Apocalyptic Love : Du hard Us comme les autres
Slash sort son nouvel album solo, après le succès rencontré par le premier du nom rempli d’invités et de la tournée avec Myles Kennedy. Si la performance musicale est là, le célèbre guitariste semble avoir du mal à se démarquer des autres albums du même genre. Résultat : un album agréable mais qui manque de génie pour faire la différence.
Rock n’Roll. Un mot que bien des musiciens ont à la bouche, mais que peu arrivent à incarner. Avec sa Gibson, son haut de forme, ses lunettes de soleil et sa clope au bec, Slash fait partie de cette minorité. Avec le style vient le son, tantôt punk dans ses phases agressives avec des distos acérées ("One Last Thrill"), mais c’est surtout sur les parties mélodiques grandement inspirées du blues qu’on reconnaît l’artiste ("Anastasia").
Un tel musicien avec un CV prestigieux, sur lequel sont inscrits Guns N’Roses, Velvet Revolver aux côtés d’autres grands noms du rock, suscite de grandes espérances sur un album tel qu’Apocalyptic Love, surtout quand le bougre s’entoure de membres loin d’être mauvais, tels que Myles Kennedy (Alter Bridge), chanteur au timbre typiquement US. Mais un rouage manque à la mécanique de Slash & The Conspirators.
Il s’agit des chansons. La plupart des 13 chansons (15 pour les gourmands) qui composent cet album typiquement hard US s’enchaînent sans se démarquer. Les riffs banals bien interprétés s’enchainent en faisant machinalement taper du pied pendant que Myles Kennedy déclame des lignes de chant avec talent mais sans conviction. Dans son coin, Slash tricote des mélodies US qui ont une saveur de réchauffé. Ainsi, la Gibson du patron ne fait que bavarder plutôt que de chanter la gloire du rock n’roll et le soleil de la Californie.
Cependant, quelques passages retiennent l’oreille. On notera la mélodie hypnotique d’ "Anastasia", power-ballade qui n’est pas sans rappeler "Sweet Child O’Mine" des célèbres Guns N’Roses, que le guitariste interprète toujours en live. Quelques refrains retiennent l’oreille, avec un Myles Kennedy rageur sur "You’re A Lie", tantôt fanfaron sur "Halo". Côté riffs, on retiendra l’intro d’ "Apocalyptic Love"», l’énervé "Hard & Fast" ou l’orientalisant "Shots Fired".
Ces points d’accroche sont malheureusement trop peu nombreux pour constituer un album à la hauteur d’un musicien tel que Slash, dont les plus grands exploits resteront dans le répertoire signé par les mythiques Guns N’ Roses. Une question se pose alors : est-il meilleur en tant que capitaine, ou en tant que lieutenant ? Si son talent d’interprète n’est plus à prouver, arriver à aligner une quinzaine de chansons sur un disque sans provoquer l’impatience de l’auditeur exigeant est un exercice autrement plus difficile.
Apocalyptic Love est un album agréable. Il peut occuper et faire une bande son rock n’roll sympathique. Mais cet album ne donnera pas envie de saccager sa chambre et ne videra aucun paquet de mouchoirs.