La queue remplie près de l'Alhambra des heures auparavant, deux générations distinctes dans les rangs, le concert de ce soir sent bon le metal, la bière et la déconne. Surtout qu'à voir les têtes toutes enjouées à l'idée d'être là ce soir, les blagues graveleuses et les t-shirts qui n'ont rien à envier à l'univers de Toto, on sent que les thèmes du spectacle ne sont pas des plus sérieux...
Furies
Sitôt sorti, sitôt promu ! Les trublions d'Ultra Vomit n'auront attendu que quelques jours après la sortie de Panzer Surprise (et sa complète mise en écoute libre sur YouTube) pour se lancer en tournée et venir ravir nos esgourdes. Au vu de la salle qui chante déjà à fond les ballons les titres du quartet dans une ambiance qui promet de belles effusions joviales, l'accueil est euphorisant lorsque les Furies prennent place.
Et même si le groupe profitera de cette euphorie lors de son premier morceau, le calme reviendra vite. Sans réclamer quelque chose d'également délirant en ouverture, comme ont pu le faire Andréas et Nicolas en invitant Mononc' Serge lors de leur dernière tournée, et tout en affirmant qu'un groupe de metal peut avoir sa place en première partie d'Ultra Vomit, le public se laissera difficilement charmer par Furies. Trop de sérieux dans une envie de débandade ? On pointera surtout le manque d'inspiration du quartet, dévoilant un thrash banal et bancal, vu et revu, dont l'énergie peinera à dépasser les premiers rangs, ne récoltant que les applaudissements d'usage.
Ultra Vomit
Le manque d'engouement du public quant à Furies n'entamera pas son énergie, et dès que les musiciens d'Ultra Vomit viennent terminer leurs balances, les corps se chauffent, la soirée promet du bon. Après l'introduction sur le thème des Looney Tunes puis de Fort Boyard le temps de la prise de place, c'est sur "Darry Cowl Chamber" que les hostilités débutent. Enchaîné avec "Les Bonnes Manières", ça tabasse sec sur scène et dans le public, tout le monde est à balle et on voit que les titres d'Objectif Thunes continuent de faire des ravages.
Lorsque le groupe présente "Un Chien Géant", faisant hommage à Tagada Jones (qui d'ailleurs les accompagnera prochainement sur la tournée), l'audience connaît déjà le morceau par cœur. A l'exception de certains néophytes que l'on remarquera à peine, on constate que Panzer Surprise a déjà effectué ses ravages, chaque nouveau morceau, en plus de provoquer l'hilarité comme s'il était découvert, est hurlé à tue-tête par un véritable public de fans. Les premiers rangs éructent leurs cercles de violence amicale, les arrière-plans dansent, au balcon, personne n'est assis, l'ambiance est à son comble, et au final, exactement comme on l'imaginait.
Devant un public aussi acquis, le groupe sera plus avare en interventions, préférant alors lui en donner pour ses morceaux. Nous faisant regretter quelque peu la tournée The Renouvellement Of Intermittence, un peu plus mise en scène, et offrant des discussions un peu moins spontanées et plus préparées qu'à l'habitude, il n'empêche que les membres d'Ultra Vomit se font plaisir et s'amusent avec leurs invités. On aura droit aux remarques méprisantes concernant le bassiste Matthieu Bausson, à la fameuse "Minute Manard" (qui nous interprétera "Keken", un hymne à la bière et un placement de produit bien pataud mais toujours bienvenu) ou à l'invitation des demoiselles de Furies pour chanter à la gloire de Fetus lors de la présentation de ce dernier.
Et c'est après une bonne heure et demie bien fournie, entre un wall of death sur "Pipi Vs Caca" ou une tentative de chenille sur un morceau de grind d'une quarantaine de secondes, que le groupe nous laissera sur leur hymne "Je Collectionne Des Canards (Vivants)", accompagnés de Andréas au chant, qui en profitera pour slammer et tenter par quelques acrobaties d'atteindre le balcon, en vain. Alors que le public le scandait depuis le début, le groupe reviendra pour interpréter la déjà culte "Kammthar", et nous laisser sur un "Evier Metal" qui lui aussi, aucun doute, deviendra un classique incontournable des soirées débauchardes des amis metalleux. Le pari est donc plus que réussi, la recette du groupe loin d'être périmée, Ultra Vomit est prêt à tout déglinguer par sa tournée qui, on l'espère, fera objet de plus nombreuses dates encore. On en reparlera au Hellfest, et on verra si la recette qui passe en salle devant un public acquis devient un incontournable pour ceux qui passeront par hasard.
Photos : Arnaud Dionisio / © 2017
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