Sur la scène brutal death, Aborted Fetus n'en est désormais plus à son coup d'essai, puisque la formation russe existe depuis plus d'une quinzaine d'années et compte désormais cinq opus à son actif. Proposant un brutal death teinté de grind, à la manière de Prostitute Disfigurment ou Cranial Osteotomy, les Russes savent manier leurs instruments et sortir des compositions destructrices, au risque toutefois de tourner en rond. Pour une dissection en bonne et due forme de The Art of Violent Torture, suivez-nous, la salle d'opération est par là...
C'est par l'instrumental "The Art of Pain" que débute l'opus de manière lente et relativement calme, à la manière des passages mid-tempo que l'on retrouve dans les compositions d'Autopsy. Pourtant, dès "Boiled Alive", les riffs rapides et directs font leur entrée. Loin de la technicité parfois outrancière de formations comme Spawn of Possession, les Russes proposent une musique plus simple, basée sur les rythmiques deathgrind ("Blinded By The Flame", "Pouring Molten Lead Into a Throat") et les blasts dévastateurs joués par Hammer (batterie). Bien entendu, le gore est de mise, avec des titres révélateurs comme "Hanged on the Hook by the Rib" ou "Axe Decapitation", que n'auraient pas reniés les membres de Cannibal Corpse.
Comme souvent dans le style, le chant d'Igor est caractérisé par des pig squeals graves et monocordes ("Impalement") malheureusement peu variés, rappelant Iniquitous Savagery. Si l'ensemble de l'opus est bien composé avec des titres qui alternent entre accélérations sauvages ("Breaking Wheel", "Axe Decapitation") et parties plus mid-tempo ("Buried Alive", la seconde moitié de "Blinded By the Flame'' par exemple). Mais ce qui ressort finalement le plus de l'opus, ce sont les interludes instrumentaux en son clair ("Awaiting...", l'introduction de "Buried Alive" et ses parties acoustiques, l'outro "The Last Way") qui aèrent le propos et font office de pause bien méritée après l'avalanche de bestialité servie par Aborted Fetus. On apprécie également les leads de guitare déstructurés ("Pouring Molten Lead Into a Throat", "Burning at Stake") qui permettent de sortir des fréquences graves dominant quasi-exclusivement les compositions de cet album.
En effet, la production de The Art of Violent Torture est résolument moderne et brutale à souhait, faite pour tout écraser sur son passage. C'est également le cas du traitement réservé à la batterie, beaucoup trop triggée sur les parties blastées ("Impalement", "Hanged on the Hook by the Rib"). Il est certain que la violence est le but principal recherché par les russes avec cet album (tout comme avec les précédents). Mais un peu plus de variation et une production moins compressée auraient permis d'accentuer les passages les plus brutaux et de créer une vraie dynamique au sein des titres, dynamique qui ne s'exprime pratiquement que sur "Buried Alive".
Techniquement, il n'y a rien à reprocher au combo, qui fait le nécessaire pour écrire des titres efficaces. Mais, au risque de s'enfermer dans la caricature, Aborted Fetus ne prend pas de risques et ne cherche pas à se démarquer des nombreux artistes officiant dans la catégorie "gros son qui tâche". The Art of Violent Torture demeure un album agréable mais vers lequel on ne reviendra malheureusement pas souvent. Dommage dès lors que l'on connait le potentiel du groupe, et que l'on imagine sans peine être capable de retourner des fosses entières en live...
Déjà disponible. Sortie le 28 avril 2017 chez Comatose Music.
Photo promo : DR