Après huit ans d'absence et un Archangel in Black qui avait reçu quelques avis mitigés de la part des fans d'Adagio, la formation française revient sur les devants de la scène avec Life. Nouvel opus, nouveau chanteur, et nouveau line-up au passage, avec l'intégration de Mayline aux violons, Life ne manque pas d'atouts pour séduire, quitte à surprendre également.
Lorsque le combo avait révélé les premiers extraits de Life, et notamment le clip de « Darkness Machine », nombreux sont les fans à avoir eu l'impression que la formation s'était engagée sur les chemins tortueux du djent. Alors certes, ce titre tout comme « Subrahmanya » comporte son lot de polyrythmies et de riffs saccadés. Certes, la production des guitares peut paraître froide au premier abord. Mais pourtant, à y regarder de plus près, les éléments qui ont fait le succès d'Adagio sont toujours présents. Dès « Life » qui ouvre l'album à merveille, on découvre la voix magnifique de Kelly Sundown Carpenter, bien plus proche de celle de David Readman, le premier vocaliste du groupe, que de celles de Gus Monsanto et Christian Palin, qui officiaient respectivement sur Dominate et Archangels in Black. Kelly Sundown Carpenter évoque même un Jorn Lande de la grande époque, celui qui faisait preuve de puissance et de mélodie sur le Burn the Sun de Ark, ou chez Beyond Twilight.
De même, le caractère progressif qui émane de l'oeuvre des français est bel et bien présent, depuis le titre d'ouverture qui s'étend sur presque dix minutes, et dont les orchestrations d'introduction rappellent Underworld, jusqu'aux harmonies de « The Grand Spirit Voyage » ou du refrain de « Secluded within Myself ». On ne peut également qu'être soufflé par l'apport des mélodies orientales et du violon mélancolique qui parsèment l'oeuvre avec subtilité et délicatesse (« I'll Possess You », « Subrahmanya »).
On apprécie également les plans mélodiques que le leader du groupe nous lance avec sa six-cordes (comme le solo de « Darkness Machine », celui de « The Ladder »), où qui sont issus des notes de piano de Kevin Codfert (« Torn »). De même, la power ballade « Trippin' Away », passage obligé dans le style est pourtant un petit bijou d'harmonie et le refrain rentrera rapidement dans les têtes des auditeurs, magnifié par la voix puissante et émotive de Kelly Sundown Carpenter.
Il n'y a pas de doute, les fans de la première heure seront une fois de plus décontenancés par ce cinquième opus qui, à la première écoute, semble s'éloigner toujours un peu plus du metal néo-classique de Sanctus Ignis. Mais c'est bien là la force d'Adagio, de chercher à évoluer en allant chercher ces influences toujours différentes. Dominate et Archangels in Black allaient trouver l'inspiration chez les groupes de metal extrêmes (Dimmu Borgir et Cradle of Filth en tête). Life puise ses ressources dans le djent, le metal progressif d'Ark et la musique du monde.
Déstabilisant au premier abord, il faudra plusieurs écoutes pour apprivoiser les subtilités de ce nouvel album (et elles sont nombreuses). En cherchant intelligemment à incorporer de nouvelles couleurs à son metal progressif, Adagio ne s'enferme pas dans un genre qui aurait pu rapidement devenir redondant et sonner daté. Life n'est autre que le meilleur opus sorti par les Français depuis Underworld et permet au combo de revenir sur les devants de la scène pour démarrer sous les meilleurs auspices sa deuxième partie de carrière.
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