arranger. Vous aurez accès à tout le service. Vous pouvez y faire ce que vous voulez." Quelles étaient les probabilités pour que cela arrive ? Donc je me suis retrouvé à revenir dans mon ancien service et comme si ce n’était pas suffisant (car c’est déjà assez inquiétant de revenir à cet endroit), je me suis retrouvé dans mon ancienne chambre où j’ai passé tant de temps. Elle était exactement comme je l’avais laissée. Les infirmières qui avaient donné un coup de main avaient mis un lit dans la chambre qui ressemblait exactement à celui dans lequel j’avais été. Ils avaient fait en sorte que cela ressemble à un endroit toujours utilisé. Et comme si ce n’était pas déjà assez étrange … Est-ce que vous pouvez imaginer le sentiment d’évoluer dans un service hospitalier vide avec d’énormes couloirs et plein de chambres ouvertes sans aucun patient dans tout ce vieux bâtiment ? Il commençait à faire noir dehors et on était censé prendre des photos de moi couché là. C’était tellement épouvantable.
Imaginez seulement avoir combattu la mort pendant quatre mois et ensuite avoir à revenir dans cet endroit. Cela s’ajoute à un sentiment étrange. Chaque aspect en lui-même était déjà suffisant. Seulement revenir dans cette chambre aurait été suffisant. Seulement se retrouver dans un service hospitalier vide aurait été suffisant. Mais combiner tout cela était tellement bizarre. Mais dès que l’on a commencé à prendre les photos, dès qu’on a positionné les appareils, tout ce sentiment étrange s’est dissipé et c’est devenu une session créative où l’on essaye de mettre en place des idées créatives. Cela devient tout autre chose. L’étrange perd tout son pouvoir. Ou du moins, vous pouvez utiliser ce pouvoir. Vous pouvez prendre ce pouvoir étrange et le transformer en un merveilleux sentiment. Je pense avoir ressenti la même chose pendant le tournage de ce clip. C’est quelque chose que vous pouvez prendre au plus profond de votre coeur et en faire quelque chose de différent.
Si l’on revient à votre album. Sur la chanson “Meaningless”, on entend beaucoup chanter Ragnar Zolberg. Il y a un bel équilibre entre vos voix...
Daniel: Il chante sur toutes les chansons de l’album, mais pas aussi clairement que sur “Meaningless”. Il ne chante pas de parties vocales principales mais il chante quelques passages importants. Je voudrais vraiment qu’il chante plus dans le futur si cela est possible.
En parlant de la création d’un futur album, qu'avez-vous préféré pour celui-ci ? Le composer ou l’enregistrer?
Daniel: Pour moi, et cela est vrai pour tous les albums, je pense que ma partie préférée est cette première phase lorsqu’on s’asseoit dans la salle de répétition : moi derrière la batterie et Ragnar avec sa guitare, j’ai aussi une guitare à côté de moi et on est là avec un Ipad ou un ordinateur et on répète les différentes parties de l’album. On est là à aller jusqu’au bout de nos idées, j’aime vraiment beaucoup ces moments. Car après cela, quand la partie production arrive, on est juste assis devant un ordinateur à ressentir beaucoup de pression. On veut que les choses sonnent exactement comme elles sont supposées le faire, alors qu’au débout toutes les possibilités sont ouvertes, comme un champs à perte de vue dans lequel on a envie de courir. J’aime courir.
Vous partez en tournée cette année. Vous avez beaucoup de dates en Europe, deux dates en France, une à Paris et une à Lyon, ainsi qu’une autre au Hellfest. Êtes-vous impatient de partir en tournée?
Daniel: Je suis toujours impatient de partir en tournée, et quand on s’approche de la date de départ je ressens un peu de panique monter en moi. Il y a tellement de pression en tournée. Vous devez jouer cinq ou six fois de suite. Vous avez peut-être une journée de repos. C’est très éprouvant. Et être le chanteur et avoir à faire des performances vocales extrêmes (mais je ne peux en vouloir qu’à moi-même d’avoir fait l’album de la sorte) rend les choses difficiles. Vous vous inquiétez constamment, parce que vous savez que chaque concert va fatiguer un peu plus votre voix. Et vous savez qu’il va falloir espérer la retrouver le jour suivant, et qu’il y a encore un autre jour après ça. Et ça n’en finit plus, et en plus de ça vous dormez très mal, vous portez beaucoup de choses, vous vous posez dans des salles froides et humides, vous n’avez pas accès à la nourriture que vous aimeriez manger, vous ne pouvez pas faire d’exercices. C’est un peu une bulle en-dehors de la réalité. C’est comme si tout était en pause pour un instant. Et s’épuiser tous les jours jusqu’à vos limites cause énormément de stress, surtout quand vous chantez. Si je jouais seulement de la guitare, cela me dérangerait moins, car vous pouvez avoir un rhume et jouer de la guitare ; vous pouvez être extrêmement fatigué et vous pourrez toujours jouer de la guitare. Vous pouvez tirer un peu plus sur la corde en jouant d’un instrument mais pas en chantant car votre voix est étroitement connectée à vos dispositions physiques du jour. C’est vraiment un état de stress dans lequel je déteste être. Mais d’un autre côté, le côté fantastique de partir en tournée c’est de pouvoir rencontrer les gens. C’est vraiment merveilleux. Je suis toujours impatient de pouvoir rencontrer les fans. Là, on s’approche de la tournée et c’est tout ce que je vois. Quand vous commencez à organiser une tournée, vous êtes un peu : “Est-ce qu’on devrait ajouter une autre date?... Oui, certainement!” C’est être sur scène, rencontrer les fans, faire écouter notre musique… On ne pense qu’aux aspects positifs et une semaine avant le début de la tournée ça se transforme en : “Oh mon dieu!!! Mais qu’est-ce que j’ai fait?” En fait, ça dépend vraiment d’à combien de temps se situe la tournée! C’était la même chose quand on été censé jouer Remedy Lane en entier au festival Prog Power aux Etats-Unis. Quand j’ai dit oui, j’ai pensé : “Ca peut être cool!”. J’avais déjà dit non tellement de fois, et ils avaient demandé si gentiment et c’était dans un an et demi, cela semblait si loin. Je me suis dit : “Ouais… ce sera Daniel dans un an et demi. Je ne vais pas me préoccuper de lui maintenant. Ce sera son problème!” Je ne vois que les choses positives et après, quand ça commence à se rapprocher, je me dis : “Bon Dieu!!! Ce Daniel d’il y a un an et demi mais quel idiot! S’il avait su… Mais pourquoi il ne pouvait pas penser à moi pour une fois?” Mais en fin de compte, même si on est à notre pire niveau, Pain Of Salvation garde toujours un très bon pire niveau.
Si vous pouviez définir Pain Of Salvation en un mot. Lequel ce serait?
Daniel: Oh… ça c’est une question facile [rire]. La première chose qui me vient à l’esprit c’est “sans compromis” qui n’est pas vraiment un mot.
Non je ne crois pas mais je vois où vous voulez en venir.
Daniel: Bon, “sans compromis” … je ne sais pas … disons plutôt tribu.
Pourquoi?
Daniel: C’est quelque chose qui m’a frappé ces deux dernières années. Et c’est de quoi parle la chanson “Full Throttle Tribe” sur l’album. Lorsque que j’ai formé le groupe, et je ne m’en rendais pas compte à l’époque, mais en regardant en arrière, une de mes grandes raisons de créer un groupe était de me créer un petit monde dans lequel je ferais sens. Je pense que c’est plutôt commun. Beaucoup de gens passent à travers ce genre de choses. Cela n’a rien de remarquable mais bon… Je me rappelle aller à l’école et ne pas me sentir comme les autres. Je ne pouvais pas m’identifier aux mêmes choses et aux mêmes sujets que les autres gamins. C’était un peu comme si j’étais tout le temps en train d’essayer de m’adapter à des choses auxquelles je ne pouvais pas m’identifier. J’ai essayé d’entrer dans un club sportif car c’est ce qu’on attendait de moi. Mais en réalité je ne comprenais pas pour quelles raisons on pouvait avoir envie de rejoindre un club sportif, à part si on connaissait quelqu’un qui y était. Ca n’avait pas de sens pour moi. Rejoindre une équipe sportive de la ville pouvait faire sens et encore… Mes intérêts étaient un peu plus philosophiques même si je ne le savais pas à l’époque. J’ai toujours été un peu perturbé par des idées, par l’humanité, par les interactions sociales, tout ça… C’est quelque chose que j’ai eu à renégocier tout le temps avec moi-même et mon entourage. Je pense que pour moi, le groupe était une manière de me créer ma propre tribu, une chose à laquelle je pouvais m’identifier, quelque chose en quoi je pouvais croire, parce que c’est là d’où je viens. J’ai toujours été touché par la musique et les sujets abordés dans la musique. Je me rappelle, quand j’étais en maternelle, à la maison on avait cet album War of the Worlds avec Jeff Wayne. C’était une version LP qui appartenait à ma tante et je ne sais pas comment ce disque a atterri dans notre collection de disques, mais ça n’a pas d’importance. Il était là, importé du Royaume-Uni et il y avait de magnifiques images. Je me rappelle avoir été très touché par cet album et le film Jesus Christ Super Star. Ils faisaient juste tellement sens pour moi dans la façon dont ils traitaient du coût de la survie. Et je me rappelle, en maternelle, essayer de raconter tout le concept de l’histoire de cet album à mes camarades mais ils ne semblaient pas saisir toute l’importance de la chose. J’écrivais beaucoup, je dessinais beaucoup. Et quand j’ai fondé Pain of Salvation, c’était un peu ma bulle de réalité, une réalité alternative à laquelle j’appartenais enfin. Les membres du groupes avaient un intérêt commun. On avait un but, on avait une tribu, on avait une famille. Le groupe a évolué, on a changé de line-up, j’ai atteint le point où je me sentais appartenir à une tribu, une famille. Et c’est pour ça que ça a été très difficile pour moi après tous ces changements de line-up, parce que nous n’étions pas seulement un groupe, mais une famille qui se brisait. Donc oui, disons TRIBU.
Je pense que beaucoup de gens pensent qu’ils n’appartiennent pas au monde dans lequel ils vivent. C’est très difficile lorsque l’on est enfant de comprendre que ce n’est pas grave d’être différent et que l’on finit toujours par trouver des gens qui partagent nos idées et nos sentiments. En grandissant on finit par créer notre propre tribu, notre propre famille. Mais c’est toujours plus simple quand les adultes comme nos parents ou nos professeurs nous expliquent tout ça.
Daniel: C’est marrant que vous disiez cela parce que je suis professeur de musique depuis le début de l’automne dans l’école de mes deux enfants les plus âgés. Et c’est plus facile pour moi de traîner avec des personnes âgées ou des enfants car je me sens plus proches d’eux. Je trouve qu’il est plus facile de discuter avec les élèves à l’école. Je joue à Pokemon Go et on peut en parler, chose que je ne peux pas faire avec les gens de mon âge. Et quand je suis avec des personnes âgées je peux parler des aspects philosophiques de la vie, de la façon dont je vois la politique et la philosophie, et du développement de l’humanité, des valeurs de la vie. C’est toujours plus facile avec les personnes âgées. Je pense que c’est typique des gens “comme moi” entre guillemets. Je pense que beaucoup de gens s’identifient à ça.
Une dernière question plus personnelle qui n’a rien à voir avec Pain of Salvation. Qu’est-ce que vous lisez en ce moment?
Daniel: En ce moment, je ne lis rien. Mais j’ai beaucoup lu tout au long de ma vie. Mais maintenant que je suis père de trois enfants, lire a été remplacé par regarder des séries. Vous devez réduire vos moments de distraction à des segments de vingt minutes, et si c’est quelque chose que vous pouvez faire avec vos enfants c’est encore mieux. La nuit dernière et quelques nuits avant, je me suis endormi en regardant Flash avec mon fils le plus âgé qui a dix ans. Mais quand je lis, j’aime lire des livres scientifiques. Et s’ils peuvent combiner la science avec de la philosophie et de l’humour c’est ce que j’aime le plus. A part ça, j’ai lu Worst. Person. Ever. de Douglas Coupland. C’était distrayant comme toujours, mais sinon je pense que je pourrais relire Billions and Billions de Carl Sagan. Je ne sais pas combien de fois je pourrais le relire et le trouver amusant à chaque fois. C'est la même chose avec A Short History of Nearly Everthing de Bill Bryson. Ce sont des livres vers lesquels je peux retourner et apprécier à chaque fois.
Interview: Eloïse Morisse
ENGLISH VERSION |
"It was very difficult after all these line-up changes, because it was not only a band, it was a family that fell apart"
We met Daniel Gildenlöw, the charismatic leader of Pain of Salvation who told us everything about their new album In the Passing Light of Day, that came out on January 13th. Daniel told us about different aspects of the creation of this album and opened his heart on different subjects. Here is what he told us.
Your new album In the Passing Light of Day is coming out on January 13th. This is concept album about what you went through while being sick. How did this idea come to life ?
Daniel : You know, I’ve been in a hospital for four months with a flesh eating bacteria. I got a lot of support from my fans around the world and they sent me these wonderful messages, and Facebook comments. And so many of them were suggesting, probably to be conforting me or motivating me, to make a concept of it. And at that point, still being in hospital, lying in my hospital bed with my extremely unsexy hospital clothes … I mean it was so unexotic for me at that point. It just felt like making a metal concept album about flesh eating bacteria was … you know… I couldn’t see any concept out of it. So I decided pretty firmly that it can never become a concept album eventhough I appriciated the gesture. But then, when I started writing several months later, after being more or less recovering back to health, I noticed that this was still the thing that came out. I was writing not about the flesh eating bacteria itself, but the feelings and the thougts that surrounded it. Especially, the first day in hospital when they were trying their best quickly to stop this affliction, because, you can go from perfectly healthy to be just as perfectly dead in just two or three days. It’s a very aggressive and scary thing. So during that first day in the hospital, I went through that initial feeling that it was something annoying and painful, then turning to extremely painful. At that point I had something like six different antibiotics in my immune system and I noticed that I had been working my way through the food chain of doctors. Everytime a doctor came in it was a more important doctor than the last time and that’s never a good sign. So you just come to that point when you realise that it’s gonna be a battle, this is gonna be hard. And then, at some point you start to realise that you might not actually make it. In the worst case scenario they can’t fix it up and you actually not survive or you lose huge parts of your body. And I think that it’s a sort of tipping point when you try to see how it’s gonna be solved, to the point when you realise that it can’t actually be solved, and if it’s solved it’s gonna have severe consequences. That sort of tipping point is the point of departure of this album. And from that point of view, the point of view from the hospital bed that first day we make a mental trip and look at different memories and things in the past. Basically that overview of values and life events has led up to that specific point. From that little journey, we end up back in the hospital bed again trying to lead some sort of conclusion. So that is basically the entire concept. It basically takes place in that first day at the hospital.
So your album is a way to talk about the feelings you can have through this kind of situation.
Daniel : Yes, I think and I hope that it is something typical of Pain of Salvation regardless of what the topic may be, you can always relate to it because the emotional spectrum is the same. You don’t have to spend time in a hospital with a flesh eating bacteria to understand the album, the emotions we want to pass. I hope so, because our listeners would be very few then.
Your lyrics are always very thought through, very well written. There are a lot of feelings in them. I’ve listened to the song "Meaningless" and I’ve watched the videoclip and I think this video is really full of symbolism. I wanted to know what you wanted to show with that video clip?
Daniel : The thing is, I contacted this guy whose work I love. I have seen some of his work and heard many good things. His name is Love Fagerstedt. I contacted him and he said “I’m not really a film maker, I’m more involved in script writing and post-production but I know this friend of mine and we’ve been working together many times. You know, it’s Joakim S. Hammond.” I gave them free hands on whatever they could come up with. So, I sent them the song, I sent them the lyrics and conceptual notes about the album as well. The script is their idea. They came back to me with this idea for a script and I didn’t see that coming. For me it was something I hadn’t expected. I was like: “Okay, so… alright…” My first reaction was that of surprise. I hadn’t expected that take on it. And the second thought was: “Okay… I’m gonna end up being sort of naked and sort of having sex again in a video… Why do these things always happen to me?!” But one the other hand, I also saw that … how to put it … well… counting the elements on the video you have a metal song, with a metal band, and the video is going to be about sex and death … METAL, SEX and DEATH! That combination right there, those three elements would normally make me go: “Errr no, I don’t think so!” But the way they were describing the idea and what they focused on made it very clear to me that first of all it had a very cinematic dimension. They were thinking cinematically. Their focus would not be on shocking value but rather more like… I don’t know if you’ve watched SIX FEET UNDER but it’s more in that vein. There is humour involved, and also warmth and surprise. And there is something mature in it which makes it become something entirely different than a cool and shocking video where someone has sex with a corpse on a metal song. Even if, in a way that’s what we did [laugh]
Yes, but I think there’s a lot of symbolism in it. This video clip is a good metaphor for the notion of guilt. This feeling of being so dead inside that you do things that you don’t want to do but you do it anyway because you need to feel something. That’s a beautiful image.
Daniel: Yes, I think they did a beautiful job. There is something moving with it. I like it a lot. But it was very weird, though. I was lying on that metal stretcher for almost a little bit more than six hours. I did go to the toilet to pee once, and that was like a five minutes’ break! But apart from that, it was like six straight hours of trying not to breathe, trying not to have your eyes move underneath the lids and… not see anything! I was basically closing my eyes or having that sheet drawn over my head so many times. I was wondering what was happening outside, you know. The only things you hear are things like “Okay, good!” “Just move the stretcher a little bit more to this side” and you are just lying there like some props and you can’t see anything. You just feel someone pulling the stretcher again. And I wouldn’t breathe and I just felt those movements when they pushed the stretcher in another direction. I heard things like “Cut! Let’s do it again! We need to be a bit more under the light! The shadows are the wrong way!” I felt I was lying on that metal stretcher forever! It was a very weird feeling and then you feel someone sort of humping you but you have to stay still, not give any sort of response.
It must be a bit gloomy to stay there, and play dead.
Daniel: I think the setting was gloomy but I like things when they are a bit weird and challenging. Just the fact that we were there gathered with all these people and props and equipment, and pulling all this together, and just the effort in that and the obscurity in what mankind is willing to do just to make a video… you know, it really takes the edge away from the gloomy part of it. Of course, it is weird to be lying down on a metal stretcher and having a sheet pulled over your head, but in a way, it also takes the seriousness away from it, like when you were a kid and you play dead, you pretend to shoot at each other and then you die. I guess it’s a way of dealing with death. It turns it into a game. And when you turn it into a game it loses its power over you. I was expecting that for me it would feel more discomforting than it did. In the end, it was those physical things, like lying on that stretcher and finding a position so that you wouldn’t hurt too much, that were so present that you didn’t focus so much on the gloomy aspect.
It was the same when we took some photos for the album. We were talking with the photographer, Lars Ardarve about this idea he had. I would be on a hospital bed, and he would take pictures from the ceiling down at the hospital bed. And then, take pictures in different locations. He had this vision of this series of photos for the album and it just seemed impossible. Weirdly enough, he gave me this idea over the phone and I said “Well, it’s a great idea! I would love to do it, but, you know, it’s gonna be impossible” First of all, it was difficult enough to get a room when I had my lethal infection, because the hospital is so full. And if it was only to take pictures, I imagined it was gonna be even more difficult to get access to a room. And secondly, I knew from my stay… I took several pictures of my guitar in different situations and stuff… and I learned afterwards that there had a been a prohibition about taking pictures in the entire hospital. I was basically breaking hospital rules while doing that, so I knew it was going to be impossible for so many reasons. But, nevertheless, I couldn’t help myself but contacting the hospital and one of the head surgeons I had during my stay there. And for some weird reasons, it seemed that just right then, the entire ward where I had been in had moved to another place in the hospital for reasons that I still don’t fully understand. So, that entire ward was staying gaping empty: no patients, no medical staff, no nothing! So, they were like “Okay, it can be arranged. You’ll have access to the entire ward. You can do whatever you want.” I mean, what are the odds for that? So, I ended up coming back to my old ward and as if that was not enough, because that’s eerie enough to come back to that scene, to my old room where I had spent all that time. It looked the same as when I left it. The nurses that had helped out, had put a bed in there that looked exactly like the bed that I had. They made it so it looked like it was still in use. And as if it was not weird enough… Can you imagine that feeling of coming into an empty hospital ward with huge long corridors and lots of hospital rooms just standing open with no patients in this old building. It started to get dark outside and we were supposed to take pictures of me lying there. I felt so ghastly.
And just imagine… I was battling death for four months and then having to get back to that… It’s just adding up to a weird feeling. Any of the aspect would be enough in itself. Just getting back to the room would have been enough. Just getting to an empty hospital ward would have been enough. But combining all that was just so weird. But as soon as we started shooting, as soon as we arranged the cameras, it sort of melted away and this became this creative session where you try to solve creative ideas. It becomes something else. It loses its power somehow. Or at least, you can utilize that power. You can take that power and turn it into something and I think it’s a wonderful feeling. I think I felt that making the video as well. It is something that you can take to your heart and do something with it.
If we go back to your new album. On “Meaningless”, we can hear Ragnar Zolberg a lot. There is a perfect balance between your two voices. Are we also going to hear him a lot on the other tracks of the album?
Daniel: He is singing on all the other songs basically, but not as clearly as on “Meaningless”. He has no lead vocals going on but he has a few very important sections and passages. It is definitely something that I want to try to use more for the future if that’s possible.
Oh great! And talking about the creation of an album, what was your favourite part in the process for In the Passing Light of Day? Was it composing it, recording it, or are you eager to go on tour to play it live?
Daniel: For me, and it’s true for all the albums, I think my favourite part of the creation of an album is that early phase when we are all sitting in the rehearsing room: me behind the drums and Ragnar with the guitar, and I have a guitar beside me and we are there with an Ipad or a computer, and we’re hammering down the different parts of the album. We are here, pushing the ideas forwards and I really like this part. Because after that, when the production part comes, you’re just sitting in front of a computer and there is a lot of pressure involved. You want it to sound exactly the way it is supposed to be, whereas at the beginning everything is open, like an open field and it feels more like running. I do like the running part.
You are going on tour this year. You have many dates around Europe, two dates in France, one in Paris and one in Lyon, and also another one at the Hellfest Festival. Are you eager to go on this tour?
Daniel: I’m always eager to go on tour, and then as we’re getting close to actually going I feel a little bit of panic. There is so much pressure on a tour. You have to play five or six times in a row. You have maybe one off day. It’s very straining. And being the vocalist and having to perform vocals that are very extreme (but I can only blame myself for making the album that way) makes it difficult. You are in constant worry, because you know that every show will wear down your voice quite a lot. And you know that you will have to hope for it to bounce back for the next day, and there’s another day after that. And it goes on and on and on top of that you sleep very bad, you carry a lot of things, you sit in cold and wet venues, you don’t have access to the kind of food you would like to eat, you’re usually not able to work out. It’s like a bubble away from reality. It’s like everything is on pause for a while. And straining yourself every day to the limit causes a lot of stress, especially when it comes to the vocals. If I were just playing the guitar, I wouldn’t bother, because you can have a cold and you can still play the guitar; you can be extremely tired and you can still play the guitar. You can wear yourself down to a larger extend doing anything else but vocals, because vocals are so closely connected to your physical disposition for the day. So, that’s a stress I really hate being in. But, on the other hand, the wonderful part of it is being on stage and meeting the crowds. That part is always wonderful. I always look forward to that. Right now, we’re actually getting really close to the tour and that’s all I see. When you start planning the tour, you’re like “Should we add another date?... Yes, sure!”. It’s being on stage, it’s meeting the fans, showing them the music… You only think about the positive aspects and one week before you’re more like “Oh Jesus Christ!!!! What have I done???!!!” In fact, it really depends on how close you get to the action! It was the same thing when we were supposed to perform Remedy Lane in its entirety at the Prog Power US. When I said yes, I thought “well that could be cool”. I had said no so many times, and they asked so nicely and it was a year and a half ahead of time, so it felt so distant. It felt like “Yeah… that’s Daniel in one and a half year, somehow. I’m not gonna take care of him right now. That’s his problem!” I only saw the positive signs and then, when it started to get closer to it, I thought “Jesus Christ!!! That Daniel from one and a half year back… what an idiot!!!! Would have he known… Why couldn’t he think of me for once?!” But in the end, even when we are at our worst, Pain Of Salvation has always had a very high low level.
If you could define Pain of Salvation with one word. What would it be?
Daniel: Oh… that’s an easy one [laugh]. The first thing that came to mind was something that had to do with COMPROMISELESSNESS which is not really a word, is it.
I don’t think so, but well, I get it…
Daniel: Well, COMPROMISELESSNESS… I don’t know… Let’s say TRIBE, I guess.
Why would you say that?
Daniel: It something that struck me in the last two years. And that’s what the song “Full Throttle Tribe” is about on the album. When I started the band, not that I knew it back then, but I think looking at it retrospectively, that one of the strong reasons for making a band was to create a small world in which I made sense. I guess this is very common. Lots of people go through the same things. It’s nothing remarkable in any way but still… I remember coming to school and not feeling like I was like the others. I couldn’t relate to the same things and topics as the other kids could. I felt I was constantly trying to adapt to something I was not fully related to. I tried entering the sport’s team because that was expected of me. But in truth I couldn’t understand the reasons for joining a sport’s team unless you know someone in the team. It didn’t make sense. Enroll in the sport’s team of your city could make a little more sense, but still …. My interests were a bit more philosophical even though I wouldn’t have understood it at the time. I’ve always been a little bit troubled with ideas and mankind, social interactions, all of that… It’s something I had to renegotiate all the time with myself and with my surroundings. I think that for me the band was a way of creating my own tribe, something that I could relate to, something that I could believe in, because that’s where I came from, you know, being touched by music, and the topics of the music. I remember when I was in kindergarten, at home we had this album War of the Worlds with Jeff Wayne. It was an LP version that used to belong to my aunt and I don’t know why it was in our record collection but anyway, there it was, imported from the UK and it had all this wonderful pictures. I remember being deeply touched and involved in that album and the movie version of Jesus Christ Super Star. They just made so much sense to me in the way they were dealing with the cost of survival. And I remember, in kindergarten trying to tell the entire story of the concept of the album to my follow friends but they seemed not grasping the importance of this. I was writing a lot, I was drawing a lot. And when I created Pain of Salvation, it was my bubble of reality, another alternative reality in which we all belong. The members of the band had finally a common interest. We had something to aim for, we had our tribe, we had our family. As the band evolved, and the line-up changed, we’ve reached a level where I felt like belonging to a tribe, a family. And that’s why it was very difficult after all these line-up changes, because it was not only a band, it was a family that fell apart. So yes… I’ll go with the word TRIBE I guess.
I think that a lot of people feel like they don’t belong anywhere. It’s very difficult when you are a kid to understand that it’s okay to be different and that you will always find people who share the same ideas and feelings as you. Growing up, you just end up creating your own tribe, your own family. But it’s always easier when grown-ups like your parents or your teachers explain that to you.
Daniel: it’s funny that you say that because I’ve been a music teacher since the beginning of this fall at my two older kids’ school. And you know it’s easier for me to hang around with old people or young people because I can relate to both those worlds much easier. I find it easy to talk to the pupils in the school. I play Pokemon go, and we can talk about Pokemon go, a thing that I can’t do with people my age. And when I’m with old people I can talk about all the philosophical aspects of life, the way I picture politics and philosophy, and the development of mankind, the values of life. It’s always easier to do that with older people. I think it’s very typical of people “like me”, within quotation marks. I think many people relate to that.
Lastly, a more personal question that has nothing to do with Pain of Salvation. What are you reading at the moment?
Daniel: At the moment, I don’t think I’m reading anything. But my entire life I’ve been reading a lot. But now being a father of three, reading has been replaced by watching series. You have to strip down your moment of entertainment to twenty minutes’ segments, and if that’s something you can do together with your kids it’s even better. So, last night and a few other nights before, me and my older son, who is ten, we fell asleep watching The Flash. But when I do read I love to read a lot of science books. And if they can combine science with philosophy and humour that is when I love it the most. Other than that, I did read Worst. Person. Ever. by Douglas Coupland. It was very entertaining as always, but other than that I think I could reread Billions and Billions by Carl Sagan. I don’t know how many times I could reread that and find it as amusing every time. The same with Bill Bryson’s A Short History of Nearly Everything. These are books that I can come back to anytime and appreciate.
Interview: Eloïse Morisse