Actifs depuis 2013, les Italiens d’Atlas Pain sortent en cette fin d’hiver leur premier album : What The Oak Left. Bien qu’ayant connu des débuts pas très joyeux, les quatre musiciens délivrent ici une œuvre travaillée, jouissive et épique à souhait. Dans une cour où s’affrontent déjà bien des grands noms, Atlas Pain pourrait bien faire son (gros) trou et satisfaire l’appétit vorace des ayatollahs du folk/pagan, et pour cause : cette première production est une réussite totale.
Tout n’était pas gagné pour les musiciens d’Atlas Pain. C’est en effet fin 2015 que sortait leur premier EP, Behind The Front Page. Une énorme bouse qui renvoyait les Italiens à une copie low coast de chez low coast d’Ensiferum, Equilibrium et autres Finntroll. Malgré ses nombreux handicaps techniques et musicaux, ce premier jet avait au moins un mérite : celui d’offrir de temps à autres quelques passages épiques plutôt accrocheurs.
Bonne nouvelle : un guitariste et (on imagine) un bon gros temps de réflexion plus tard, le groupe capitalise à fond sur cet aspect épique et livre donc un premier album dont l’ambiance s’axe autour de l’aventure, des contes, des mythes… De l’heroic-fantasy, en somme. On note tout de même un soupçon de steampunk dans « l’apparence » de la bande.
C’est donc avec onirisme et frissons que commence ce What The Oak Left avec une introduction très sympathique intitulée « The Time and the Muse ». Une mise en bouche progressive précédent une très grosse tornade nommée « To The Moon ». D’entrée, on sent cette patte « catchy » et les premiers accords ressemblent méchamment à du Dimmu Borgir. La comparaison s’arrête dès l’arrivée de claviers et d’un solo totalement euphorique. Les signes ne trompent pas : on écarquille les yeux, on ramasse sa bouche tombée au sol, on veut oublier ce sourire niais, les poils se hérissent… Putain c’est épique de chez épique et violemment bon.
Rapidement, la voix de Samuele Fosili (assurant également la guitare et les claviers) rappelle quelques chanteurs chers à cette ambiance, des chanteurs tels que Vreth (Finntroll) ou Jari Mäenpää (Wintersun). On apprécie également le jeu de batterie bien véloce de Riccardo Floridia parfois comparable, mais sûrement pas égale, à celui de Francesco Paoli (Fleshgod Apocalypse).
Ce qu’il y a d’agréable, c’est que Atlas Pain fait partie de ces formations qui ne nécessitent pas une technicité extrême pour être appréciées, seulement une certaine intelligence et une bonne cohérence dans l’écriture de leurs morceaux. Et sur ce tableau là, les Italiens l’emportent avec brio. Il n’y a qu’à jeter une oreille attentive sur la petite merveille « Till The Dawn Comes » où une introduction épurée et captivante (que ne rechigneraient pas quelques compositeurs de cinéma comme Howard Shore ou le célèbre Hans Zimmer) précédent une déferlante d’énergie et d’efficacité proprement grisante. Il est également question d’efficacité dans la très simple et pourtant si accrocheuse « Me Counter Dance », que les amateurs d’Ensiferum ne pourront ignorer. Et que dire de ce solo à mourir de rire et de plaisir ? Autre piste à souligner : « Annwn’s Gate ». Véritable ode à l’imaginaire et au voyage.
Futé, Atlas Pain garde le meilleur pour la fin et c’est une suite instrumentale de 11 minutes 30, « White Overcast » qui vient, tel un générique, emmener une dernière fois l’auditeur dans ce monde génial et réconfortant. Car oui, bien que parfois très violente, la musique du quartet délivre un message on ne peut plus positif, tentant de réveiller le héro qui sommeil dans l’auditeur et lui apporter un grosse dose de plaisir, tout simplement.
Du côté de la prod, c’est un travail minutieux qui a été opéré en studio car le son est excellent. Probablement l’une des plus grandes craintes liées au genre : les claviers et les samples ne sont en aucun cas mis en avant au détriment des autres instruments. Et l’on apprécie donc pleinement les superbes soli de Fabrizio Tartarini et les lignes de basses de Louie Raphael. En somme, il n’y a pas besoin d’être un ingénieur du son confirmé pour comprendre que cet album a bénéficié d’une attention toute particulière lors de son mixage.
What The Oak Left n’est pas un album à mettre entre toutes les mains, non. Il est à réserver aux rêveurs, aux fêtards, aux joueurs, aux lecteurs, à ceux qui détestent se prendre la tête, à ceux qui voient la musique comme un exutoire et un moyen de s’évader. Et d’un point de vue plus global, il représente un premier album parfait piochant par-ci par-là dans ce que le mouvement folk/epic offre de mieux, avec une production soignée, des musiciens investis faisant preuve d’une bonne volonté et d’une envie de faire plaisir plus qu’évidentes.
Dans un monde où les ténors du genre, cités tout au long de cette chronique, tiennent leur forteresse avec fierté, Atlas Pain vient de construire un petit bastion prometteur et What The Oak Left en est son plus beau chevalier.