Entretien avec Vogg, guitariste de Decapitated.
Nous avons eu la chanson de nous entretenir avec Vogg, guitariste charismatique du groupe Decapitated entre deux dates de festivals. En effet, le groupe de death metal polonais a un été chargé avec six dates de festival et la sortie de leur nouvel album Anticult, le 7 juillet. Voici ce que Vogg a à nous dire de ce nouvel album.
Votre album Anticult est sorti le 7 juillet dernier. Pouvez-vous nous dire quel est le message derrière ce titre et derrière cet album ?
Vogg : Je ne sais pas s’il y a réellement un message ou un sens au titre de cet album ou du côté des paroles. On est juste très énervé par tout ce qui se passe dans le monde actuellement, les guerres et tout ce qui arrive aux gens. Nous ne sommes pas forcément un groupe anti-religieux. On est plus énervé de voir des gens utiliser la religion pour dire aux gens quoi penser et quoi faire, en particulier quand on pense aux attaques terroristes et toutes ces mauvaises choses qui arrivent en Europe et dans plein d’autres pays. Il y a bien une chanson intitulée ‘’Earth Scar’’ qui parle de différentes choses. Elle parle d’un groupe qui voyage, et métaphoriquement parlant, nous sommes des nomades voyageant tout autour du monde en laissant des cicatrices là où nous passons. Nous prenons toujours une partie des cultures que nous rencontrons. Ces autres cultures peuvent nous voir sur scène, nous parler. C’est de la communication avec l’autre, ce qui est une chose positive. En fait, je crois que pour moi, cet album parle de liberté, de se libérer soi-même des chaînes d’un système qui vous dit quoi faire.
Oui car lorsqu’on fait partie d’un culte quel qu’il soit, on a tendance à se laisser guider par ce que l’on nous dit faire car c’est toujours plus facile de ne pas prendre nos responsabilités par rapport à nos actions.
Vogg : Oui, et la racine -cult dans le titre de notre album Anticult n’est pas forcément lié à la religion. Le -cult ici est une façon métaphorique de désigner tout ce qui pourrait faire pression sur vous et vous forcer à faire des choses. Cela représente le fait que quelqu’un vos dise ce que vous devez penser et ce que vous devez faire.
J’ai eu la chance de pouvoir écouter votre album et je pense qu’on peut dire que ce n’est pas un pur album de death metal. Les morceaux restent toujours aussi courts et puissants. Mais vous avez ajouté des parties plus lentes, ainsi que des parties atmosphériques qui laissent les auditeurs respirer et leurs esprits se balader. Est-ce que vous avez envie de faire de plus en plus évoluer votre musique dans ce sens ?
Vogg : Bien sûr, ce n’est pas un album de death metal old school typique. Mais je pense que Decapitated n’a jamais été un pur groupe de death metal comme Cannibal Corpse, Deicide, ou Suffocation. On essaye d’apporter un peu de fraîcheur, et ce depuis longtemps. On avait déjà essayé d’avoir ce type d’énergie dans notre album précédent avec un son un peu plus hard rock, rock’n’roll… Je pense que l’on arrive enfin au point où nous avons cristallisé notre propre style. Ce n’est plus du pur death metal depuis plusieurs années maintenant et je pense que les gens l’ont ressenti. Nous n’essayons pas de cacher cette évolution. Nous essayons d’élargir le spectre de notre musique. On essaye de jouer du metal extrême mais de ne pas nous concentré sur seulement un style musical. Pour ma part, en tant que compositeur, je me sentirais mal si je sentais le besoin de ne faire que du blast beat tout le temps et que ma musique restait aussi étroite d’esprit.
Pour cet album, vous jouez avec un nouveau bassiste.
Vogg : Oui, c’est Hubert WiÄ™cek. Notre précédent bassiste Pawel Pasek a eu quelques problèmes personnels donc il a décidé de quitter le groupe. Hubert apporte un peu d’air frais dans le groupe. C’est un mec super qui fait tout le temps des blagues. Il est très drôle. Il a enregistré les lignes de basse pour notre album Anticult. Il n’a pas vraiment pu composer pour le moment. Mais quand il prendra réellement sa place dans le groupe, je suis sûr qu’il apportera de nouvelles idées.
Quelle a été votre partie préférée dans la création de cet album ? Le composer, l’enregistrer ou êtes-vous pressé de partir en tournée pour jouer les morceaux sur scène ?
Vogg : Le processus de composition est plutôt compliqué. Cela prend beaucoup d’énergie et c’est un peu stressant. Je ne sais pas trop… J’aime enregistrer les guitares parce que je me sens bien quand je le fais. J’aime les sessions d’enregistrement de basse et de guitare. C’est sûr que le moment le plus relaxant dans la création de cet album a été de l’enregistrer. Pour composer, on doit vraiment être très concentré, c’est éreintant. Mais si toutes vos chansons sont prêtes avant d’entrer en studio, l’enregistrement est moitié moins stressant et fatigant. Les sessions d’enregistrement ont été de très bons moments. Je préfère être en studio une fois que tout est prêt à être enregistré.
Et la scène ?
Vogg : La scène, c’est un peu les vacances ! C’est la meilleure partie. Pour moi, c’est la meilleure partie du métier de musicien.
Vous avez beaucoup de dates prévues : des festivals durant l’été et une tournée américaine. Allez-vous venir jouer en Europe aussi ?
Vogg : On a des dates prévues en Europe avec les festivals. Il y a eu le Grasspop et le Hellfest. C’était fantastique ! J’ai de très bons souvenirs de ces deux festivals, particulièrement au Hellfest. C’est vraiment un super festival. En juillet nous avons aussi deux festivals en Pologne et un en Espagne. En août il y aura le Bloodstock Open Air au Royaume-Uni, le Brutal Assault en République Tchèque et aussi le Summer Breeze en Allemagne… En tout, je crois que l’on joue dans six festivals. Après ça, à partir du 21 août on commence une tournée américaine et canadienne. Après ça, nous aurons une petite pause, puis nous commencerons une tournée européenne mi-octobre. Nous jouerons en France durant cette tournée. Ce sera une tournée où nous serons tête d’affiche avec deux ou trois premières parties. Cela apportera un peu plus de matière à notre nouvel album Anticult. Et je dois dire que je suis impatient de faire tout cela.
Votre musique vous a permis de tourner avec beaucoup de grands groupes, mais si vous pouviez choisir un groupe avec lequel partager la scène, lequel serait-il ?
Vogg : Eh bien… je ne sais pas… Peut-être Metallica, Slayer et King Diamond.
Est-ce que vous pouvez le donner seulement un mot pour définir Decapitated ?
Vogg : Seulement un ? … Eh bien, je dirai « metal ».
Pouquoi ?
Vogg : Parce que je ne peux choisir qu’un seul mot et que c’est le premier qui me vient à l’esprit. Nous sommes un groupe de metal. Notre style évolue tout le temps. Nous changeons un peu nos riffs mais cela reste toujours du metal. Nous représentons le metal.
Une dernière question. Avez-vous quelque chose à dire à vos fans français ?
Vogg : J’espère que nos fans français aimeront notre nouvel album Anticult. Je pense qu’il vous plaira, c’est un album solide sur lequel vous pourrez trouver de bonnes chansons. Et je voudrais aussi dire que l’on aime toujours venir jouer en France, même si vos autoroutes sont ultra-chères !!! On aime votre pays, votre nourriture, votre vin, et la baguette bien entendu ! Mais sur un ton plus sérieux, on aime vos festivals. C’est l’un de mes pays préférés. J’adore venir en France et y jouer.
Interview: Eloïse Morisse