"Chaque jour je picole"
Aussi étrange que cela puisse paraître, je suis bien en train d'écrire le live report d'une soirée électro sur la Grosse Radio Metal. Oui, je ne renie rien, je ne regrette rien, non, non... Rien de rien ! J'ai à vrai dire un peu de mal à réaliser, mais j'assume !
Depuis leur passage au Motocultor en 2015, les Russes déjantés de Little Big ont un certain capital sympathie auprès des metalleux à l'esprit ouvert. Certes, leur musique n'est pas vraiment à ranger dans le metal, même pas de l'électro-metal, mais tout de même, un certain esprit chaotique y règne. Il y a des titres comme "Dead Unicorn" ou "Everyday I am drinking" qui ne peuvent que parler à un certain public avec leur côté trash également. Si vous n'avez pas vu leurs clips, il ne faut pas hésiter à y jeter un coup d'oeil, l'humour est présent et l'autodérision est assumée.
De là à aller à un concert... J'avoue que j'ai été convaincu par le fait que je voyais nombre de mes contacts sur les réseaux sociaux, très nettement metalleux pures souches, faire part de leur envie de s'y rendre, ce qui allait donc donner l'occasion de passer une bonne soirée. D'ailleurs, dans la salle, on pouvait apercevoir quelques tee-shirts de groupes extrêmes perdus dans une foule plus classique. Il y a même eu quelques slams...
Pourtant cela commençait mal, enfin de mon point de vue, avec mes chastes oreilles peu habituées aux sons électroniques. En effet, DJ Jet Cut était aux platines. Non pas qu’il était mauvais, mais bon, j’avais tout de même l’impression de m’être égaré un peu ici. Heureusement que le bar était fort sympathique, avec un excellent choix de bières de qualité. J’ai donc patiemment attendu la suite, en dégustant quelques breuvages frais et délicats…
Lorsque Little Big entre sur scène, on sent qu’ils ne vont pas faire de concessions. Et d’ailleurs, ils sont clairs avec le public, puisqu’ils débutent avec « Give me your money ». Bon, avouons tout de suite que le côté electro dancefloor est bien là. Mais cela n’empêche pas la chanteuse qui représente le côté « Little » du nom du groupe, à savoir Olympiya Ivleva, d’arborer fièrement une robe réalisée à partir d’un patchwork du plus bel effet. On reconnait entre autres, pêle-mêle, Kreator, Slipknot et quelques pentacles. Mettre ces deux groupes côte à côte tout en chantant de la musique adaptée à une rave, il est vrai que nous frôlons l’hérésie.
Mais peu importe ! Des titres comme « With Russia » ou bien sûr « Dead Unicorn » déclenchent une certaine folie dans le public compact qui remplit la Puce à l’Oreille ce soir. La chaleur, également au sens physique du terme, se propage de la scène et les corps devenus collants s’agitent en rythme.
Ilya Prusikin est également en pleine forme et je ne parle pas de Mr. Clown qui vient chanter vers la seconde moitié du concert avec Sophia Tayurskaya qui ajoute encore un peu plus une touche sexy au show.
Les titres s’enchaînent, et l’impression d’être dans une soirée en boite prend parfois le dessus, quand le côté malsain et provocateur de la musique de Little Big remet les pendules à l’heure. D'ailleurs, certains n'hésitent pas à slammer. Phénomène qui s'était d'ailleurs produit également lors de leur passage au Motocultor. On dira ce qu'on veut de leur musique, mais le concept plaît !
Le groupe sait s’adapter à son public, et entonne un chant paillard où il est question de péter la rondelle à un ami, ce qui prouve que les Russes ont un certain goût pour le délicat lyrisme français. Le concert ne laisse que peu de répit et la salle devient un véritable sauna. La soirée se déroule donc à merveille, quand soudain… La panne ! Et oui, l’ordinateur qui gérait la musique du groupe (oui, nous sommes bien à une soirée électro) a lâché. Les premières minutes offrent un répit bien mérité au public, qui en profite pour aller aux toilettes ou au bar, dans un ordre pas forcément toujours logique.
Le temps passe, on voit bien Sergey 'Gokk' Makarov s’afférer derrière le pupitre, mais rien n’y fait. La panne prend de l’ampleur et le temps passe, l’ambiance retombe et quand, enfin, après un bon quart d’heure, la musique peut reprendre, le groupe redémarre son set là où il s’était arrêté.
Même si un effort d’adaptation a été fait pour leur tube « everyday I am drinking », qui se transforme ici en « chaque jour je picole » en français dans le texte, et que, très logiquement, ce sont de très bons morceaux qui sont joués à la fin. Il n’en demeure pas moins que le soufflé est déjà retombé. On ne reprend pas comme si de rien n’était à deux ou trois titres de la fin d’un tel concert. On aurait espéré une petite prolongation, pour remettre vraiment la sauce et compenser l'attente, mais non, le groupe s'est cantonné à la setlist initiale. Dommage. Mais que voulez-vous, la technique est quelque part le talon d’Achille de l’électro, non ? C’est un peu comme une bouteille de vodka : elle est aussi importante que le contenu, mais si elle se fissure, tout fout le camp !
La licorne a donc succombé ce soir à un problème informatique. Mais quoiqu’il en soit, ce fût une expérience intéressante pour tout métalleux aux oreilles aussi larges que son esprit !
Setlist (version rose):
Voilà, ce report un peu particulier est terminé. Vous pouvez m'envoyer des insultes en disant que décidemment, nous publions n'importe quoi. Tant pis, le metal, ce n'est pas juste une musique, c'est aussi, et peut-être avant tout, un état d'esprit.
En guise de conclusion, je dirais qu'assister à un concert de Little Big, c'est un peu comme la masturbation dans les toilettes publiques. On est un peu honteux, mais ça n' empêche pas d'y prendre du plaisir.
Thomas Orlanth
Photographies : © Thomas Orlanth 2017
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