Autant l'avouer immédiatement, lorsque votre serviteur a accepté de chroniquer ce Execration Diatribes de Pestifer, il pensait avoir affaire au combo belge du même nom, dont Reaching the Void, le dernier opus sorti en 2014, nous avait laissé bouche bée d'admiration. Que nenni, la formation dont il est question aujourd'hui est portugaise et existe sur la scène death metal depuis 17 ans. Pourtant, Execration Diatribes n'est que le premier album de Pestifer, qui officie dans un death bien moins technique et bien plus direct que leurs homologues du Plat-Pays.
On aurait pu s'attendre à une réelle déception en constatant la méprise liée au patronyme du groupe, et pourtant ce Pestifer portugais propose des choses séduisantes et a de nombreux atouts pour marquer des points auprès des amateurs du style.
Tout commence avec une courte introduction orchestrale, passage obligé dans le genre, avant qu'une déferlante de riffs ne s'abatte sur les curieux qui posent une oreille sur cette galette. "Mars Exult" nous évoque presque un Deicide de la période Once Upon The Cross, avec une production plus actuelle, notamment en raison d'un chant hargneux, faisant écho à celui de Glen Benton ("Riding the Storm of Hate"). Pedro Silva (chant, guitare) parvient à merveille à vociférer ses paroles sur des riffs rapides, sa voix étant clairement le point fort de la formation.
L'autre homme fort de ce Pestifer n'est autre que Diego Pereira, le batteur, qui derrière ses fûts ne semble jamais faiblir. Certes, les plans de batterie et les blasts du bonhomme ne varient que peu, mais tel un métronome, sa précision et son endurance semblent impossible à prendre en défaut ("Enslavement of God").
Basant ses compositions sur l'efficacité du riffing ("Brutal Eruption of Chaos", "Confront Death") et sur le chant si particulier du vocaliste, Pestifer parvient tout au long des 38 minutes de l'album à maintenir l'auditeur en haleine et à susciter un réel intérêt pour l'oeuvre du trio. Si au premier abord, l'opus semble d'ailleurs assez classique du point de vue instrumental, il s'avère qu'au fil des écoutes certains titres se démarquent tout particulièrement, comme "Riding the Storm of Hate", le morceau le plus long de l'album, dépassant les sept minutes. On pense également à l'intro lente, lourde et pesante de "Awaken by Death", qui laisse par la suite la place à un couplet up-tempo particulièrement prenant.
Passant tour à tour par des ambiances à la Bestial Devastation de Sepultura (avec cependant des conditions sonores tout à fait correctes), le trio trouve le juste milieu entre hommage respectueux aux formations des pionniers et brutalité actuelle ("Dark Dimensions"). Tout juste pourra-t-on reprocher aux soli de guitare d'être sous-mixés par rapport à l'avalanche de double-pédale, alors que Silva se débrouille parfaitement de ce côté, apportant une approche à la Slayer dans son style de jeu ("Nothing Remains"). De même, il est dommage que le trio ne varie pas plus les tempi, sachant qu'il parvient à instaurer une ambiance glaçante lorsqu'il joue à des vitesses moins élevées, comme sur l'intro de "Awaken By Death", déjà évoquée.
En soi, Execration Diatribes est un bon album, tirant ses plus grandes qualités de sa cohésion et de son unité. Même s'il n'est pas exempt de reproches, pour un premier album on ne peut que saluer le fait que le groupe se donne les moyens de ses ambitions et possède sa propre identité, qui se manifeste principalement par la voix démoniaque du leader. Finalement, avec Execration Diatribes, Pestifer parvient à se distinguer des formations actuelles du genre, ce qui est particulièrement louable à l'heure actuelle. Comme quoi, les méprises, ça peut avoir du bon...
Note : 7,5/10
Sortie prévue le 14 février 2017 chez Lavadome Productions
Photo promo : DR