Voilà presque 20 ans qu’Hetroertzen fait son trou dans le petit monde du black metal orthodoxe. Créé au Chili puis délocalisé en Suède, la trajectoire du combo est tout sauf banale et il nous avait bien surpris il y a trois ans en sortant l’excellent Ain Soph Aur, pourtant passé relativement inaperçu. Depuis, les temps ont changé et le black orthodoxe a le vent en poupe grâce aux gros succès de Batushka et Mgla. Un exemple de la route à emprunter pour Hetroertzen ?
Avec un artwork simplifié et une signature chez Listenable Records, on aurait pu avoir peur que les Suédo-chiliens trahissent leur style. C’est le contraire qui s’est produit puisqu’on assiste plutôt à un retour aux sources vers le son plus cru d’Exaltation of Wisdom sorti en 2010. Les inspirations cosmiques et atmosphériques ont disparu et on retourne donc à un black metal plus terre à terre, à écouter dans une chambre sombre simplement éclairée par quelques cierges.
Tout cela pourrait nous annoncer un album comme en sortent 90% des groupes de la scène, mais heureusement pour lui, Hetroertzen possède sa propre identité et ne tarde pas à le démontrer dès l’entame de ces huit nouveaux titres. Sur le morceau d’ouverture on est accueilli par un chant déconcertant, volontairement partagé entre mélodie et growl black metal pour un résultat en forme de pétard mouillé. De là à ce que des petits malins qualifient le groupe de « Sabaton du black metal », il n’y a qu’un pas et force est de constater que la ressemblance vocale est parfois troublante.
En dehors de cela, les riffs ne se démarquent pas particulièrement des autres formations du genre, en restant tout de même bien inspirés. L’intérêt principal de la musique d’Hetroertzen, ce sont ces changements de rythmes et ces passages imprévisibles que l’on retrouve à plusieurs reprises sur le disque. Sur « Zealous Procreation » ou « The Trial », les Chiliens arrivent à nous surprendre en enchaînant des parties étonnamment rock n’ roll se rapprochant d’un Taake dans l’esprit. Dans cette dernière, le riff de basse enchaîné avec le solo est à faire dresser les cheveux sur la tête, surtout lorsqu’il est toujours soutenu par cette rythmique diabolique caractéristique du black. Sans conteste l’un des meilleurs titres de l’album.
La production lo-fi ne brille pas non plus particulièrement, si bien qu’il est difficile de s’immerger dans cette nouvelle sortie sans avoir un matériel audio décent. Dommage car de manière générale, la basse est bien mise en avant sur les huit titres, en apportant souvent un petit supplément d’âme qui manque à pas mal de formations du genre. Les Chiliens nous sortent des titres séduisants comme « Lost And Betrayed » ou « The Path », rien cependant d’aussi bon qu’un « The Luminous One » par exemple. En gros, même si rien n’est mauvais, le tout est un peu passe-partout, défaut rédhibitoire dans la scène actuelle, submergée de nouveaux groupes.
Sans être une horreur, cet Uprising The Fallen reste un ton en dessous par rapport aux précédentes sorties de Hetroertzen. En choisissant d’offrir un ensemble plus sombre et monolithique, les Chiliens ont aussi perdu ce qui donnait de l’attrait à leur black metal orthodoxe. Le groupe en lui-même reste une valeur sûre de l’underground et on ne peut que chaudement vous recommander de vous y intéresser si ce n’est pas déjà fait.