Sonata Arctica – Stones Grow Her Name

Sonata Arctica : la plume est toujours aiguisée
 

Cinq ans après avoir fait un virage dans sa carrière, le groupe de Tony Kakko poursuit son chemin avec Stones Grow Her Name. Le septième album du groupe, plus heavy, mais toujours aussi fin et travaillé, montre que leur leader n’a pas perdu de son talent d’écriture et qu’il est toujours capable d’enfermer son univers fou et quelque peu torturé dans sa musique. Une réussite de plus pour un groupe qui utilise librement les codes établis dans le metal.

Qu’est-ce que le bon songwriting dans le metal ? Suffit-il d’aligner de bons riffs les uns après les autres pour faire une chanson de qualité ? A partir de combien de notes un musicien part-il dans l’esbroufe et ne sert plus la composition ? Certains musiciens ont la réponse à cette question. Tony Kakko, chanteur et principal compositeur de Sonata Arctica, montre qu’il en fait partie avec le tout dernier album de son groupe, Stones Grow Her Name.

L’intelligence d’écriture traverse l’album, et transforme n’importe quelle sucrerie mélodique en fine trouvaille accrocheuse. Dans un premier temps, il faut la matière. La mélodie est l’attrait principal du groupe. Des titres comme "Only The Broken Hearts (Make You Beautiful)" ou encore "I Have A Right" montrent l’exemple en étant basés sur des thèmes délicieusement immédiats.

Groupe de metal oblige, Sonata Arctica se doit d’avoir dans sa besace des riffs bien aiguisés pour envoyer la purée. Si l’album précédent, The Days Of Grays, mettait de côté l’agressivité, les loups finlandais ont décidés de ressortir les crocs, avec les sulfureux "Somewhere Close To You" et "Shitload O’Money", qui font taper du pied et hocher la tête à grand coups de rythmiques efficaces.

Si ces éléments sont indispensables pour des titres de qualité, ils sont néanmoins insuffisants pour un album de la trempe de Stones Grow Her Name. Il faut un liant, de la cohérence entre les parties des différents titres. C’est là que Tony Kakko montre l’étendue de son talent d’écriture, en plus de ses qualités d’interprète. Le compositeur arrive à articuler les différentes parties de chaque titre pour qu’ils restent riches et fluides à la fois. On se retrouve alors avec des titres qui regorgent de trouvailles et de changements rythmiques, en ne dépassant presque jamais les cinq minutes au compteur.

Presque, car l’exception est faite dans l’ambitieux duo de chansons en bout d’album. Il s’agit de la suite du titre "Wildfire", présent sur l'album Reckoning Night. Ici décliné en deux parties de huit minutes chacune, cette ambitieuse suite affiche un patchwork d’idées, qui, malheureusement, ne sont pas organisées de manière aussi heureuse que sur le reste de l’album. Si cette doublette n’est pas honteuse, elle requiert néanmoins un regain d’attention de l’auditeur pour suivre cet ensemble peu accessible malgré la qualité de la matière présentée.

La touche finale qui met définitivement Sonata Arctica à part dans la scène metal mélodique, c’est la multiplicité des influences. Si l’amour que porte Tony Kakko pour Queen se voit moins sur cet album, les influences pop sont toujours présentes, notamment sur des titres comme "Alone In Heaven" où le groupe arrive à adoucir son metal. Une autre curiosité innovante est l’inclusion d’ambiances western dans les titres "Cinderblox" et "Wild Fire II : One With The Mountains", en faisant dialoguer section rythmique typiquement metal avec des violons et des guitares folk, donnant un mélange inattendu et terriblement accrocheur.

Sonata Arctica
 

On remarque que les rôles sont plus équilibrés que sur le disque précédent, avec un Elias Viljanen qui s’affirme plus en offrant plus de solos de guitare, donnant lieu à de savoureux duels avec le clavier Henrik Klingenberg. Devant le regain d’agressivité de certaines compositions, le chanteur Tony Kakko adapte son timbre et montre l’étendue de ses possibilités, en larmoyant sue "Don’t Be Mean" ou en hurlant sur "Wildfire III : Wild Town Population 0".

Regardant toujours vers l’avant, Sonata Arctica assume son évolution comme ses multiples influences, et n’est pas mécontent de délaisser le speed mélodique façon Stratovarius de ses débuts au profit d’un metal plus personnel. Le groupe avance et évolue, en gagnant en maturité et en finesse d’écriture, des qualités qui correspondent aux grands. 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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