Satyricon – Deep calleth upon Deep

Après trois années de travail, Satyricon débarque avec Deep calleth upon Deep, son neuvième album via Napalm Records. Ce dernier a été enregistré à Oslo (Norvège) et Vancouver (Canada) au début de l'année 2017 et mixé avec l'aide du sorcier de studio Mike Fraser (qui avait déjà travaillé avec le groupe sur l'album Now, Diabolical sorti en 2006).
 

Ces dernières années la tâche de chroniquer un album des Norvégiens est devenue de plus en plus ardue. Pour le précédent album (Satyricon) il n’avait pas été facile de trouver les bons mots pour décrire un album plus que passable. Quand au petit nouveau, passé l’effroi de la pochette, un dessin obscur de l'un des plus grands artistes norvégiens de tous les temps, Edvard Munch ;  il fallait quand même bien s’atteler à l’écouter plusieurs fois, pour essayer de retranscrire mes impressions. Car nous sommes nombreux à adorer les Norvégiens pour ce qu’ils ont représenté pour la scène black metal et pour ce qu’ils sont toujours sur scène, une véritable machine de guerre qui n’a pas hésité à rejouer sur scène Nemesis Divina l’année dernière (on s’en souvient encore sur la colline du Fall of Summer)
 

Satyricon


Pour montrer comment l’album est important à leurs yeux, Satyr a déclaré que « Plus la sortie approche, plus je me dis que c'est soit le début de quelque chose de nouveau, soit mon dernier disque. Si ce doit être le dernier, autant que ce soit quelque chose de spécial. S'il doit y avoir d'autres disques, il faut que je fasse en sorte que ce soit différent de ce que j'ai fait avant, que ça sonne comme un nouveau départ. C'est un disque très, très sombre, très spirituel, et bourré d'énergie. »

Mais rapidement avec « Midnight Serpent » on retrouve toutes les structures connues de Satyricon, changement de rythme, riffs montants, voix linéaire scandant chaque ligne, son trainant des guitares, refrains  puis de nouveau une accélération grâce à la frappe de Frost. Structure à tiroirs reconnue entre mille que l’on retrouve depuis The Age of Nero. La voix parlée arrive à donner un côté plus sombre mais les riffs et la cadence ne nous étonnent pas plus que ça.

« Blood Cracks Open the Ground » aurait très bien pu se retrouver sur Now, Diabolical : le tempo et les riffs du début nous rappellent parfois ceux de « K.I.N.G. » mais avec des envolées partant dans tous les sens par la suite avec ses hauts et ses bas de montée et de descente de gamme.

Quand à « To Your Brethren in the Dark » il navigue dans un mid-tempo parsemé de riffs volants suspendus au dessus de blast beat tout en douceur où les riffs lourds et prenants jouent avec les limites de la dissonance. Ca tombe bien parce que « The Ghost of Rome »  fait office d’OVNI tant la mélodie va en étonner plus d’un et toujours accompagné de chœurs. Ou encore « Dissonant » qui porte bien son nom : cela vous aurait étonné ? Plus dans une veine « The Pentagram Burns » alliant bien la lourdeur et les accélérations,… mais… rapidement ralenti dans un univers de riffs assez déconcertant. Difficile à comprendre en fin de compte.

« Deep Calleth upon Deep » est lui aussi gorgé de riffs différents (à en croire que Satyr doit absolument étonner la galerie en en faisant le maximum en plus de la basse, des claviers et de son chant…). Mais le riff principal est sublime accompagné d’un cœur féminin à en déclencher des avalanches dans les plus hautes montagnes de Norvège. Dommage qu’ils ne se concentrent pas sur l’essentiel (quitte à raccourcir le titre) et qu’ils doivent à chaque fois trouver des structures laborieuses avant de réattaquer ce riff divinement parfait.

Back to the roots avec « Black Wings and Withering Gloom » (titre le plus long) qui détonne dans ce qu’on a entendu jusqu’à présent depuis l’ouverture de l’album. Frost se fait plaisir et on en imagine ses baguettes se promener sur la multitude de futs placés devant lui pendant que Satyr se fait plaisir sur les passages mid-tempo avant qu’ils ne s’accordent sur l’accélération finale afin de pimenter le titre.

« Burial Rite » quand à lui fait office de « all you can eat » avec « rythmique caractéristique de Frost in the text », riffs tourmentés où Satyr s’entremêlent les doigts avec toujours une voix parlée comme on en a trop l’habitude sur des changements de rythme à foison pour je ne sais quelle raison. En espérant tout de même que ce dernier titre ne soit pas là leur dernier « rite funéraire » de leur carrière.

Je pense que les deux musiciens aussi talentueux qu’ils soient, devraient ouvrir désormais la porte à d’autres compositeurs, amis musiciens afin qu’ils puissent ouvrir leur champ de créativité sans dénaturer l’essence même de ce qu’on a aimé dans la musique de Satyricon afin que l’histoire puisse continuer et nous étonner.
 

Lionel / Born 666

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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