La simple mention de l'appelation "progressive", qu'elle soit rock ou metal, suffit à attiser les curiosités. On y voit, à chaque nouveau groupe se lançant dans l'aventure, une nouvelle opportunité de découvrir des titres riches, complexes et mélodiques, avec des musiciens dont la technicité n'a rien à envier à personne. Avec The Observer, Artificial Language se lance dans l'aventure, et si certaines choses sont à parfaire, le plaisir ne sera pas des moindres.
Dès "Observer", Devin Townsend s'invite à la fête. L'introduction fera immédiatement penser à cette influence qui semble plus que directe, faisant étrangement écho au retour de "Truth" sur l'introduction du dernier en date du fou spatial, Transcendence. Avec un côté très aérien, prenant le temps de se développer - seulement deux minutes qui au final nous semblent bien plus imposantes tant elles mettent en place divers thèmes -, on sait déjà que l'on va avoir affaire à un ovni, reste à savoir s'il passera le cap de n'être juste qu'une pièce étrange et difforme, ou s'il s'inscrira dans une mouvance à suivre avec passion.
Artificial language passera un certain cap, mais ne perdra pas de vue ses racines encore trop présentes. Cela dit, il est plus que facile de s'y évader. "The Grand Skeptic" fera office de figure de proue, démontrant du talent versatile de ses musiciens. Tout y est construit avec attention. Les pentatoniques volent dans le jeu de guitare, les voix plus qu'agréables (très sages mais avec des lignes habiles, offrant un aspect "pop" là où les constructions mélodiques sont plus difficiles d'accès pour un public peu aguerri voulant s'y lancer) se lient à merveille, nous faisant par moments penser à The Mars Volta, notamment dans le travail des chœurs.
L'homogénéité de l'album fait que, avant un changement de thème intrusif et ô combien bienvenu, les morceaux se ressemblent souvent, et il est difficile, quand ils sont côte à côte, de les différencier. Pire, il y a un côté légèrement "bâclé", des titres qui s'arrêtent lorsque leurs mélodies deviennent fortes, mélodies auxquelles on aurait bien volontiers ajouté quelques minutes pour les compléter, et les rapprocher de l'influence plus que directe du rock progressif, omniprésente.
Quelques frustrations donc, car le déroulement des morceaux nous promettait une escapade plus prenante encore. Après plusieurs écoutes, on y retourne encore, on s'y accroche, le langage artificiel devient une drogue commune, qui laisse autant sur sa faim qu'elle satisfait grandement. Artificial Language est une pure découverte, de celles qui donnent envie de s'y jeter les yeux fermés, et dont on attend la suite, qui sera sans aucun doute plus mûrie et encore plus envoûtante.