Pour son premier concert depuis la sortie de leur excellent nouvel album Berdreyminn (Season of Mist), Solstafir revient envoûter la France. C’est sur la plus petite scène du Download que les Islandais sont attendus. Et quand on dit petite, on veut dire un bout de terrain au bout du festival, entre le stand de bière et les toilettes. La Spitfire est presque plus petite que les scènes parisiennes sur lesquels ils ont déjà joué, comme le Divan du monde.
Les musiciens font leurs réglages eux-même et les balances sont presque comme celles d'un petit concert. Le groupe entre sur scène à 20h50 devant un public un peu endormi. Il faut dire qu’à quelques mètres de là, sur la Mainstage 2, Kerry King et les autres membres de Slayer sont occupés à chauffer la foule depuis une bonne demi-heure. Mais Solstafir ne se laisse pas décourager, eux aussi ont dans leur répertoire de quoi envoyer. "Merci à tout ceux qui sont ici au lieu d’aller voir Slayer !" dira en esquissant un sourire le chanteur Aðalbjörn Tryggvason.
Après une belle montée en puissance entre basse et chœurs feminins, Solstafir envoie le très attendu "Otta". Les passages lents, remplis de tristesses, résonnent avec les longues complaintes d'Aðalbjörn Tryggvason. Comme toujours, le groupe est impressionnant de maîtrise, les musiciens ont les yeux rivés vers leurs instruments. Malgré la taille de la scène, le son est parfait.
La foule commence à s’agiter quand résonnent les notes de banjo. Quelques applaudissements et quelques mains levées sortent le public de la torpeur dans lequel il était depuis le début du show. Mais pas question pour les Islandais d’accélérer le rythme. Slayer a beau résonner en arrière-plan, System of a Down a beau commencer à s’installer, le groupe s’autorise de longues secondes de pause entre chaque morceau.
La température commence à descendre et le soleil à raser le haut des scènes. La bière, elle, est toujours aussi chère et dégueulasse, alors que Solstafir envoie les premières notes de "Isafold". Ce morceau issu du nouvel album apporte une touche plus rock au concert, et une petite exclusivité agréable pour les fans du groupe. Derrière la batterie, le remplaçant de Guðmundur Óli Pálmason, viré du groupe en 2015 sans vraies explications, fait un travail parfait, debout pendant tout le show.
L’heure avance dangereusement vers le début de System of a Down, mais personne ne partira avant d’avoir entendu "Fjara", leur chanson la plus connue, leur "Final Countdown", celle dont ils ne pourront jamais se détacher. Les premières notes de basse vibrent jusque dans le sol. Le public se resserre, le moment est presque solennel, la foule chante et danse à chaque refrain. "Maintenant, on va vous jouer Raining Blood" annonce le chanteur à la fin du morceau, pour finir de narguer la foule.
En moins de dix chansons, les cowboys islandais auront conquis le Download. Une prestation sans faille, qui donne envie d’écouter, ou de réécouter leur nouvel album.
Photographies : © Marjorie Coulin 2017
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