"Nous avons une relation de travail assez unique je pense, basée sur une vision commune de ce que nous voulons créer au final."
Le groupe de black metal symphonique, progressif et classique français Akroma s'apprête à sortir Apocalypse [Requiem], son nouvel album le 12 mai. L'occasion idéale pour Matthieu Morand (guitare et orchestration) de répondre à nos questions.
Comment convaincre quelqu’un d’écouter votre musique de la manière la plus rapide possible, à l’image des 140 signes de Twitter ?
Une œuvre incontournable pour tous les amateurs de metal symphonique, progressif, qui conserve malgré tout son aspect sombre, black, malsain. (140 signes)
Comment fonctionne le groupe lors des sessions de compositions, qui donne les idées principales, qui fait office de médiateur ?
Je suis l’unique compositeur du groupe donc je trace les grandes lignes de l’album. Après cela, je fais un important travail d’arrangements et d’orchestrations, ce qui va donner la couleur tonale et appuyer l’intensité de la musique en fonction de l’instrumentation choisie. Ensuite Pierre-Yves est libre d’y ajouter ses lignes de basse de son choix. Dirk Verbeuren a également eu carte blanche pour développer son jeu de batterie et je crois bien qu’il ne s’est donné aucune limite à sa créativité, sa performance est magistrale. Une fois l’intégralité de la musique composée, je propose le tout à Bob qui écrit ses textes. En amont nous avons bien entendu discuté du concept général et des principales thématiques qui seront abordées. Comme nous sommes partis sur l’idée d’un Requiem, une partie des textes étaient déjà existante. Nous voulions créer un contraste entre les parties chantées en latin et les parties chantées en anglais et c’est donc tout naturellement que Laura a poursuivi l’aventure avec nous en se chargeant de la partie latine. Que ça soit pour Bob ou pour Laura, je ne donne que très peu de directives, nous travaillons ensemble depuis de nombreuses années maintenant et Bob « entend » déjà ce que j’attends de sa performance rien qu’avec ma musique. Nous avons une relation de travail assez unique je pense, basée sur une vision commune de ce que nous voulons créer au final.
L’album complet doit-être une grande fierté pour toi, mais dans quel morceau t’identifies-tu le plus et pourquoi ?
Oui tu as raison, c’est une grande fierté, je te remercie. Je pense que le deuxième morceau de l’album, "Offertorium", est celui qui synthétise le mieux l’essence même d’AKROMA. Il compile les éléments qui font notre identité : c’est un morceau violent, malsain mais aussi relativement progressif avec un passage acoustique très planant où s’entremêlent les voix de Laura et Bob. Il y a beaucoup de variations, aussi bien dans le chant que dans la musique et l’orchestration est très imposante, elle ajoute l’aspect tragique à la violence des riffs.
Y a-t- il un vers ou une phrase dans les paroles d’une chanson qui te tiennent particulièrement à cœur ? Si oui, pourquoi ?
Dans "Agnus Dei" Bob se fait la voix de notre planète comme si elle était une entité consciente “I’m dying ... I’m dying”, she screams! “I’m soiled”, she yells suffocating. “You pollute me”. Ces quelques mots, très percutants, résument parfaitement le thème abordé dans l’album : l’Apocalypse.
Quelles sont vos principales influences lorsque vous composez vos morceaux ?
Elles sont relativement identiques à celles que nous avions au départ en 2003 à savoir Cradle Of Filth et Dream theater. Je pourrai ajouter Dimmu Borgir pour le côté théâtral des orchestrations. Nous avions clairement en tête Dusk And Her Embrace (album de Cradle Of Filth sorti en 1996) comme référence pour ce disque. Cependant je pense que nous avons au fil du temps su créer notre propre style et je crois qu’aujourd’hui AKROMA est reconnaissable dès les premières notes.
Est-ce que d’autres sujets hors musique vous inspirent dans vos chansons ?
Oui bien entendu : la littérature, le cinéma, nos interactions avec le monde qui nous entoure ou encore l’évolution de notre société.
Si tu devais écrire et composer un concept album aujourd’hui, quel thème choisirais-tu ? Quelles influences ?
Difficile à dire ; en ce moment j’ai envie d’écrire un album qui aurait pour trame conceptuelle un ensemble de poèmes. Avec mon nouveau groupe DUSK OF DELUSION nous sommes en pleine production de notre premier album qui a pour concept une balade au crépuscule dans une ancienne fête foraine avec des personnages étranges et malsains reflétant les vices de notre société. Pour AKROMA, je ne sais pas pour le moment, nous n’avons pas encore évoqué cela, nous profitons de l’album actuel.
Te rappelles-tu quel artiste t’as fait entrer dans le monde du metal ? Ta première idole en somme.
Facile : Yngwie Malmsteen, en regardant pour la première fois la VHS du Live à Tokyo ’85. Il a clairement déclenché ma passion pour le metal.
Avec quels groupes / artistes rêverais-tu de tourner ou bien composer un album en commun ?
J’espère que tu as de la place pour ton interview ahah ! N’importe quel artiste présent dans ma CDthèque et crois moi, j’ai beaucoup de CD ! Si je devais choisir, pour écrire un album d’AKROMA, travailler avec Tuomas Holopainen (Nightwish) pour les orchestrations et Mikael Åkerfeldt (Opeth) pour les riffs. Tourner avec Cradle of Filth ou Dimmu Borgir ça serait fantastique.
Quel est le premier album que tu as acheté avec ton propre argent ? Quel est le dernier album que tu as acheté ?
Alors mon premier album acheté avec mon propre argent c’était Trilogy de Malmsteen. Et le(s) dernier(s), vu que j’ai acheté trois albums d’un coup la semaine dernière : All Hope Is Gone de Slipknot, South Of Heaven de Slayer et Rising de Rainbow.
Merci à Matthieu d'avoir répondu aux questions de La Grosse Radio Metal !