Silence. Un gros riff. Une jonction électronique qui s'y mêle instinctivement pour apporter un côté robotique, chromatique. Si l'on trouvait que l'alliance parfaite du dub step et du metal était une étape à franchir, qui trouvera de nombreux erzats bienvenus, alors Avelion a entendu les attentes. Illusion Of Transparency est encore innocent et timide, mais s'avère surprenant et intéressant.
Sur le papier, et à l'écoute du premier extrait, on espère un mélange entre la force de The Scintilla Project, qui avait alors apporté une alternative intéressante sur un heavy avant-gardiste, avec la folie d'un Crossfaith. Avelion sera bien plus sage que cela, mais ça ne l'empêchera pas de proposer quelque chose de qualité, bien au contraire. En mêlant riffs calculés et éléments de dub step qui emmènent les équations du groupe vers de nouvelles inconnues, Avelion sait se renouveler et apporter un album homogène mais très varié.
En guise d'introduction, le morceau choisi comme fer de lance par le groupe, "Fading Out", représentera parfaitement cette alliance. Après une légère ouverture aérienne, qui nous met au bord du précipice, la chute est fatale, on est emporté dans un torent de metal bien ficelé et foutrement efficace. Ce qui marquera premièrement sera la batterie, lourde et appuyée, n'hésitant pas à marquer ses contre-temps en caisse claire quand l'occasion se présente et avec une grosse caisse sachant à la fois asseoir son côté "compresseur" mais sans trop en faire. Très travaillée, la session rythmique est un parfait complément aux riffs, démontrant des musiciens dont la technicite est aussi un atout non négligeable. Particulièrement grâce aux changements de tempos pour caler certaines mesures alambiquées, Avelion emprunte avidement à ses influences progressives mais n'hésite également pas à mêler beaucoup d'élements de metal moderne, on pense notamment au math metal ou au djent lors de certaines rythmiques très spéciales.
Mais limiter Avelion à un nouveau groupe de metal progressif (chose qu'il est dans la forme, avec des passages techniques et des changements de thèmes musicaux en plein milieu d'un titre, mais moins dans le fond, rapport aux morceaux plutôt courts et au fait qu'ils ne s'éloignent pas tant de leur mélodies principales) serait insultant, tant l'aspect moderne du groupe est à relever. La force du groupe sera son implication d'élements électroniques empruntés au dub step, qui se mêlent aux riffs et aux rythmiques avec parcimonie. A chaque appatition de ces derniers, on plonge dans l'inconnu, et les sensations sont garanties.
Il y aura malgré tout encore un peu de retenue. Là où la folie moins présente - rapport à la comparaison avec Crossfaith - leur confère un côté plus sérieux et qui au final se tient mieux dans la durée, Avelion mêle également des influences qui seront moins bienvenues. Un côté trop accessible, voire FM, lors de certains refrains (on pense notamment à "Derailed Trails Of Life"), qui peut parfois rendre certains moments insupportables, ceux où l'on sent que l'argument commercial dépasse la démarche artistique. Mais c'est aussi là la force du groupe quand, utilisant malgré tout des refrains que Fall Out Boy ne renierait pas, il arrive à proposer des riffs et des mélodies tellement puissants que mêlés à leur force épique, l'efficacité prend le pas ("Falling Down").
Avelion est donc un entre-deux, de ceux qui se cherchent encore, et l'aspect illusoire devient vite garant de clarté lorsque le morceau est abouti. La démarche de mêler metal et dub step n'est donc pas qu'un one-shot tenté par certains groupes et renié par l'auditoire, c'est au contraire un penchant majeur de son évolution, que l'on espère voir de plus en plus à l'avenir, pour justement constater de quelle sera sa prochaine étape. Avelion réussit intelligemment à axer ses mélodies complexes sur un côté très accessible au premier abord, et si ça n'apporte pas toujours l'effet escompté, on ne saurait conseiller suffisamment de se lancer dans l'aventure la tête la première.
Sorti le 7 avril chez Revalve Records