Groezrock 2017 : jour 1

Après une arrivée tardive sur Meerhout, ville accueillant le Groezrock, la veille au soir après quatre heures et trente minutes depuis Paris, notre équipe est prête en ce samedi matin à profiter de deux jours sous le son du punk, du hardcore, du pop-punk et tout simplement de la musique un tant soit peu engagée. 2017 célèbre la vingt-cinquième édition du célèbre festival belge qui cette année s'articule autour de trois scènes sur un espace permettant à chacun de se promener. Changement par rapport au mastodonte habituel ! Retour en mots et en images sur la journée du samedi.

Après une nuit extrêmement froide - sous les 0°C - auquel nos campings sur les festivals d'été en France ne nous ont pas habitués, nous qui sommes plutôt habitués à être réveillés par la chaleur étouffante à Clisson notamment, c'est sur un beau soleil que Meerhout et les festivaliers de Groezrock se réveillent tranquillement après une première soirée pré-festival à danser sous la Party Stage au son notamment d'un DJ bien connu sur nos terres : DJ Mike Rock.

Cette première journée du festival s'annonce très chargée puisqu'on y attend notamment Underoath, Stick To Your Guns, Anti-Flag et bien entendu Deftones parmi les plus connus ! Autour de ces mastodontes, on trouvera bien entendu des groupes beaucoup plus petits ainsi que des groupes locaux comme Moments et un peu plus tard dans l'après-midi Oathbreaker.

Et justement c'est vers la scène intitulé Back To Basics que nous nous dirigeons en premier afin d'assister à la prestation des locaux de Moments. Cette tente aura vécu des choses incroyables tout au long du week-end car sans barrière et avec une avancée de scène qui aura permis à tous les slammeurs de se faire plaisir. Mais on vous racontera tout cela plus en détails au fur et à mesure de nos papiers.
 


Originaire d’une ville à moins de quinze kilomètres du lieu du festival, on peut facilement dire que Moments évolue sur ses terres et devant un public complètement acquis à sa cause qui s’en donnera à coeur joie pendant les trente minutes du set. Le quintet officie dans la frange la plus directe du metalcore, celle sans fioriture aucune, qui lorgne par moment du côté du hardcore. Ca tabasse grâce à des riffs ciselés et un duo basse-batterie furieux et il n’y a quasiment aucun moment de répit. Ici pas de chant clair, pas de partie “cringy”, seulement du metalcore comme on en fait de moins en moins à l’heure actuelle. Avec un EP et un album sous le coude, Moments sert au public du Groezrock ses titres les plus emblématiques entre “Black Widow”, “Our Dreams” et les titres plus récents qui devraient garnir le deuxième album à venir du quintet que son “Heartless” et le petit nouveau “What If”. Le public commence à s’agiter profitant à fond de cette scène qui n’est qu’un prétexte pour que les plus valeureux d’entre nous en prennent possession. On commence doucement à s’imaginer ce que sera le concert de Stick To Your Guns à venir sur la même scène dans quelques heures. Après trente minutes, Moments se retire sous les applaudissements nourris d’un public d’habitué mais aussi de gens découvrant le quintet que l’on espère très franchement voir chez nous dans peu de temps.
 


On revient sur la même scène une petite demi-heure plus tard pour accueillir un groupe qui n’a absolument rien à voir avec Moments puisque le combo qui va se présenter devant nous, Skyharbor, évolue dans un registre prog ! Autant vous dire que le fossé entre les deux ne pourraient pas être plus grand. En tournée actuellement avec Deftones, Skyharbor est un quintet Indien/Américain qui va donc nous proposer trente minutes de musique mélodique derrière le chant absolument magistral de son frontman Eric Emery. Auparavant mené par Daniel Thompkins (chanteur de TesseracT), Skyharbor va nous jouer en ce début de journée un mix de ses deux albums ainsi qu’un extrait de son troisième opus à paraître dans le courant 2017. Eric Emery arrive parfaitement à reprendre les chansons auparavant chantées par Daniel Thompkins tout en y apportant sa touche personnelle. Skyharbor bénéficie d’un son aux petits oignons en ce début de festival, peut-être même le meilleur qu’il nous sera donné d’entendre de tout le festival ce qui n’est pourtant pas une mince affaire dans ce genre. Le public est un peu plus clairsemé et c’est assez compréhensible tant les Américains dénotent clairement du reste de l’affiche (quoi que Oathbreaker et Deafheaven que nous verrons plus tard aussi) mais en revanche les gens sont respectueux du travail du quintet.
 


Nouveau changement d’ambiance et cette fois-ci c’est vers la troisième scène du festival que notre équipe se dirige. Nommée Watch Out Stage, elle est en pleine air avec encore une fois aucune barrière pour empêcher le public de monter dessus, danser et se jeter sur les compères de la fosse. Pour ce concert à venir, pas de mouvement de foule à prévoir puisqu’on accueille Trade Wind et que l’ambiance va plus être aux câlins de groupe qu’au démontage de mâchoires dans le pit. Trade Wind est le side-project de Jesse Barnett, chanteur de Stick To Your Guns, et de Tom Williams, guitariste de Stray From The Path. Alors que les deux compères font du hardcore dans leurs formations principales, le ton est beaucoup moins violent avec Trade Wind que l’on pourrait ranger dans la catégorie rock alternatif. Alors que Jesse Barnett termine sa tournée européenne avec Stick To Your Guns, Tom Williams commence par celle avec Trade Wind avant d’enchaîner les festivals de juin avec Stray From The Path (dont des dates en France avec Architects ainsi qu’un passage au Download Festival France). Pendant trente minutes le quartet va nous offrir des titres de son premier album, You Make Everything Disappear, et ravir les oreilles du public du Groezrock massé en nombre devant la petite scène. Frontman incroyable, Jesse Barnett réussit à nous coller des frissons avec les paroles hyper personnelles de Trade Wind tout comme à nous pousser à la rébellion quand dans quelques heures il montera sur scène avec Stick To Your Guns.

Alors que Trade Wind termine son set, on va faire un petit tour ensuite sous la Monster Energy Stage qui sert encore une fois de Mainstage au festival sous une tente assez grande pour accueillir pas loin de quinze mille personnes. Après Skyharbor en tournée avec Deftones (tête d’affiche du jour), c’est MewithoutYou en tournée actuellement avec Underoath qui prend place devant le public du Groezrock. Véritable institution aux USA dans le monde de l’indie, MewithoutYou est un groupe à part avec son mélange de spoken-word et de partie instrumentale totalement ubuesque.
 


Nouvelle migration sous la Back To Basics pour un nouveau changement d’ambiance pour le set d’un autre combo belge, Oathbreaker. Nouvel ovni de l’affiche, le quartet et son hardcore/black metal vont faire déferler les riffs sur le festival. On ne sort pas indemne d’un concert de Oathbreaker que ce soit physiquement - le son sera d’une puissance hallucinante, difficile à vivre sans bouchons d’ailleurs - et moralement tant le chant de Caro Tanghe est anxiogène quand elle crie. Oathbreaker commence son set par les deux premiers titres de son dernier opus, Rheia, “10:56” et “Second Son of R.” pour sept minutes qui alternent le calme ultime voire la plénitude et puis une déferlante de bruit et de violence qui prend le public à la gorge. Rares sont les groupes à captiver autant que Oathbreaker en concert et même avec les petits problèmes de micro qui émaillent du set, on passe un moment unique. Deuxième et dernier groupe belge de la journée, Oathbreaker aura encore mis une tartine dans le visage de ceux qui apprécient la musique du groupe.

La journée se poursuit sur le site du Groezrock 2017 et on se promène de scène en scène pour assister à quelques titres de The Menzingers (punk rock), Brutality Will Prevail (hardcore), Cro-Mags (punk) et He Is Legend (rock). On en profite aussi pour faire un tour sous la tente de la marque American Socks qui a installé sur son stand une petite scène sur laquelle quelques groupes vont se relayer sur le week-end pour nous offrir une session acoustique d’une quinzaine de minutes. C’est aussi cela la diversité du festival, assister à un set électrique et une heure plus tard voir le même groupe dans une configuration totalement différente !
 


Pour les cinquante-cinq prochaines minutes, nous allons diviser notre temps entre la Watch Out Stage avec Wolf Down et la Back To Basics avec Deafheaven. Vegan, straight edge et résolument antifasciste, Wolf Down va délivrer le set le plus politisé de la journée devant un public totalement acquis à la cause des Allemands. Mené depuis quelques temps par Dave (chant) depuis le départ de Larissa (qui a depuis fondée le groupe de death metal Venom Prison) en 2014, Wolf Down va nous jouer ce soir une majorité de titres issus de son dernier album en date intitulé Incite & Conspire. Dès le premier morceau, un festivalier allume un fumigène rouge en se faisant porter par le public, une image qui aura été capturée par la majorité des photographes présents et qui restera comme un moment fort de la prestation du combo. Sur le plan musical, on est face à un hardcore classique mais efficace autour de refrains repris en choeur par le public et de breakdowns monstrueux et obscène, rien que ça.

Au beau milieu du set de Wolf Down, il est temps d’aller faire un tour sous la Back To BasicsDeafheaven est en train d’offrir son black metal au public du Groezrock qui est pour une majorité des gens présents sous la tente en pleine découverte du combo américain. Il faut dire que le quintet dénote avec les autres groupes, encore plus qu’un Oathbreaker par exemple, car sa musique ne ressemble en rien avec la vaste majorité des combos mais en plus le black metal n’est pas le style plus écouté par les fans de punk, hardcore, pop-punk et rock alternatif. Et pourtant la sauce prend et elle prend bien entre les festivaliers et Deafheaven qui met fortement à l’honneur ses deux derniers albums, Sunbather et New Bermuda. Comme pour Skyharbor le son permet de se plonger dans les compositions du combo dans les meilleures conditions possible, beau tour de force de la part de l’équipe technique derrière le groupe car en règle général ce n’est pas en festival, ni sous une tente que les conditions sont optimales.
 


On passe à la vitesse supérieure maintenant puisqu’avec la journée qui avance, on se retrouve face à des groupes à l’envergure de plus en plus grande. Rendez-vous pris sous la Monster Energy Stage pour accueillir un groupe qui effectue son retour en Europe après six ans d'absence et un dernier passage en Belgique dans ce même festival en 2011. Dans le cadre d’une tournée exceptionnelle où le combo joue ses deux albums ayant eu le plus de succès en entier, They’re Only Chasing Safety et Define The Great Line, c’est tout une frange de la population qui revit à l’évocation du retour sur le devant de la scène d’Underoath, groupe mythique et précurseur du style post-hardcore au début des années 2000. Ne bénéficiant ce soir que d’une heure de jeu, c’est à un medley de ces deux albums que nous avons le droit avec notamment “A Boy Brushed Red Living in Black and White”, “Reinventing Your Exit” ou “Writings On The Wall”. Alors que l’annonce du retour du groupe sur le devant de la scène avait été annoncé l’an dernier, Caleb Shomo de Bearthooth avait tweeté quelque chose plein de vérité : “Underoath est le groupe préféré de ton groupe préféré” et c’est tellement vrai. Alors que certains fans de metalcore n’ont jamais connu Underoath de son vivant avant ce retour, c’est un groupe qui a influencé une vaste majorité de ceux présents et ayant du succès à l’heure actuelle et on le comprend vite en voyant le sextet sur scène.
 


On assiste à un chaos maîtrisé autour Spencer Chamberlain (chant) et du reste du groupe. Derrière ses claviers, Christopher Dudley est comme possédé par la musique. Il hurle les paroles, gigote comme un dément et harangue la foule à de nombreuses reprises. Difficile de décoller les yeux et de faire attention à tout ce qu’il se passe tellement chaque membre est captivant à sa manière. Derrière les fûts de Underoath se trouve Aaron Gillepsie - qu’on a pu voir notamment chez Paramore récemment - qui a la particularité d’assurer toutes les parties de chant clair, un vrai exercice de funambule quand il faut faire les deux en même temps. C’est avec un petit regret que l’on quitte le set des Américains avant son terme afin de traverser le site du festival et se plonger sous la Back To Basics Stage pour assister au concert le plus fou et le plus chaotique de ce festival, Stick To Your Guns.

 

Un jour lors d’une discussion après un concert de Stick To Your Guns à Paris une amie m’a dit ceci : “Tu n’as pas vu Stick To Your Guns tant que tu n’es pas allé en Belgique”. Et bien croyez-moi, je ne peux qu’approuver cette phrase tant le concert du combo aura été la chose la plus folle de ce week-end. Dès les premières secondes de “Nobody”, la tente se soulève et l’avancée de scène est prise d’assaut par le public. C’est simple, il y aura eu un minimum de cinq personnes se jetant dans le public à chaque instant des douze chansons de ce concert. C’est la guerre totale dans les premiers rang, chaque stagediver monte d’un côté de la scène pour se jeter de l’autre côté et atterrir sur ceux qui bataillent pour monter à leur tour. Il est difficile de se concentrer sur la musique mais au final qu’importe, c’est le plus grand défouloir du festival auquel on assiste et à en juger par les sourires sur les visages des membres de Stick To Your Guns, ils sont heureux d’être là. La veille au soir en préambule du festival, ils jouaient un concert dans une petite salle à quelques kilomètres de Meerhout, c’est donc le troisième concert en moins de vingt quatre heure pour Jesse Barnett qui pourtant ne montre aucun signe de fatigue, bien au contraire.

Le frontman semble galvanisé par l'énergie apportée par le public et la hargne est forte dans sa manière d’amener les paroles des titres que nous joue le quintet ce soir. “What Choice Did You Gave Us?”, “No Tolerance” ou encore “Such Pain” figurent parmi les moments les plus marquants du set de Stick To Your Guns. Définitivement, Stick To Your Guns et la Belgique, c’est une histoire d’amour qui n’aura pas fini de nous étonner  et de nous ravir.
 


On reste sur la même scène pour accueillir l’avant-dernier groupe de ce premier jour au Groezrock, les punks américains d’Anti-Flag. Style un peu différent mais ambiance toujours incroyable sur la Back To Basics, Anti-Flag étant un groupe qui rassemble le plus dans le punk actuel. Pendant quatre-vingt minutes et avec une setlist gargantuesque de dix neuf titres, le quartet de Pittsburgh va faire voyager le public à travers toute son histoire et sa discographie. Le concert commence par un morceua du dernier album, “Fabled World”, et une composition du premier opus, “Die for the Government”. De quoi contenter tout le monde et faire sauter toute une tente. Autour de Justin Sane (guitare/chant) et Chris #2 (basse/chant), Anti-Flag profite de la scène pour faire partager son message de paix et d’amour ainsi que de rejets de toutes les injustices et diktats de ce monde. Fascisme, consumérisme, religion, quasiment tout le monde en prend pour son grade comme les groupes punks ont su si bien le faire aux travers des décennies passées. Anti-Flag est l’étendard de cette scène à l’heure actuelle ou en tout cas le groupe le plus connu et reconnu à l’heure actuelle et on comprend vite pourquoi. Chaque titre est un tube qui est sublimé par l’épreuve du live.
 


Au cours du set, les Américains font faire plaisir aux plus nostalgique d’entre nous en reprenant “I Wanna Be Sedated” des Ramones puis “Should I Stay or Should I Go?” de The Clash avant que Chris #2 et Pat Thetic (batterie) descendent dans le public pour “Brandenburg Gate”. Anti-Flag termine son set sur “Power to the Peaceful” et peut se retirer avec le sentiment du devoir accompli et nous, on peut maintenant aller se reposer pour se préparer à la journée sportive du lendemain.



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