Quatre groupes et trois continents différents, voila ce que nous offre cette tournée, plutôt lourde, il faut l'avouer. On a commencé la soirée avec les deux groupes en provenance d'Australie que sont Void of Vision et Make Them Suffer avant que nos Frenchies de Betraying The Martyrs mettent tout le monde d'accord avant de passer aux Américains de Chelsea Grin (haut du panier en ce qui concerne le deathcore) en guise de dessert. Retour sur une soirée organisée par The Link Productions, qui aura réussi à faire tanguer le Petit Bain, porté par l'énergie d'un public en grande forme !
VOID OF VISION
C'est avec un groupe un peu à part sur la programmation que l'on commence cette soirée puisque Void Of Vision nous propose une musique à l'écart du deathcore des trois autres groupes qui fouleront la scène du Petit Bain. Avec son hardcore qui nous rappelle parfois Stray From The Path, le jeune combo australien va réussir à faire se défouler une fosse qui, au début ne connaissait pour 95%, absolument rien à la musique du quintet.
Vêtu d'une maillot de baseball avec le mot "VOID" sur le devant, les membres de Void Of Vision prennent d'assaut la scène et nous envoient dans la face les gros tubes de leur tout premier opus Children of Chrome. C'est notamment le cas avec "Ctrl Freak" et son énorme coup de pied dans la face des gens qui passent plus de temps à critiquer l'art des autres plutôt qu'à parler de ce qu'ils aiment, "//" (qui est à la base un duo avec Drew York de Stray From The Path) ou encore "Nightmare".
Mené de front par Jack Bergin (chant), Void of Vision nous prouve encore une fois que l'Australie est sur un petit nuage ces dernières années en ce qui concerne la qualité des nouveaux groupes. C'est carré mais fun, pro mais un peu fou, en bref une véritable réussite.
Setlist:
//
Blacklist
Ctrl Freak
Nightmare
In Black & White
Purge
MAKE THEM SUFFER
On reste en Australie pour la suite mais on rentre plus dans les clous puisque Make Them Suffer évolue dans le monde du deathcore. Première surprise lors des balances, ce n'est pas la même claviériste que lors du Never Say Die (qui n'était pas non plus la claviériste officielle) et la petite nouvelle semble toute intimidée par le public qui l'écoute pousser la chansonnette pour régler son micro. Le clavier tenant une part très importante dans la musique du combo - même si celui-ci est ultra simpliste - on espère en tout cas avoir une meilleure prestation que celle un peu ratée du festival en novembre dernier.
C'est sur le tube "Widower" que les Australiens prennent possession de la scène et déjà c'est un son bien plus précis qui s'offre à nous mettant en avant les capacités vocales incroyable de Sean Harmanis, assurément l'un des chanteurs les plus doués du style. La petite nouvelle derrière le clavier assure bien mieux que sa prédécesseur même si son attitude nous laissera quelque peu perplexe. Un moyen de cacher sa timidité ? Au clavier et au chant, du moins sur les quelques vocalises et phrases qu'elle aura a chantée, c'est assez précis mais ça manque de charisme et d'envie par rapport à Louisa Burton.
La prestation est meilleure qu'au Trabendo, bien aidé par un son plus concis qui permet de mettre en valeur les riffs sacadés et la base rythmique virevoltante. De "Let Me In" à "Ether" puis "Blood Moon" pour terminer, Make Them Suffer nous offre un bel aperçu de sa discographie et surtout de son propre son si unique. On espère voir arriver en 2017 le successeur de Old Souls et une tournée avec plus de trente minutes de temps se profiler à l'horizon.
Setlist:
Widower
Fake
Elegies
Let Me In
Ether
Blood Moon
BETRAYING THE MARTYRS
On change de registre avec le groupe suivant puisque vient l'heure des locaux de l'étape avec Betraying The Martyrs, première partie de luxe de cette tournée, qui sont venus nous présenter leur petit dernier bijou : The Resilient.
Dès les premières notes de "Lost for Words", c'est absolument n'importe quoi dans la fosse. Le public est déchainé et se nourrit de la formidable énergie développée sur scène par le combo parisien. Victor Guillet (claviers/chant) alterne entre son clavier portatif et celui plus imposant, se promenant de droite à gauche de la scène et agit en véritable électron libre tandis que Aaron Matts (chant) nous délivre ses growls de manière quasi parfaite tout en adoptant sa gestuelle de scène si reconnaissable. On est baladé de droite à gauche de la scène et on plaint les quelques photographes qui se sont aventurés vers les premiers rangs pour prendre des clichés tant personne n'est à l'abri d'un coup mal placé. Jamais Paris n'avait été aussi à fond devant BTM et quand on compare avec la Maroquinerie de février 2015, c'est le jour et la nuit.
Les nouvelles compositions cassent complètement la baraque et démontrent que cet opus est un tournant dans la carrière du groupe, un album qui va les faire monter vers d'autres cieux et devenir les chefs de file d'un style. Gros coup de coeur pour "Unregistered" qui a un potentiel tubesque incroyable tandis que l'on espère entendre un jour deux pépites de The Resilient en "Dying To Live" et "(Dis)connected".
Sur cette tournée, Betraying The Martyrs nous offre un joli retour sur son tout premier opus avec notamment les deux pépites que sont "Man Made Disaster" et "Because Of You" qui n'ont absolument pas pris une ride à l'inverse au final des titres de Phantom qui sont un poil trop fouillis - et on en parlait avec le groupe en janvier lors de notre longue interview - et n'ont pas le même potentiel que les tous nouveaux morceaux.
Remplaçant de Mark Mironov derrière les fûts, Boris Le Gal est impressionnant de maîtrise et de technique, pas étonnant que le sieur soit demandé par des groupes à la grande renommée comme Periphery pour assurer des remplacements. Pour le trio aux guitares et à la basse, pas d'immobilisme mais une folle énergie à revendre. Entre le sourire de Baptiste Vaugier, l'application de Lucas D'Angelo et la posture imposante de Valentin Hauser, chacun apporte sa pierre à l'édifice.
C'est sur "Life Is Precious" que Betraying The Martyrs quitte la scène et c'est un public sonné par la qualité de la prestation qui attend maintenant Chelsea Grin.
Setlist:
Lost for Words
Man Made Disaster
Wide Awake
The Great Disillusion
Where the World Ends
Liberate Me Ex Inferis
Because of You
Unregistered
Life Is Precious
CHELSEA GRIN
On passe de l'autre côté de l'Atlantique pour le dernier groupe de la soirée et plus précisément dans l'état des mormons puisque Chelsea Grin nous vient de l'Utah. Formé en 2017, le combo fête donc ses dix ans et a réussi à s'imposer comme un cador du genre dont le succès n'est plus à démontrer. Mené par Alex Koehler, Chelsea Grin est un groupe dont le deathcore ne révolutionne rien mais sait être efficace et éviter la facilité, bien aidé par la présence du batteur Pablo Viveros qui pousse aussi la chansonnette.
En pleine tournée promotionnelle pour leur dernier opus, Self Inflicted, ayant vu le jour dans le courant de 2016, Chelsea Grin met ce dernier très fortement en avant avec sept des quatorze morceaux. Les trois premiers titres nous mettent directement dans le bain et c'est face à une prestation carrée que nous avons le droit d'ailleurs. En se reculant vers le fond de la salle, on se rend compte que le son est impeccable, chose très rare dans le style. Chaque instrument s'entend parfaitement sans en avoir un qui prend le pas sur les autres et les deux vocalistes sont mis au coeur du mix pour le plus grand plaisir des fans du genre.
Le véritable problème avec Chelsea Grin en live c'est l'immobilisme des musiciens qui tranche beaucoup trop avec le grain de folie amenée avec Betraying The Martyrs juste auparavant. Alors oui c'est très bien joué et on retrouve le talent que l'on entend sur le CD mais cela manque cruellement de relief et tout simplement d'âme. On donnera par contre un immense bon point à Pablo Viveros car le batteur en plus de ne pas s'économiser sur sa batterie nous offre une prestation vocale de haute volée. Ce dernier donne la réponse à Alex Koehler et arrive même à nous passionner d'avantage que le frontman et âme du groupe.
Malgré ce bémol sur l'intérêt live de Chelsea Grin, on ne crachera cependant pas sur la musique du groupe. Entre les pépites de Self Inflicted comme "Skin Deep" ou "American Dreams" et les grands classiques - "The Foolish One" et son scream absolument fou en première ligne - le temps passe vite et on passe au final un bon moment devant les Américains.
Setlist:
Skin Deep
Clickbait
Strung Out
Playing With Fire
Angels Shall Sin, Demons Shall Pray
Four Horsemen
American Dream
The Foolish One
My Damnation
Never, Forever
Scratching And Screaming
Broken Bonds
Encore:
Cheyne Stokes
Recreant