Le nouvel album de Dagoba, Black Nova, est sorti le 25 août dernier. Après le départ de son batteur historique, Francky Constanza et de Z à la guitare, quel est l'état du navire marseillais ? Pas d'inquiétude, la barque reste parfaitement à flot.
Il y a toujours un petit air maritime dans les albums de Dagoba. Un truc qui sent le sel et les algues à plein nez, qui donne envie de nager dans les calanques et de se battre avec la sardine géante qui bouche l’entrée du Vieux-Port. Et c’est cela qui fait l’identité du groupe. Loin d’être anecdotique, cet aspect est ancré dans la musique de Dagoba. En même temps, pour avoir vécu un petit moment à Marseille, les rapports entre les habitants et la mer sont particuliers. Il n’est donc pas anormal de retrouver cet aspect dans la musique du groupe (de metal) qui ''représente'' la ville phocéenne.
Si l’on retrouve cet aspect depuis quelques albums déjà (notamment sur Post Mortem Nihil Est ou Poseidon), il est de plus en plus marqué. Quitte à en faire une marque de fabrique, autant y aller à fond. Cette facette de Dagoba se retrouve sur plusieurs morceaux, dont le bien nommé "Stone Ocean". Sorti une semaine avant l’album, ce titre mélange un peu toutes les facettes de Dagoba pour arriver à une synthèse particulièrement aboutie de ce qui a été proposé pendant maintenant 19 ans. On a la grandiloquence de Face the Colossus, le mur de son de Post Mortem Nihil Est et le côté rentre-dedans de Tales of the Black Dawn. Une grosse synthèse, donc, de ce qui fait le cœur de métier des Marseillais.
Le metal industriel des débuts est toujours présent, mais on a aussi le droit à quelques morceaux avec une petite base électro (faute de mieux le définir de notre côté), comme "Inner Sun". Si cette piste peut sembler loin de ce qu’a fait le groupe à ses débuts, force est de constater que, au bout de quelques écoutes, disons trois ou quatre, ça fonctionne. Et ça fonctionne de mieux en mieux, pour être tout à fait honnête. Si toutes les pistes ne sont pas « machinées » comme "Inner Sun", elles ont toutes leur lot d’électro, à juste dose, est-il important de le dire.
La production de l’album est tout autant léchée que pour les autres galettes des Marseillais. Et c’est sans doute cela qui donne ce petit côté aérien à un son aussi lourd et aussi « machiné ». Cette production se retrouve, entre autres, sur le titre "The Infinite Chase". L’introduction, aux machines, débouche sur une grosse double pédale des familles et un chant growl typique de Shawter. Le chant clair du refrain, loin de tuer la puissance du morceau, en rajoute. "Loosing Gravity" est dans ce même état d’esprit, avec une majorité de chant clair, renforcé par des growls sur les refrains.
Derrière les fûts, Nicolas Bastos (ex-Esprit du Clan) a remplacé Francky Constanza, qui officie toujours pour Blazing War Machine. Comme pour Solstafir, si les changements de line-up agitent toujours un peu les fans, sur la musique que produit le groupe cela ne s’entend pas. Ou presque. Et, de toute façon, Dagoba n’en est pas à son premier changement de line-up, et ça avait déjà bruissé du côté des calanques, Izakar ayant été remplacé par Z en 2012, lui-même remplacé par JL pour ce nouvel album. Mention spéciale pour le solo solaire de "Phoenix & Corvus".
Un album-claque, tant la production, le chant, la batterie ou la guitare sont peaufinées. Dagoba trace son chemin sans se soucier du reste. L’album finit sur "Vantablack", gros morceau de cinq minutes, qui alterne et résume les efforts fournis par le combo marseillais tout au long de cet opus. Un bon choix de sortie pour cet album, qui s’inscrit dans la foulée de ce que propose le groupe depuis 2013 : aérien, lourd, léché.
> Black Nova, sorti le 25 août 2017, chez Verycords.