Samedi - 23h25 - Mainstage 1
Apocalyptica nous a permis pendant près d'une heure de nous reposer un peu, que ce soit physiquement en se posant dans la pelouse, ou auditivement, grâce à un son plus aéré et moins agressif que le torrent de décibels qui sévit depuis maintenant plus de 48 heures. Impatient, le public l'est de voir entrer sur scène Aerosmith. Curieux, il l'est aussi, de voir ce que proposeront les Américains dans cette tournée d'adieux qui n'en est plus une, à peine trois ans après leur dernier passage en terre clissonaise. La réponse, légèrement mitigée, est à suivre.
L'éternel "Carmina Burana" annonce la montée sur scène des légendes d'Aerosmith, lorsque la scène est plongée dans le noir - ce qui change beaucoup le ressenti du concert, à l'inverse de certaines têtes d'affiche du festival qui jouent trop souvent avant le coucher du soleil. A l'instar de plusieurs de leurs pairs des années 80 - les Who, ou encore Def Leppard -, c'est une vidéo composée d'image d'archives retraçant sa carrière qui précède Aerosmith sur scène. Pas de mise en en danger jusque là, et le résultat est même plutôt plaisant. Puis vient le premire morceau, "Let The Music Do The Talking" : rapidement, le verdict est sans appel. Le groupe est en forme, Steven Tyler en tête. Malgré un timbre de voix légèrement voilé - la fatigue ? un mauvais rhume ? - on retrouve les intonations qui ont propulsé les albums du groupe sur les plus grandes scènes du monde.
Le son est globalement très réussi et équilibré, malgré un léger creux au niveau des guitares rythmiques par moments. Pourtant le frontman semble furieux sur scène, la faute à des retours capricieux : Tyler le fait savoir et affiche une frustration évidente pendant une bonne partie du set. Dommage que le public pâtisse de ce détail qu'il ne percevrait sinon pas. Joe Perry est techniquement à l'image de son Toxic Twin : impeccable, professionnel et investi. Le poids des années ne semble pas affecter le groupe, et on ne peut que s'en réjouir.
Du côté de la setlist, deux écoles s'opposent, et difficile pour nous de choisir notre camp. D'une part, comment résister aux intemporels "Livin' On The Edge", "Love In An Elevator", et autres riffs imparables quasi-hip hop à la "Walk This Way" ? Mais par aileurs, comment ne pas regretter plus de perles rares sur un set de cette durée ? Quid de "Toys In The Attic", ou encore de "Rag Doll" pourtant interprêtée sur un certain nombre de dates de la tournée ? Bref, le groupe semble malgré un niveau solide évident être passé en mode automatique, au point que le professionnalisme semblerait presque céder sa place à la routine.
D'autant que de nombreuses reprises ponctuent le concert, et ne sont pas toutes aussi pertinentes les unes que les autres. Ainsi, la double cover de Fleetwood Mac aurait pu être condensée, ce qui aurait pu laisser un peu de place pour un autre titre original d'Aerosmith. Mais ne boudons pas notre plaisir, les hits qui s'enchaînent restent un régal pour les oreilles, jusqu'au rappel, où un morceau de James Brown se retrouve encadré par "Walk This Way" et l'inénarrable "Dream On". Eh oui, le rituel est inévitable : piano blanc sur l'avancée de scène, Steven Tyler y chantant seul la première moitié du titre, et final de confettis sont le clou du spectacle de tout bon show d'Aerosmith !
Une chose est sûre : malgré un set classique et qui ressemblait trop à une redite du concert donné sur la même scène trois ans auparavant, Aerosmith en a toujours dans le ventre, et a régalé son public - oui, même vous les puristes qui réclamaient des raretés, on vous a vu taper du pied ! Voyons maintenant quelle trajectoire prendra le groupe dans le futur proche. Peut-être une date en salle pour boucler la boucle ?
Setlist :
Let the Music Do the Talking
Young Lust
Cryin'
Livin' on the Edge
Love in an Elevator
Janie's Got a Gun
Stop Messin' Around (reprise de Fleetwood Mac)
Oh Well (reprise de Fleetwood Mac)
Mama Kin
Sweet Emotion
I Don't Want to Miss a Thing
Come Together (reprise des Beatles)
Dude (Looks Like a Lady)
Train Kept A-Rollin' (reprise de Tiny Bradshaw)
Rappel :
Dream On
Mother Popcorn (reprise de James Brown)
Walk This Way
Photographies : © Nidhal Marzouk 2017
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