Le Ferrailleur…une salle devenue mythique pour les Nantais, avec les passages de groupes de la scène montante metaleuse, mais pas uniquement. En plein anniversaire des 10 ans du Ferrailleur organisé autour de la venue de God Is An Astronaut, Mass Hysteria et autres Ultra Vomit, une soirée prog s’est glissée, avec pour représentants des pionniers du genre : Destrage, The Contortionist et Periphery. Un spectacle réussi, sous le son psychédélique du combo américain.
Mardi 23 mai 2017, 20H00. Cela fait quelques minutes que les portes viennent d’ouvrir pour accueillir les spectateurs venus en masse écouter Periphery et les deux groupes ouvrant pour eux : Destrage et The Contortionist. La salle affiche complet, même si pour des raisons de logistique, quelques derniers billets trouvent preneur au guichet.
- DESTRAGE -
Destrage commence son set à 20H15, soit quinze minutes en avance ! Il ne fallait pas être resté boire une bière en terrasse. Car oui, l’organisation pour fêter dignement cet anniversaire s’avère être généreuse : des tables et des fauteuils ont été posés en terrasse pour suivre les concerts donnés en direct dans la salle sur un écran géant et l’écouter sur un système sonore de très bonne qualité. C’est ça Le Ferrailleur : du partage…
Les membres du combo italien commencent donc sur une note plutôt percutante en jouant "Don't Stare at the Edge", un mélange de metal progressif et de metalcore sagement présenté. Ils sont à leur place pour ouvrir cette soirée, leur sourire et leur plaisir de jouer étant communicatif. La foule se rapproche doucement de la scène, pour finalement être complètement devant avant la fin de "Destroy Create Transform Sublimate", le second morceau.
La setlist s’avère en partie se reposer sur leur nouvel opus A Means to No End sorti en fin d’année dernière. Même si le show s’avèrera être expéditif (trois quart d’heure à peine), le plaisir d’écouter Destrage a fait mouche, et la salle se prépare à l’arrivée de The Contortionist…en buvant une bière en terrasse (oui, il faisait vraiment très chaud dans l’enceinte).
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Setlist :
1. Don't Stare at the Edge
2. Destroy Create Transform Sublimate
3. The Flight
4. My Green Neighbour
5. Symphony of the Ego
6. Blah Blah
7. Purania
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- THE CONTORTIONIST -
Les américains viennent ce soir présenter leur album Language sorti en 2014. Pour certains, c’est une écoute déjà appréciée sur CD auparavant et donc bien connu. Pour d’autres, c’est une découverte…et quelle découverte ! Les six membres occupent bien la scène, le claviériste Eric Guenther se fait accompagner du chanteur Michael Lessard sur certaines parties, ou ce dernier ajoute tout simplement de petites distorsions dans sa voix. The Contortionist, c’est très psychédélique, parfois même onirique. On croit planer, traverser en voiture les rues éclairées d’une métropole dans une nuit complète ou tout bonnement être ailleurs. La magie du metal progressif.
Il est cependant décevant de ne pas avoir une qualité de son plus optimal sur les cinq ou six premiers rangs. Les basses couvrent complètement la voix de Michael. Cependant, la proximité d’où découle une certaine intimité de cette salle efface ce désagrément. Cameron Maynard, un des deux guitaristes assurant tantôt une rythmique soutenue puis des riffs plus mélancoliques, ne perdra pas une seule fois ce sourire un brin caché, les yeux fermés, concentré sur l’exécution de sa partition.
Les titres défilent dans une logique et une continuité bien calibrée, "Oscillator" réveillant au cas où les quelques spectateurs tentés par cette accalmie de sonorités sorties de l’imagination des musiciens d’outre-Atlantique. Sans être maniéré, le chanteur garde cette attitude très réservée et « possédée », certainement la première victime de ces compositions vous emportant dans une atmosphère de rêves sur un son de guitare ô combien mélodieux.
The Contortionist a largement contribué à élever le niveau de cette soirée placée sous le signe du prog, et à défaut de les avoir déjà écouté ou vu en live, nous ne pouvons que vous conseiller de vous tourner vers ces génies de la composition.
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Setlist :
1. Language I: Intuition
2. Language II: Conspire
3. Thrive
4. Solipsis
5. Primordial Sound
6. Oscillator
7. The Parable
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- PERIPHERY -
Les voilà ! Enfin ! A 22H15, le set de Periphery débute. La bande commence avec "A Black Minute", un véritable plaisir pour nos oreilles, joué avec le concours de la foule qui chante en même temps que Spencer Sotelo, la voix du combo. Alternant le chant crié puis le chant plus posé, ce dernier communie parfaitement avec l’ensemble des spectateurs. La scène est maintenant bien occupée, et la salle est acquise à la cause des Américains pour une bonne heure et demie.
"Strangers Things", bien plus rythmé, vient sans surprise combler le Ferrailleur, ou plutôt les metalheads qui s’y sont rassemblés. Les musiciens ne peuvent s’empêcher de rire en voyant ce public qui ne connaît que trop bien leurs compositions. C’est une véritable messe sous couvert de djent et de prog. Misha Mansoor, guitariste et membre d’origine du combo, assure le show avec ce recul et cette timidité qu’on lui connaît. Mais les yeux sont vers Jake Bowen, évidemment. Le prodige de trente-trois ans à un charisme fou, et un doigté non sans rappeler un certain John Petrucci… L’artiste n’a pas à convaincre, juste à jouer, à nous rendre ces mélodies, habituellement emprisonnées sur des supports audio, plus libres, plus vivantes et plus puissantes.
Le talent est présent, c’est indéniable. Au-delà des effets accélérés puis des ghosts notes que Matt Halpern effectue sur sa batterie, c’est la place de plus en plus importante que prends le guitariste Mark Holcomb qui surprend ce soir. Le musicien est parfait, il est communicatif, profite bien de l’espace, se montre gracieux…les qualités ne lui manque pas, subséquemment à ses aptitudes musicales s’entend.
Les titres choisis sont bien sûr de véritables ôdes au metal progressif. L’exécution de "Marigold" est un moment qui restera dans les mémoires de tous ceux présent au Ferrailleur, un morceau d’une force sans demi-mesure, où le talent des américains se livre à nous avec sincérité, toujours sur une composition globale de grande qualité. Oui, Periphery a bien plus de réserve que nous ne pouvons l’imaginer. A mi-chemin entre djent et metal progressif, la bande à Misha Mansoor reste un des maîtres dans cet art : on en redemande, et très vite !
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Setlist :
1. A Black Minute
2. Stranger Things
3. The Way the News Goes...
4. Remain Indoors
5. Marigold
6. Prayer Position
7. The Bad Thing
8. Flatline
9. Memento (Haunted Shores cover)
10. The Price Is Wrong
11. Psychosphere
12. Masamune
Rappel :
13. Matt Halpern Solo
14. Lune
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Merci à la salle du Ferrailleur de Nantes pour l'accréditation.
Photos by Jerem bzh.
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