Après un Mr Patate, remarqué mais discret, Ultra Vomit était apparu comme une déferlante, avec Objectif Thunes, leur offrant une consécration assez rare pour un groupe centré sur un humour aussi parodique. Là où on aurait pu penser à un one-shot, leur tournée The Renouvellement Of Intermittence en 2012, aura fait salles combles, prouvant qu'un public est bien là, et attend de leurs nouvelles avec impatience. Après une continuité à Andréas Et Nicolas, autre projet du bien-nommé Fetus (chant, guitare), Ultra Vomit reprend les routes et le studio, et nous sort un troisième album haut en couleurs. Alors, blague ratée ou nouveau délire ?
À la sortie du teaser de l'album, il était plus qu'évident que ce dernier s'appelle Panzer Surprise. Cette surprise, ça fait des années qu'on ne l'attendait plus tout en l'espérant, qu'on nous la fait miroiter, mariner tout en faisant subsister un doute sur sa réelle existence. Et à dire vrai, heureusement qu'elle a pris neuf ans à montrer son nez.
Dans un registre humoristique, il est difficile de se renouveler sans tomber dans un ridicule évident, et ce dans tous les arts. Ceux qui ont eu l'occasion de voir il y a peu la suite des Gardiens de la Galaxie ont probablement envie d'hurler sur James Gunn qui n'a fait qu'appuyer sur les mêmes ressorts sans en proposer de nouveaux, se disant que son public est juste friand d'une même recette avec une simple question à l'esprit : "Combien de temps seront-ils encore dupes ?". Visiblement, Ultra Vomit ne prend pas ses fidèles pour des vaches à billets, et préfère prendre son temps pour renouveler ses blagues, ses références, sans forcément dénaturer ce qui fait leur charme. Ou peut-être était-ce juste une panne d'inspiration. On s'en fout, ça marche, et Panzer Surprise ne tombe pas dans les affres d'un Steel Panther ou d'un Gwar pataud.
Ça marche à un point où dès "Kammthaar", et après s'être poilé sur le générique des Looney Tunes revisité façon metal, on se retrouve à hurler en chœur notre amour pour les routiers. L'humour se mêle malgré tout à une force d'interprétation exemplaire, et dès que Fetus entame ses premières vocalises, à l'instar de l'imitation de Lemmy Kilmister sur "Quand J'étais Petit", celle de Til Lindemann nous ferait jurer que le chanteur de Rammstein s'est invité à la fête. Évidemment, Ultra Vomit ne compte pas changer sa recette, et à écouter "Pipi Vs Caca" ou leurs interludes consistant à reprendre la comptine courte-paille "Je fais de la bouillie pour mes petits cochons" dans différents styles - dont du funeral doom ! -, on sent que le potache est là, et que l'écriture, sans jamais être bien recherchée, mettra une fois de plus à l'honneur le graveleux et le vulgaire. Avec mise en scène. Alors tant mieux, puisque c'est réussi.
Les références sont évidemment nombreuses. On passe de Gojira au générique de Ken Le Survivant, en passant par une réadaptation grindcore de "La Chenille" ou du AC/DC pour nous parler de Jésus. C'est d'ailleurs dans cette reprise de "Thunderstruck" que l'on entendra trois accords pouvant faire l'objet d'attaques pour plagiat concernant le titre "Best Song Ever" des 1D... Ou était-ce "Baba O'Riley" des Who ? Peu importe les délires d'ego et de fierté de certains mauvais joueurs, puisque le groupe aura lui aussi sa part d'arrogance et de conflit, dévoilé en "Anthracte" où Manard (batterie) s'insurgera sur la question des droits d'auteur d'Ultra Vomit. Sauf que là, c'est pour nous faire marrer, et ça réussit bien son pari.
On sera laissé sur un "Evier Metal" qui montre que dans un style qu'ils ont pourtant bien épuré avec Objectif Thunes, Ultra Vomit sait trouver l'idée qui va leur permettre de développer un morceau court, efficace dans son exécution mais aussi dans sa faculté à faire poiler les plus réfractaires. Peut-être une grosse blague, mais une blague bien faite.