"Si chaque titre pris individuellement est très solide dans la forme comme dans le fond, délivrant une quantité phénoménale de décibels et une violence adaptée aux textes proposés, la formule se répète trop pour éviter les redites sur la durée de l’album."
Un enregistrement de confrontation militaire en guise d’introduction, quand ce n’est pas un discours de chef d’armée, puis un début de rythmique sur la batterie pour donner le tempo, et c’est parti pour un moment bien énervé. C’est ainsi que commencent généralement les titres de ce Destroyer Of Mankind, nouvel album du groupe de death metal américain Invasion. Comme son nom l’indique, la formation puise son inspiration dans la violence des guerres, ici en particulier de la Seconde Guerre Mondiale, et cela se ressent dans l’énergie et la puissance que dégagent les neuf titres de l’album. Chaque piste est une excellente invitation à secouer la nuque et délivre les blasts beats jusqu'à”‹ l'indigestion, associés aux riffs acérés d’une efficacité redoutable.
Un peu plus de trois quarts d’heure de rage, ça fait du bien, surtout lorsque l'expérience des membres parle. Les rythmiques sont très addictives et parviennent à rendre chaque titre plaisant malgré le manque de diversité entre eux. L’énergie que dégage le death metal militariste du combo rappelle même par moments le thrash à la Slayer, le growl puissant de Peter Clemens en plus, tranchant avec la virtuosité affichée de la majorité des soli de guitare, qui sont autant de rares moment d’extase avant le retour à la réalité âpre et crue du combat, représentée ici par la vitesse et la violence des riffs. La réorganisation du line-up relativement récente (et le passage de Peter à la basse) n'a pas été précipitée, à en juger le respect de la formule, qui n'a pas bougé d'un iota, et le jeu des guitaristes John Hehman et Ralphael Hernandez, parfaitement adapté.
Avec un sujet historique aussi vaste et riche que celui que développe Destroyer Of Mankind, il est logique d’y retrouver des textes variés. Pas de surprise de ce côté là, les membres couvrent les différentes scènes du conflit mondial, et proposent de revivre alternativement la violence du débarquement en Normandie et de la bataille contre le IIIe Reich sur le front européen (“Dying On The Beaches Of Normandy” ou encore “A Satisfying Death”) ou l'horreur de la guerre du Pacifique contre l’empire du Japon, avec le très recommandable “Approaching Cauldron Of Horror”, ou les très lourds “Shores Of Betio Island” et “The Divine Wind”.
Si chaque titre pris individuellement est très solide dans la forme comme dans le fond, délivrant une quantité phénoménale de décibels et une violence adaptée aux textes proposés, la formule se répète trop pour éviter les redites sur la durée de l’album. Plus encore, l'effort énorme consenti sur la production, beaucoup plus propre mais aussi plus écrasante qu'avant, accentue encore le caractère froid et fataliste du thème. Enfin, le concept de l'album lasse également l’auditeur à la longue, celui-ci finissant dans un état transitoire, entre l’indifférence et le désintérêt. Dommage, mais on peut tout de même reconnaître au groupe une certaine clairvoyance dans la limitation de la durée de Destroyer Of Mankind. Une piste en plus aurait vraiment été de trop, même si l'écriture avait suivi.
Dans le milieu death metal, il y a un thème utilisé particulièrement souvent et qui s’avère généralement très efficace : c’est celui de la guerre. Les membres d’Invasion le savent très bien et fournissent sur Destroyer of Mankind un ensemble de compositions pleines d’énergie et sans fioritures, pour former au final un album très homogène, trop homogène même. C'est finalement le vrai défaut qu'on peut reprocher au dernier poulain d'Invasion. Les titres sont trop semblables et même la qualité des soli ne parvient pas totalement à maintenir l’intérêt sur l’ensemble de l’album. On préfèrera nettement en faire une sélection des titres les plus puissants et les placer dans une playlist au milieu d'autres groupes.
Sortie le 17 Février 2017 chez Abyss Records