DispersE est un groupe de metal progressif aux influences tirées vers les seventies, mais avec un son très moderne. On y retrouve une atmosphère digne des Pink Floyd, une dextérité que Dream Theater pourrait bien leur envier, et une magie de composition qui leur est propre. Il n'y aura pas à discuter sur le sujet : Foreword est un pas de géant des Polonais, à croire qu'ils ont été touchés par la grâce !
Petit à petit depuis plusieurs mois, DispersE nous fait le plaisir de lâcher avec délicatesse des titres de leur prochain opus à paraître le 24 février : Foreword. Il s'agit de leur troisième album, mais cette fois-ci, les Polonais jouent la carte de la subtilité, du raffinement.
Dès l'écoute de "Stay", premier titre de l'opus, on y retrouve tout le talent qui leur est acquis. On nous l'offre sur un plateau mélangeant la voix claire de RafaŠ‚ Biernacki, le chanteur, aux solos somptueux (et pardonnez-moi, car le terme est faible) de Jakub Š»ytecki, le guitariste. Pendant ce temps, Mike Malyan (batterie) se balade, enchaînant comme il l'entend les ghost notes, le tout se mariant parfaitement à l'ambiance général de "Stay". Reprenez votre respiration, le morceau ne dure que 4:48. Le meilleur vous attend.
Les génies qui forment le combo nous ont réservé une pépite avec ce nouvel effort en ne regardant pas la durée, ne lésinant pas sur les effets acoustiques, s'aidant parfois de beats électroniques apportant une touche très moderne (on le disait plus haut) à l'ensemble de Foreword.
"Surrender", le titre qui suit, laisse entrevoir une partie de leur nouveau potentiel. Ils adaptent leur musique et leurs mélodies en continu, nous laissant dans l'ombre quant à leur "style". C'est très électrique, pointu, mais tellement travaillé. On ne peut arriver à un tel résultat sans effort. L'harmonie entre Jakub et Mike est très prenante. On s'attend toujours à ce qu'ils nous impressionnent au fil de notre écoute, qu'ils nous surprennent par un nouveau petit plan bien pensé, et bien placé.
La note se repose avec l'énormissime "Does it Matter How Far". Ce morceau délivre toute la grandeur du talent des Polonais, et la mise à contribution d'éléments électroniques sonne comme un fil rouge conducteur autour duquel viennent se greffer les instruments des musiciens de la bande.
Tout ici est onirique, jusqu'à la dernière intervention de Rafal, une conclusion de plus de neuf minutes d'envolées rythmiques et de riffs, solos et autres accords toujours plus mélodieux servis d'une main de maître par Jakub.
Le titre éponyme, "Foreword", peut quant à lui surprendre par sa durée (à peine 1:30). Pourtant, il s'en dégage tellement d'émotion, de talent, avec des décalages de rythme du batteur Mike, que l'on s'en voudrait de passer à côté. Il est à noter que le combo s'en est servi comme intro lors de leurs shows l'année passée, et que cette place lui sied très bien.
Certains passages de basse, joués encore une fois avec excellence par Bartosz Wilk donne à l'opus un brin de jazz, de souplesse. Même si son travail sur cette oeuvre est imbriqué dans un tout se réclamant plus du metal progressif, de nombreux passages laissent nos oreilles profiter de la mélancolie de moments plus soft, où l'on se surprend, encore une fois, à se demander quelles vont être les mélodies qui vont suivre.
Les changements perpétuels de sonorité sur cet album en font sa force et son identité. Oui, nous tenons là l'une des pépites de cette année 2017 ! Le travail de création, de composition et d'enregistrement de DispersE ne laissera personne indifférent. La plus grande satisfaction après l'écoute de cet album, c'est de ne pas en avoir perdu une miette, de ne pas se souvenir d'un passage un peu plus ennuyeux, non.
Foreword est réussi, et c'est à DispersE qu'on le doit. Merci messieurs !
Sortie le 24 février 2017 chez Season Of Mist.
