"A la recherche de la découverte de la quête pour trouver le Saint Grind, là-bas loin sur la montagne des musiques, il y a ETHMEBB…"
De temps en temps, un ovni atterrit sur ma platine numérique. ETHMEBB fait partie de ces étrangetés que j’affectionne particulièrement. L’ouverture nous annonce une production épique, un peu comme un Seigneur des Anneaux ou un Conan arrivant au loin. La petite subtilité est que le morceau d’introduction, instrumental, se nomme « Tathor, l’Echalote de ses Morts ».
Rien que ces quelques phrases posent bien le cas d’ETHMEBB. A priori, c’est du n’importe quoi inclassable. A posteri, c’est du n’importe quoi structuré de manière chaotiquement sublime.
Musicalement, il y a certes du gros riff qui pète, du growl, mais aussi des instruments folk comme le shamisen, des passages en voix claires, des accélérations dignes d’un power/speed metal épique, des éléments électros voire discos ou encore des soli de guitar hero version heavy metal à cheveux secoués. En fait, on pourrait qualifier l’ensemble de death épileptique progressif.
Le groupe joue d’ailleurs avec cette image impossible, ne serait-ce qu’à travers le titre de l’album : La Quête du Saint Grind ou son clip de promotion (que je vous conseille d’ailleurs de regarder jusqu’au bout). Derrière une imagerie sans doute grind dans l’esprit, se cache une musique élaborée et de qualité, avec arpèges, pentatonique et growls.
Au niveau des textes, nous ne citerons qu’un exemple, car sinon il faudrait mettre l’intégralité de la pochette. Citons donc un passage du titre « Orlango Blum », qui est basé sur un death metal mélodique digne des plus grands :
"Cette nuit il fut réveillé
Par des abrutis
Qui ont écrit sur son visage
Il était pas content
Il leur dit sur un ton vraiment méchant :
Ton stylo j'te l'pète en deux
J'te pète, j'te louffe"
En fait, le côté grind transparait donc bien dans les paroles, clairement placées dans la caricature volontaire. Et cela montre bien que ce n’est pas là l’essentiel pour le groupe, mais que c’est bien la musique qui compte avant tout. A moins que cela ne soit le contraire évidemment.
L’album fait partie de ces productions qu’il faut écouter à maintes reprises pour en avoir le cœur net. Est-ce qu’il ne s’agit que d’une tentative avortée d’originalité ou bien quelque chose se cache-t-il derrière, au cœur de la forêt, au sommet de la montagne enneigée, là où peut-être se trouve le fameux Saint Grind de la légende ? J’avoue avoir mis plusieurs semaines pour bien tout assimiler.
Il faut avouer que le mélange peut paraître surprenant. Prenez un Rhapsody of Fire, ajoutez-y un zeste d’Insomnium, une pincée de Vaginal Cassoulet, mélangez le tout avec un peu de Kreator, remuez bien avec Grave Digger, n’oubliez pas de saupoudrez avec Alestorm. Et jetez le tout, parce que non, ce n’est pas vraiment ça non plus le goût subtil d’ETHMEBB.
Mais en recommençant une centaine de fois, avec un peu de chance, vous comprendrez la recette.
En fait, j’ai fini par penser que si les musiciens étaient normaux, ils feraient probablement un truc classique qui se vendrait bien, qui attirerait les jeunes adolescentes dans les concerts. Pas de bol, vu comme c’est parti dans leurs têtes, ils vont être réduits à chanter "GPS (Gobelin Par Satellite)" toute leur vie en faisant la manche:
"Vas-y j'suis mal luné
Ça fait longtemps que j'ai pas baisé alors
Aide moi ou LA LA LA LA LA"
Pour un premier album, La Quête du Saint Grind vaut franchement le détour. Evidemment, on peut ne pas accrocher à ce mélange étrange, on peut trouver le tout trop mélodieux au final, mais on peut surtout applaudir des deux mains pour ce quelque chose d’original, et en 2017, après l'invention du la guitare électrique, c'est devenu bien rare !
Bravo les gars, bonne chance dans la vie, mais continuez comme ça !
La Quête du Saint Grind, sorti le 13 janvier 2017 chez Dooweet Records.
Playlist :
Tathor, l’Echalote des Morts (3 :04)
Lost My Grind (5 :09)
Orlango Blum (6 :40)
GPS : Gobelin Par Satellite (8 :06)
A la recherche de la découverte de la quête pour trouver le Saint Grind (9 :55)
Pirates of the Caribou (10 :02)
Bruce Lee mena l’Amour (17 :02, en comptant la piste bonus « cachée »)
Total : 59 minutes et 58 secondes.
Thomas Orlanth