Pryapisme, c'est ce genre de groupe qui débarque de nulle part, annonce lui-même qu'il va se casser la gueule, nous envoie une déconstruction à laquelle on était pas du tout préparé, mais qui fait qu'à chaque fois, on en redemande encore et encore. Et c'est à l'aube de cette nouvelle année que le groupe décide de baptiser leur nouvelle étrangeté, nommée sobrement Diabolicus Felinae Pandemonium.
Chacun peut, à tout moment, ressentir cet effet un peu lisse de la musique. S'apercevoir que s'il y a de nombreux styles, et que les grands pontes de ces genres ne nous déçoivent pas, il y a un effet de boucle, un côté non original de par les codes qui, s'ils nous plaisent, ne nous surprennent plus. C'est donc qu'il est temps de s'envoyer un ovni dans les esgourdes, et ça tombe bien, Pryapisme sort un nouvel album.
Et on va pas se mentir, Pryapisme est un tel ovni aux confins des genres qu'on pourrait se demander s'il a bien sa place dans notre rédaction metal. Les grosses guitares ont une place de coeur dans la musique des Français et malgré les dérives aux antipodes du style, certaines sonorités chères aux oreilles de nos metalheads les invitent à un voyage teinté d'ailleurs.
Cet ovni dans les esgourdes, c'est surtout un gros pavé dans la gueule, qui part dans tous les sens et ne laisse aucunement indemne. Pryapisme n'en est pas à son coup d'essai et ce Diabolicus Felinae Pandemonium est d'une puissance incroyable et d'une maîtrise certaine. Car sans rire, pour réussir à mixer autant d'influences, de sonorités et de folie notoire (on attend les rapports psychiatriques avec impatience, nul doute que ces derniers sont corsés), en plus d'être un génie, faut avoir les nerfs bien solides.
On passe du jazz à l'électro, on y fait des petits détours par le metal, la musique de jeux vidéos. Les membres du groupe mélangent tout ce qu'ils ont écouté, tout ce qu'au final, régulièrement ou pas, nous avons tous écouté, en ont retiré chaque essence pour les modeler à leur sauce. Leur sauce, on aura bien du mal à la comprendre. L'album est d'une telle richesse que chaque écoute nous offre de nouveaux éléments, mais créé surtout une fascination maladive, une envie de le réécouter en boucle pour décortiquer chaque piste à la recherche du moindre petit son ajouté que l'on aurait manqué la première fois.
Et l'intelligence de Pryapisme, c'est de ne pas créer un simple fourre-tout jouissif. Ces bruits de chaton qui miaule, de femme qui jouit, de Mario qui saute et on en passe ne sont pas placés là par hasard, et à part quelques interludes plus gratuits (le malin plaisir sur "Tête de museau dans le boudoir"), servent les morceaux. Ce n'est donc pas un foutoir interminable mais bien un bordel très organisé qui prend place. On peut même aller jusqu'à dire qu'avec cette apparence très hétérogène, la musique de Pryapisme est en fait d'une minutie exemplaire. Une musique à la fois savante dans sa conception mais légère et addictive dans son approche.
Alors comme dirait le groupe, faisant ainsi référence à l'une des plus grandes références françaises : "À la Zeuhleuleu", écoutez Pryapisme, surprenez-vous, rentrez dans un flot infini délirant, on vous garantit que ça va tourner en boucle et que vous allez propager ça autour de vous. Du génie, vous dit-on.