"Evoluant"
Negru, le cerveau et manager du groupe de black/folk roumain Negură Bunget nous a gentiment accordé une entrevue après le concert réalisé lors du Beermageddon fest, en octobre 2016. La discussion était très conviale et Negru est résolument une personne hilare et sympathique.
Voici donc la retranscription de l'entretien...
Thomas : Je vous ai vu au Ragnard Rock Festival, mais ici au Beermageddon Fest cela me semble plus adapté car vous jouez en intérieur. La première question concerne votre instrument très spécial. Cette espèce de plaque en bois, qu’est-ce que c’est ?
Negru: C’est un instrument traditionnel roumain, utilisé dans de nombreuses cérémonies.
Lionel : Mais vous n’en avez pas joué beaucoup ce soir.
Negru: Sur une seule chanson. On en a trois normalement, mais nous avons dû écourter car il y avait du retard.
Thomas : C’est une sorte d’originalité de votre groupe. Je ne l’avais jamais vu auparavant. Quel est le nom de cet instrument ?
Negru: toacă (NDLR : une simandre en français)
Thomas : toacă ! Merci, je connais un instrument de plus. Avez-vous des liens avec l’univers de la reconstitution historique ?
Negru: Oui, nous sommes familiers avec ce monde, car nous jouons dans de nombreux festivals où cela se déroule, mais nous n’en faisons pas. Nous sommes davantage orientés vers la nature. Nous préférons être seuls et éviter la foule. Lorsqu’on rentre chez nous, on va se promener dans les montagnes. Nous sommes souvent en tournée, avec plein de gens, et donc quand nous sommes à la maison, on préfère rester seuls. On a des contacts avec ce milieu, mais nous ne sommes pas impliqués personnellement.
Thomas : Vous venez juste de jouer votre dernier album. Pourquoi ce show spécial ?
Negru: En fait, c’est un anniversaire. Vingt ans de Negură Bunget, la réédition après dix ans de l’album OM et le dernier qui vient de sortir. On a essayé de combiner ces trois éléments. On a des chansons d’un quart d’heure, donc si on doit prendre des extraits de chaque album, on doit jouer deux heures.
Thomas : Comment pourrais-tu résumer votre dernier album ? Votre musique est très spirituelle…
Lionel : Naturelle.
Negru: Zi est la seconde partie de notre trilogie transylvanienne. La première partie était au sujet de la nature, la seconde sur les humains et la tradition. Elle basée sur l’atmosphère. Il y a quelques chansons très atmosphériques. Normalement, le troisième album sera le plus atmosphérique, mais nous n’avons pas encore décidé les détails. On n’a pas encore décidé.
Thomas : Avez –vous un autre projet en cours ? Je ne parle pas de la conclusion de la trilogie.
Negru: Oui, la sortie de la troisième partie est prévue en 2018. On a déjà quelques morceaux de prêts. Mais on a encore plein d’idées. Avoir des idées pour le groupe n’est jamais un problème, on doit juste finir ce qu’on est en train de faire, sinon tout serait plus difficile.
Lionel : Le chemin est ouvert.
Negru: Oui.
Lionel : J’ai une « mauvaise » question. Nous savons que vous possédez le nom de Negură Bunget, mais qu’en est-il de vos anciens amis ?
Negru: Cette année, avec les vingt ans du groupe, on s’est rassemblé et on a joué quelques morceaux ensemble.
Lionel : La guerre est finie maintenant ?
Negru: Il n’y a jamais eu de vrais problèmes.
Lionel : Est-ce difficile d’être un manager alors que vous êtes batteur ?
Negru: Non, beaucoup de choses sont difficiles de toute manière.
Lionel : Je ne sais pas si tu te souviens, mais il y a une dizaine d’années, en France c’était très difficile de dire « je veux faire jouer Negură Bunget » car votre nom était associé au nationalisme.
Negru: Nous avions des problèmes avec quelques rumeurs, mais nous n’étions pas impliqués dans tout cela. Ce n’était que des rumeurs. Dans l’ensemble, ce n’était pas un problème, ce n’était que quelques rumeurs et c’est tout. On a joué plus de dix fois en France depuis. Nous sommes liés à la nature, et non à la politique.
Lionel : Quels groupes suivez-vous ? Vous appréciez des groupes d’autres pays, de Russie, de Slovénie ? Vous êtes une légende maintenant, vous êtes des anciens, maintenant, vous avez forcément des choses à dire sur des nouveaux groupes…(rires)
Negru: J’espère ne pas être trop vieux…
Lionel : Je suis plus vieux que vous, je suis sûr. (rires)
Negru: Oui, j’écoute pas mal de groupes, pas forcément que dans le metal ou le black metal. J’aime bien Irfan, de Bulgarie, ils font des reprises de Dead Can Dance, The Moon and the Nightspirit d’Hongrie, et aussi quelques groupes polonais, il y en a tellement ! (NDL: Il nous cite également le nom d'un groupe bulgare, dans sa langue d'origine, que nous n'avons pas pu traduire)
Thomas : Vous dites êtres très proche de la nature, comment pouvez-vous combiner cela avec la vie sur la route ?
Negru: Ca dépend des gens. On a deux personnes qui deviennent dingue s’ils ne rentrent pas chez eux, mais si on était chez nous, on ne ferait rien du tout, on essaie donc de combiner tout cela. On fait des longues tournées, mais chacun a sa propre façon de gérer, tant que ça convient à tout le monde.
Thomas : On arrive à notre dernière question, que je pose à chaque groupe, lors de chaque interview…
Lionel : Aimez-vous Iron Maiden ? (rires)
Thomas : Oui, aimez-vous… Non, ce n’est pas ça du tout. (rires) En 2016, pour vous, maintenant, pouvez-vous définir votre groupe en un mot ?
Negru: En un mot… Je pense « évoluant ». On change car faire la même chose n’est pas bien. Evoluant.
Thomas : Vous êtes le premier à répondre cela, malgré les dizaines de réponses diverses que j'ai pu recevoir ! Avez-vous un message pour vos fans français ?
Negru: On a joué pas mal de fois en France ces dernières années, et on a toujours été bien accueilli, c’est toujours agréable d’être ici et on espère que vous serez là bientôt, demain on va à Bordeaux...
LGR : Merci !
Thomas Orlanth & Lionel / Born 666
Photos: © 2016 Thomas Orlanth - site internet avec les galeries complètes du concert: www.thomasorlanth.com
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