In Flames à  l’Alhambra (29.03.2017)

Dans la vie y a deux types de fans : ceux qui veulent absolument TOUT savoir sur leurs groupes fétiches et qui se renseignent sur les setlist de la tournée actuelle, et puis il y a ceux qui aiment être surpris. C’est dans cette dernière optique que La Grosse Radio (ainsi qu’une bonne majorité du public probablement) s’est rendue au concert d’In Flames donné à l’Alhambra de Paris. Intitulé « In Our Room Tour », cette tournée porte son nom à merveille. Car c’est en effet chez eux que les cinq musiciens accueillent leur public ce soir. Récit d’une soirée pas comme les autres sur fond de plaisir et de sincérité.

C’est donc à l’Alhambra qu’In Flames va se produire ce soir. Une salle dotée d’une capacité d’accueil assez modeste lorsque l’on sait à quel point les Suédois peuvent rameuter. Le concert est complet cela dit. C’est aux alentours de 19h15, alors que les portes viennent de s’ouvrir, que l’on découvre la scène sur laquelle va se jouer le concert de ce soir : un pièce. Une pièce décorée et meublée, avec un canapé, un petit cerisier japonais, un frigo avec des bières, une table basse, des objets exotiques décoratifs, un poster de Bon Jovi... La batterie, située à l’extrême gauche de la scène, fait presque tâche dans ce que l’on croirait être un loft. Mais qu’est ce que prépare In Flames ?

Dans le canapé en cuir se trouve un homme, casquette vissée sur la tête, sirotant bière sur bière et tripotant son ordinateur. C’est un DJ qui propose un set électro plutôt sympa dans lequel on retrouve notamment du Massive Attack et dans lequel un petit « He Is » de Ghost vient se glisser. Après avoir un peu chambré le public avec ses binouzes, l’homme se lève et un message annonçant un entracte de 20 min se fait entendre. Oui, la première partie vient de s’achever et personne n’avait vu la chose comme ça. Impossible de savoir qui était ce DJ.

20h30, les lumières s’éteignent et ce sont bien cinq personnes qui arrivent sur scène et sous les applaudissements de l’assemblée. Deux violonistes, un violoncelliste, un contrebassiste et un peintre.  Oui, oui un peintre qui se dirige et commence à peindre sur son chevalet situé au fond à droite. Dans le même temps commence la musique. Quelle est cette première partie ?  Un tribute band ? Car ce sont bien les mélodies d’"Only for the Weak", "Fear is the Weakness", "Deliver Us" et autres standards d’In Flames que l’on entend, superbement joués par ailleurs… Et puis In Flames débarque, à sa tête Björn Gelotte, encapuchonné, lançant un regard complice à la foule et se frottant les mains… Ouais, il va se passer quelque chose.

IN FLAMES

Quatre coups de charley et c’est "Alias" qui ouvre ces deux heures de concert à venir. Casquette, lunettes et grosse barbe, Anders Fridén est en voix et l’ensemble du son est bon même s’il gagnerait actuellement à être un peu plus fort. Le public est réceptif mais l’interrogation est toujours omniprésente car les quatre cordes sont toujours derrière et accompagnent In Flames. Malheureusement on ne les entend vraiment pas. Joe Rickard et Håkan Skoger, respectivement nouveau batteur et nouveau bassiste de la formation sont bien audibles en revanche. Tous deux jouent leur instrument à merveille mais sont assez peu expressifs, surtout Håkan littéralement mono facial.

in flames

De leurs côtés, les deux guitaristes Niklas Engelin et Björn Gelotte sont à fond dans le truc et s’éclatent avec la fosse, échangeant regards moqueurs, mimiques et autre pouces levés. Une fois les deux autres titres joués ("Before I Fall" et "All For Me", qui ont un peu de mal à réveiller la fosse), arrive l’une des grosses surprises du set : "Moonshield". Titre légendaire de The Jester Race, il n’avait, aux dernières nouvelles, pas été joué depuis 2005. La réaction de la fosse est assez relative. En effet le public est assez jeune et peu de monde semble reconnaître ce qui a été pendant longtemps un standard d’In Flames. S’il est un peu triste, ce constat n’est en aucun cas péjoratif et il est agréable de voir que les Suédois ont réussi le pari de renouveler et d’étendre leur public.

in flames

Deuxième surprise jouée dans la foulée : "The Jester Dance", morceau instrumental tiré du même album. Anders se décide enfin à prendre la parole et prévient que ce soir c’est le « show le plus bizarre d’In Flames » que l’on va voir. Les échanges avec le public vont bon train et lorsqu’un fan demande « Parle en français ! », le chanteur rétorque « Mec, il me faut trois bouteilles de vin rouge pour parler français correctement ». On en sait alors plus sur ce peintre qui n’a pas quitté son chevalet et qui travaille sur ce qui semble être une interprétation personnelle de la mascotte Jesterhead. Anders explique que Marc, Canadien, fait une peinture unique tous les soirs et qu’elle sera mise en vente aux enchères et l’argent sera reversé à une œuvre caritative « donc si vous avez beaucoup d’argent... ». Une initiative qui ne manque pas d’être applaudie. Après un échange de presque 15 minutes, la fosse a faim de pogo et de slam, cela se sent. Et bien que percutant en live, les cinq premiers morceaux n’ont pas beaucoup réveillé les metalleux. Anders le sait et envoie « Je sais que vous l’avez entendu des millions de fois, mais putain on sait que vous aimez ce morceau » et ''Only for The Weak'' arrive enfin pour tout exploser.

in Flames

Après toute cette fougue, Anders invite et présente les quatre musiciens à cordes. Au même moment un technicien lui amène son portable, « C’est un message de ma maman, je vais lui dire que je suis à Paris et que tout va bien ». Dans la foulée, il appelle une jeune femme dans le public. Cette dernière s’assoie sur le canapé et se voit offrir une bière. Beaucoup réclament le même privilège ou au moins une bière. Un homme un peu trop insistant finit par se manger (sur le ton de l’humour) un « Oh, shut up bitch ». L’heure est donc à l’acoustique. Niklas et Björn prennent des guitares sèches et c’est parti pour un petit set de cinq morceaux avec notamment la sublimée "Through Oblivion" ou encore une superbe reprise de "Hurt", signée NIN. Pendant le set, la jeune femme est rejointe par son copain sur la demande d’Anders qui commentera en disant « Ce soir tout le monde veut être ton copain ».

Une bien grande surprise que ce set acoustique accompagné par le mini-orchestre, un moment, beau, intime, poignant et vraiment intéressant qui n’a sans doute pas laissé un seul coeur de marbre. On notera également l’excellent "Dawn of a New Day" en guise de dernier morceau.

In Flames

Retour à l’efficacité avec les immanquables "Cloud Connected" et "The Quiet Place" qui rendront la fosse folle à nouveau. On note également l’excellent rendu du quelque peu décrié "The End" qui fera également son petit effet dans le public. Et c’est "Wallflower'' joué avec l’intégralité des musiciens qui vient clore ce concert. Rejoints par Marc, le peintre qui présente et fait dédicacer sa peinture par tout le groupe, les neuf protagonistes de cette soirée pas comme les autres. Ils se mettent bras-dessus bras-dessous et saluent un public majoritairement conquis par cette prestation.

Majoritairement oui, car bien qu’excellent ce concert avait un gros défaut : c’était un concert pour gros fans d’In Flames. En regardant autour de soi et en tendant l’oreille de temps à autres, il était évident que pas mal de personnes assistaient à leur premier concert du combo suédois. Bien que proposant quelques tubes et six titres de Battles, la setlist s’est avérée plutôt singulière pour qui a l’habitude d’aller voir le groupe. Mais rien ne laisse supposer que les néophytes aient été déçus. Au moins ils pourront dire « j’y étais » car une telle prestation est rare. On n’a en effet jamais vu In Flames aussi proche de son public, aussi communicatif, aussi blagueur, aussi humain. Pour qui adore In Flames, cette date restera gravée dans sa mémoire, non pas comme un concert mais comme un moment privilégié « In The Room ».

Un très grand merci à Valérie de Nuclear Blast.

Merci à Laura Makary de MYROCK pour les photos,
utilisation interdite sans accord du photographe.



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