Arcane Dreams…Ce premier album d’Ormyst se voulait être comme un voyage onirique à travers des mélodies levant le doute sur une ambiance rêveuse. Les musiciens du groupe français avaient fort à faire, car le metal symphonique est exigeant. Plutôt que de livrer simplement les grandes lignes de leur talent et d’en garder un peu pour plus tard, Ormyst ajoute une pointe de progressif à ce qui s’avérera être, pour le moment, l’un des meilleurs albums de metal symphonique de cette année 2017.
Ormyst, c’est une averse en plein été : on ne l’attendait pas, mais que cela fait du bien. Il faut être honnête, les groupes de ce calibre jouant du metal symphonique en France ne courent pas les rues. Il fallait un thème, une atmosphère et surtout, respecter ses engagements. L’artwork peut d’avance vous rassurer : si cette représentation graphique ne vous plonge pas en plein onirisme…regardez-la une seconde fois.
L’album commence avec "Beneath The Hat", une véritable introduction et entrée en matière. Il y réside une intensité que l’on peine à décrire. En quelques minutes, on vous plonge dans cette ambiance purement faite de rêves et désorientations. La voix absolument transcendante de Sofia Lawford apporte une douceur, comme une berceuse au moment où vous commencez à tomber dans les bras de Morphée. Votre odyssée débute… "Following Three Ghost" fait figure de premier 'vrai' morceau où vous entendez le groupe en entier se présenter : c’est du symphonique, pas de doute. Du progressif ? Attendez encore un peu…
Le claviériste D.L. Brandon sera très certainement l’interprète qui vous marquera le plus. Derrière ses claviers, la mélancolie et le toucher de ce dernier avec son instrument prennent le devant de la scène, c’est indéniable. Mais là n’était probablement pas le but que le groupe s'était fixé. Car la voix de Sofia ne va pas sans les accords de D.L. Brandon, et inversement. Pour en revenir au travail du claviériste sur cet opus, on perçoit un réel investissement. Des accompagnements toujours bien orchestrés (même si le plus souvent, il sera plus question d’être pianiste pour le musicien), des intros restant sur ce thème du rêve (comme sur les morceaux "Taste of The Tears" ou "Arcane Dreams") et servant de bases aux différents titres, attestent d’un gros travail en amont, de répétitions, de changements, pour un aboutissement de grande qualité.
Un album de metal symphonique se doit d’avoir au moins un titre absolument épique, dont on se souviendra et qui pourrait représenter le niveau de l’album. Il est évident que le dernier morceau, "Arcane Dreams", offre cette perspective, mais "Lady Shalott" aura su tirer son épingle du jeu : le plus rythmé, le plus enchanteur, le plus changeant également.
Même si malheureusement le batteur restera tout au long de cet Arcane Dreams en arrière-plan, n’offrant qu’une rythmique sans vraie recherche (ou besoin…) d’aller plus loin, les autres musiciens ne sont pas en reste. Sebastien, le guitariste, exécute de nombreux solos ("Randomization", le neuvième morceau, en est un parfait exemple) sur fond d’orchestration parfois déroutante pour un si jeune groupe : le titre "Arcane Dreams", quant à lui, livre une intro où Sebastien et le D.L Brandon donnent le ton sur cette composition qui sera la plus marquante de l’album. De nombreux instruments font la part belle à l’orchestration, se distinguant par de brèves interventions solistes toutes droit sorties d’orchestres symphoniques. La grande classe !
Même si cet opus pourrait pour certains manquer d’énergie ou de punch, c’est un choix assumé de la part du groupe et qui se marie parfaitement avec la thématique abordée. Sofia sait maîtriser son instrument, sans nous assourdir par des montées en aigus trop imposantes, ou tout simplement trop longues, à la manière de Sharon Del Adel (Within Temptation) plutôt que de Tarja Turunen.
Beaucoup de titres tirent en longueur, et cela s’avérera être un atout pour cet album. Des éléments progressifs, emportant l’auditeur dans de nouveaux lieux, permettent de ne pas perdre le fil rouge du morceau, revenant parfois vers la mélodie principale…parfois non.
Et que dire de "Back to Salem", une semi-ballade pleine de mélancolie et de tristesse à travers laquelle chacun se retrouvera ou perdra pied.
Pour un premier album, on ne peut le nier : Arcane Dreams est réussi. Et pour ne rien gâcher au plaisir, le mixage de Kristal Cross (Neurotics, Lost Resonance Found, …) équilibre parfaitement les différents protagonistes de cet opus. Reste à savoir maintenant si ces compositions rendront autant d’émotions sur scène. En attendant d’obtenir des dates de concerts, nous nous consolerons avec le CD.
Sortie le 31 Mars 2017 chez M&O Music
| 01 - "Beneath the Hat" 02 - "Following Three Ghosts" 03 - "Above Airplanes" 04 - "Taste of Your Tears" 05 - "Lady Shalott" 06 - "Scratching Game" 07 - "Dreamsailor" 08 - "Back to Salem" 09 - "Randomization" 10 - "Arcane Dreams" |  |
