Antheus – Silent Agony


Il n’est pas forcément nécessaire de chercher très loin autour de soi pour être surpris, et ce ne sont pas mes voisins bordelais qui vous diront le contraire. Petit voyage dans le sud-ouest que certains ont déjà pu commencer en avance, avec la présence d’un titre sur le sampler de notre célèbre confrère en format papier Rock Hard, en tant que découverte du mois. Et si le morceau ''End of the Day'' a réussi à retenir votre attention, il ne fait aucun doute que le reste de l’album terminera le travail sans soucis.

Pour un premier essai après quelques années plutôt calmes et un line-up hésitant, Antheus pouvait démarrer plus mal que cela. Mais à en juger les aspects extérieurs de la galette, de bonnes surprises devraient être au programme. Au premier abord, c’est l’artwork très réussi qui nous met en appétit, le contraste nature / métropole aux teintes pâles, avec un futur anticipé du même paysage au dos du digipack vaut le coup d’oeil. Surprise également de trouver l’ami Mobo aux manettes, du très connu Conkrete Studio basé à Bordeaux. Ne faites pas semblant de ne pas connaître, sa patte se retrouve chez Loudblast, Gorod, ETHS, Otargos, Mercyless ou encore Naïve… S’il n’est pas question ici de gros death qui tâche ou de trip-hop metal, la production devrait être bien au dessus de ce que l’on retrouve en général pour un premier essai.

Antheus nous propose donc un metal progressif mélodique dans l’idée de ce que propose déjà Symphony X ou Circus Maximus, avec le line-up classique chant-guitare-batterie-basse-clavier. Formule éprouvée depuis bien longtemps, les redites se retrouvent souvent chez des groupes émergents, incapables de se démarquer clairement des sonorités de leurs idoles. La proposition des Bordelais est un vrai univers cohérent et, sans être le plus novateur du monde, assez intéressant pour ne pas voir une énième redite pompeuse des meilleurs albums de prog mélodique.
 

La voix est un élément central de l’album. Le ton Dickinsonnien avec beaucoup d’attaque proposé par Franck Larigaudie tranche avec la douceur nuancée des chanteurs comme James LaBrie ou Mickaël Ericksen. Ces chanteurs arrivent à contre-balancer la puissance développée par les autres musiciens par un chant plutôt posé, sans s’interdire évidemment quelques montées en puissance. Également membre d’un cover band d’Iron Maiden (et il aurait tort de s'en priver vu son timbre de voix), Franck place ici son chant assez haut sur la majorité des titres comme sur un album de pur heavy metal. L’ensemble fonctionne très bien, avec des mélodies travaillées et un rythme intéressant, les moments de grâce étant légions (''Soul Commander'', ''The End of the Day'', le final de ''Firemakers'' et tant d’autres...). Hormis cela, le fait est que le manque de nuance sur la longueur, peut rebuter certains auditeurs habitués à une versatilité plus marquée du chant. Pas de ballade ici, seulement quelques passages calmes (comme les couplets d’''Arms of Winter'', très réussis) mais qui démontrent que le groupe saurait aller un peu plus loin dans le panachage d’ambiances et de nuances, histoire de pouvoir poser le chant un peu plus souvent. Rien de dramatique tout de même, et c’était pour ainsi dire, le peu de reproche que l’on pouvait leur faire.

La partie instrumentale de l’album est un sans faute. Nos amis guitaristes prendront une leçon à chaque titre, Ludovic Faraill ayant tout pour lui : le son, les riffs, et des soli ultra mélodiques et sans trop de shred, juste ce qu’il faut. La maîtrise est là, et les questions / réponses avec le clavier sont un régal pour les oreilles. La basse reste légèrement en retrait et le clavier un peu plus en avant que d’ordinaire, mais l’ensemble reste très cohérent et puissant, au niveau de qualité attendu pour des sorties bien plus (sur-)cotées. La batterie n’est pas en reste avec des renforts sur des rythmiques en béton armé, tantôt lourde tantôt speed… Il y a de quoi contenter tout le monde.

Parlons des titres en eux-mêmes. Si le rythme reste très soutenu tout au long de l’album (au point peut-être de lasser légèrement sur la fin), l’ensemble est un recueil d’idées brillantes, sans être trop complexe ou trop simple non plus, mais tout simplement efficace. Des titres comme l'opener ''Rising Kingdom'' marquent d'entrée le ton qui ne quittera pas la proposition des Bordelais : gros riff, claviers aérés, chant haut perché et des couplets appuyés très groovy. ''Arms of Winter'', sans aucun doute le titre le plus réussi de Silent Agony avec de véritables ambiances distinctes et nuancées (pour le coup !) et un refrain imparable. L'excellent ''Soul Commander'' est un gros coup de cœur également, avec un petit air de ''March of Mephisto'' de Kamelot dans l'intention, un pré-refrain étouffant, un pont instrumental démentiel achevé par un final explosif puis terminé en douceur...

Il n'y a pas grand chose à jeter dans ce premier opus, qu'il soit considéré comme un premier album d'un groupe émergeant ou non. La maturité est déjà présente et malgré un chant linéaire mais maîtrisé, les titres de Silent Agony méritent d'être jugés tels quels, sans avoir à rougir face aux monstres du genre. L'opus présente donc un groupe aux compositions cohérentes, agréables et originales dans l'intention, mais toujours sans prétention. Une bonne auto-production comme on aimerait en écouter plus souvent !

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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