Qu’est-ce que Wintersun ? Nous n’arrivons pas à bien discerner ce groupe originaire de Finlande, tant leur capacité de création, en particulier celle de Jari Mäenpää, le chanteur et guitariste, surprend par ses changements de directions tellement différentes. Du death mélodique, du power, du heavy, du symphonique… Les quatre virtuoses nous promettaient, il y a cinq ans déjà, la suite du très apprécié Time, ce dernier s’étant lui-même fait attendre pas moins de six ans ! Et voilà qu’à la surprise générale, c’est un tout autre album qui pointe le bout de son nez dès le début d’année : The Forest Seasons, un concept-album dans la même idée de fond que les compositions de Vivaldi, mais bien éloigné dans la forme.
Quatre morceaux, quatre saisons. Pour la première fois, nous allons nous concentrer sur chacun d’entre eux, explorant ces créations musicales sans vous gâcher le plaisir de la découverte. Et du plaisir, à l’écouter, on en a eu…et on en a encore.
1. "Awaken From The Dark Slumber" (Printemps)
L’opus débute donc sur une douce note printanière, où l’ambiance ne prends que peu de temps à grimper. Sous ces airs de rythmique posée et calculée se cache en réalité un élan de solos et de riffs monstrueux. Il est à noter que Jari Mäenpää, le compositeur/chanteur/guitariste, quittera ce dernier rôle sur scène pour laisser la place à Asim Searah.
L’alternance entre le chant guttural et les mélodies chantées d’un timbre bien plus clair est une marque de fabrique de la bande. Jari monte comme il le souhaite, sans pour autant repousser les limites que son corps lui impose. C’est orchestral, c’est ambitieux, et c’est très agréable à écouter. Sur le papier, l’album compte donc quatre morceaux, mais ce n’est pas si simple, car la bande tient à ce que l’on respecte leur création. Cela étant dit, on peut donc considérer que l’album comporte quatre morceaux, mais huit compositions, thèmes. Par exemple, pour ce premier titre, la première partie s’intitule "The Dark Slumber". Sans être irritant, on y retrouve tous les ingrédients qui font de Wintersun ce qu’ils sont : du power, du chant crié, des riffs lourds, des solos… La deuxième partie, "The Awakening", tient très bien son nom de par cette force qui éveille nos sens à la recherche des éléments pointus du combo, ceux qui pourraient passer inaperçu, mais qui offrent à chaque composition un petit joyau.
La mélodie sur laquelle repose "Awaken From The Dark Slumber" est accrocheuse, et semble bien partie pour être celle qui ouvrira les concerts des Finlandais. La suite, c’est une toute autre histoire.
2. "The Forest That Weeps" (Eté)
"The Forest That Weeps" est bien plus vieux que l’on ne pourrait le penser. D’ailleurs, il n’est pas inconnu pour certains qui ont eu la chance de voir le groupe sur scène. Il fût déjà interprété en concerts depuis 2015 ! Des améliorations lui ont été apportées, et c’est cela qui lui permet de transpirer une force parfois dérangeant, oppressante. Une sorte de hurlement, d’appel à l’aide, ressort de cette composition. Le refrain est absolument divin, reprenant une histoire encore inachevée pour le moment, mais imposant une lourdeur issue de cette ambiance particulière.
Ce titre a marqué ceux qui l’ont entendu, et nous ne ferons pas exception à la règle : c’est propre, c’est inédit, c’est rythmé, les chœurs sont bien placés… Les douze minutes passent à une vitesse presque regrettable. Cette musique est sinusoïdale, grimpant pour atteindre des sommets et finissant dans un vrai creux d’une douceur plus légère, automnale…
3. "Eternal Darkness" (Automne)
L'OVNI de cet album, c'est bien "Eternal Darkness". Il se désintègre au fur et à mesure que le temps s'écoule, rappelant les origines du combo, vers un black metal oppressant et agressif. N'en déplaise à certains, la mélodie refait surface quelques instants, comme une bouffée d'air avant de retomber dans un cauchemar sorti des paniques nocturnes les plus sombres de Jari.
Sans être à côté de la thématique, et bien au contraire, il n'en ressort finalement pas une véritable ADN, et même si la structure est bonne, il n'en reste pas moins que c'est du déjà entendu. Malgré tout, considérons que la barre est déjà bien assez haute et que ce repos est mérité. Car finalement, et en plagiant une série bien connue : "L'hiver vient..."
4. "Loneliness" (Hiver)
Ce morceau sera la véritable surprise de cet opus. Tout comme "The Forest That Weeps", ce titre s’écoute d’une seule traite. La mélodie qui le compose est très fluide, mélancolique, et d’une noirceur intense. Dès les premiers écrits et les premières notes créées, Jari partageait régulièrement des vidéos de l’avancée de cette composition. On la sentait sombre et dans une ambiance plus triste que le reste de l’album, mais pas à ce stade. C’est un pas de plus pour Wintersun, une nouvelle porte qui s’ouvre à eux…ou plutôt qu’ils ont ouverte. Car on distingue deux morceaux : "Loneliness", en version complète, et "Loneliness" en version acoustique sur le Digibook de l’album, où un autre univers se dévoile.
D’ailleurs, sans même le connaître en entier, de nombreux fans se sont amusés à créer sur internet, à partir du peu qu’ils en connaissaient sur ce titre, une version semi-orchestrale, orientée vers ce qui se rapproche le plus de la version acoustique finale de l’opus.
Mais personne ne peut remplacer la création des véritables compositeurs. Et il n’y a rien à ajouter ou à enlever à ce titre. Il est soumis à une rythmique posée, mais garde la fraîcheur de la nouveauté, la vraie surprise de cette troisième offrande des Finlandais.
Alors oui, ce n’est pas Time II. Oui, Wintersun semble aimer les albums plutôt concis, ceux qui vont droit au but. Et c’est plutôt une bonne nouvelle que de voir un groupe évoluer sans perdre son identité. Malgré tout, The Forest Season est comparable à une lune de miel : c’est passé vite, et on en redemande… En attendant, il faudra se consoler avec cet excellent nouvel opus de la bande à Monsieur Mäenpää, et avec l’album live au Tuska Open Air, qui sort le même jour que The Forest Seasons.
