Vendredi – 18h35 – Temple
A peine entré sous la Temple, on a l’impression d’avoir été projeté tout droit aux temps de Conan ! Pans de cuirs, armures viking, spalières, bottes fourrées et autres peaux de bêtes habillant les festivaliers peinturlurés de manière tribale. Sommes-nous en train d’assister à un concert ou à une guerre entre barbares ? Pour l’ambiance, point n’est besoin de faire appel au Grand Corbeau, le public assure déjà à lui seul !
Les notes retentissent, et on discerne une cornemuse et des tambours primitifs. Corvus Corax est l’un des groupes les plus connus de metal néo-médiéval en Allemagne. L’utilisation d'instruments traditionnels (cornemuse, flûte, biniou, tambour...) fait son petit effet, on s’attend presqu'à voir William Wallace surgir de son Ecosse natale !
Une fois cette introduction instrumentale terminée, le rythme s’accélère et les musiciens ostrogoths se mettent à chanter en chœurs. Les barbares tapent dans leurs mains accompagnant les voix grégoriennes, puis le rythme devient de plus en plus endiablé ! Ca saute et ça danse sur les notes joyeuses des cornemuses. Ces instruments ont d’ailleurs un visuel impressionnant ; tous customisés avec des cornes ou pelages animaliers, recouverts de cuir, ils semblent avoir été volés aux anciennes tribus pour nous faire vibrer au milieu des ces bacchanales archaïques.
Lors d’une petite accalmie, Karsten Liehm alias Castus Rabensang fait résonner sa voix lyrique et profonde dans toute la tente tel un druide invoquant les anciens. Au milieu de la scène est édifiée une structure en bois primaire pour les tambours ; l’un des percussionnistes descend de son piédestal pour jouer du tambourin. Le public est de nouveau possédé par cette musicalité véloce : il bouge, il sautille et gigote dans tous les sens.
Les morceaux sont très linéaires dans leur ensemble mais quand on entre dans la danse cela n’a plus d’importance. Sous un éclairage rouge sang les barbares laissent sortir la bête qui sommeille en eux.
A l’écoute du timbre des chœurs harmonieux clamant une douce prière, le public se modère pour entrer en adoration contemplative. L’un des batteurs rejoint cette chorale médiévale, ce qui démontre la polyvalence de l’ensemble des musiciens. Hypnotisés et dans la mouvance, les festivaliers s’attrapent mutuellement par l’épaule et balancent alternativement leur jambe droite puis la gauche (des barbares dansant un pseudo french cancan au ralenti ca ne se voit pas tous les jours !). La trêve ne dure pas, ça repart une nouvelle fois. L'un des batteurs s'en donne tellement à coeur joie qu'on se croirait face à un véritable moulin à baguettes ! Celui-là emballe la foule qui part en circle-pit.
De nouveau un peu de répit pour retrouver son souffle, et un duo de cornemuse se met en place, invitant le public à chanter. La force de Corvus Corax émane de cette scène : c’est groupe qui ne joue pas que pour son public, il joue avant tout avec le public !
A la fin du set, les festivaliers en redemandent et ça repart de plus belle ! Le Grand Corbeau nous donne le tournis en nous faisant entrer dans sa transe et force est de constater que ses adeptes pourraient le suivre jusqu’à ce que leurs jambes ne les portent plus ! Que l’on aime ou non le néo-médieval et autre style de folk metal, on ne peut qu’être pris au jeu lorsque l'on assiste à un tel concert.
Crédit photographies : Thomas Orlanth et Julie Warnier Draksmoon 2017
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