C'est à quelques niveaux sous le sol parisien, sur les flots seinois qu'au Petit Bain, de nombreuses coiffes à la pilosité abondantes se réunissent. Pourtant, à l'affiche, ce ne sont pas des grosses guitares faisant dégouliner les décibels dans une distorsion grasse qui prennent place, mais plus de la chanson à texte. Évidemment, on n'imagine pas nos chers Metalheads / geeks (l'autre partie majoritaire du public) se réunir devant Raphaël - Henri Dès, à la limite, on garde un certain sens de l'humour - et le programme reste dans le thème. Ce soir, c'est bon enfant et humour absurde avec Jacques et Jacques, Mononc' Serge et le duo Andréas et Nicolas.
Jacques et Jacques
Pour ouvrir cette soirée sous le signe de l’humour c’est un duo un peu comme Dupont & Dupond sauf que là il s’agit de Jacques & Jacques, que ça s’écrit pareil et qu’ils ne se ressemblent pas du tout. Et à la différence de nos célèbres détectives, nos Français ont un certain talent. On pourrait les voir comme des chansonniers modernes à tendance yéyé teinté de rock, avec Jacques aux machines (qui fait boîte à rythmes et plein d’effets rétros et rigolos) et Jacques à la guitare. Guitare que l’on imagine avoir bien vécue tant elle est patinée… Les chansons des Jacques sont plutôt amusantes comme « Je t’aine ».
On sent leur prestation travaillée même si la mise en marche a été un peu lente. Normal devant un public clairsemé qui les découvre pour la première fois, chose peu aisée à gérer pour des nouveaux artistes. Après la chanson judicieusement intitulée "La Dernière", ils en feront bien évidemment une autre qui n’est autre qu’une reprise d’Aux Bonheurs des Dames avec leur tube "Oh les Filles !" que nos compères ont adapté à leur sauce en y mettant des personnalités actuelles et le résultat est franchement drôle et efficace. Le public les acclamera comme il se doit après cet excellent final et une prestation générale très sympathique comme notre duo qu’il faudra suivre…
Mononc' Serge
Mononc' Serge et son accent québécois, c'est tout un programme. Seul avec sa guitare acoustique, les morceaux s'enchaînent autant que les bouteilles de bière abreuvent son oesophage, un sampler qui accompagne certains moments, et le tour est joué. On passe d'odes aux boissons houblonnées à des aventures vikings, le tout dans des textes travaillés de vulgarité et dont l'écriture suit la folie curieuse du bonhomme. Le public est réceptif, chante en choeur nombre de morceaux et se prête au jeu, aux traits d'humour toujours bon enfant.
Si "L'âge De Bière" est évidemment attendu, le répertoire fait mouche à chaque titre. Lorsque Mononc' Serge, dont l'ébriété ne fait plus aucun doute (on mettra en cause le cocktail étrange qui lui sera porté sur scène par Andréas et Nicolas), décide de passer l'ambiance acoustique à quelque chose de plus metal pour le dernier titre, brisant quelques éléments de décor prévus à cet effet, c'est l'osmose.
Andréas et Nicolas
Difficile de rêver mieux comme ouverture pour Andréas et Nicolas. Le public est remonté à bloc, Mononc' Serge, suite à un accueil plus qu'enthousiaste largement mérité, vient d'ailleurs le rejoindre dans la fosse. Au vu des nombreux t-shirts arborant une certaine collection d'anatidés, qui portent la S.F à l'époque des Singes Du Futur ou qui vantent les affres paradisiaques de "Super Salope", on sait pourquoi chacun est là, et le duo le leur rend. Il sera d'ailleurs ardu d'entendre les deux comparses chanter tant tout le monde dans l'auditoire connaît chacune des paroles, beaucoup plus agréables à retenir que nos récitations de primaire.
Parce que l'école, c'est exactement où on se rend en cette soirée. Avec des termes tournant autour du caca et des zizis, on a vite fait de voir repousser nos boutons purulents et nos voix qui muent. Alors on parle d'animaux, de tamponner des ours, d'écraser la basse cour sur l'autoroute, devant le duo survolté qui tient parfaitement son rôle de maître de soirée.
Il ne sont d'ailleurs pas seuls à animer les festivités. Au delà des quelques guests venant participer à la folie scénique, on pourra s'amuser à observer le Singe Batteur (dont l'interprète doit espérer avec fureur la fin du show tellement il doit en crever, de chaud) et Bérengère, abordant divers mini-costumes - en plus de celui de singette déjà bien costaud - pour nous divertir. Ajoutés à Andréas passant son temps à se jeter à corps perdu dans les premiers rangs, nous semblant animé par la folie elle-même, et à Nicolas, plus limité dans ses mouvements par sa guitare mais s'en donnant malgré tout à coeur joie, ça fait un beau bordel.
Dans la fosse, tout est électrique. Ça sautille dans tous les sens, ça chante à tue-tête chaque morceau, et ça s'en prend plein la tronche. Entre les bébés, les vêtements, les ours en peluche, divers artifices sont lancés sur le public selon le thème du morceau en cours, ce qui ajoute à l'hystérie qui règne. Le show est dosé et, malgré son bordel ambiant, mis en scène. Il est impossible de ne pas s'éclater à un concert d'Andréas et Nicolas tant il y a toujours quelque chose à voir et de conneries à entendre, si tant est que l'on est sensible à l'humour du duo.
Le concert paraîtra court et un peu calculé. On regrette une spontanéité plus présente sur la tournée Super Chansons, notamment au niveau des intéractions avec le public, mais le plaisir, autant pour eux que pour nous, reste total. La tournée est presque achevée, et on espère en avoir encore sous peu !
Photos : Arnaud Dionisio / © 2017
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