Formé en Belgique en 2011, Fabulae Dramatis développe un metal progressif et avant-gardiste aux sonorités parfois impromptues dans le milieu du metal. Ils dévoilent cette année leur deuxième opus, Solar Time’s Fables. Alors, après une première galette parue en 2012 et acclamée par la critique, qu’en est-il de ce nouvel album ?
Atypique. C'est le premier mot qui vient en tête après la première écoute intégrale de Solar Time’s Fables. Alliant avec magie un chant lyrique contrôlé et un chant guttural d’une grande maîtrise, Fabulae Dramatis ne fait pas dans la demi-mesure. La formation belge propose un album conceptuel, basé sur des écrits originaux et illustré par des sonorités progressives et influencé par la musique du monde. On pourrait presque qualifier ce second opus comme expérimental. En effet, différentes cultures sont approchées et la part belle est donnée aux multiples influences dans le milieu du metal.
On retient tout d’abord un côté avant-gardiste, de part l’expérimentation de nouvelles sonorités avec l’introduction d’instruments comme la sitar, l’harmonium, les tambours et autres djembés et même un accordéon. L’association de deux, voire trois par moment, styles vocaux est une force pour ce groupe pas comme les autres. Les paroles, tantôt en anglais, tantôt en espagnol, tantôt en allemand, représentent la complexité de la relation entre la nature et l’être humain à travers le temps. Les inspirations viennent de contes, fables et de légendes extraites de diverses cultures.
Côté musique, on retrouve des aspects venant à la fois du black metal et du post-black, du symphonique, du progressif et de l’avant-garde, comme vu ci-dessus. Ces différents genres offrent un melting-pot inattendu mais font part d’une grande liberté, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Solar Time’s Fables est un album unique, curieux, mystérieux, inattendu mais dont le groupe semble très fier. L’aspect théâtral revient à de nombreuses reprises. Cet album est présenté par le groupe comme étant un moyen pour eux de s’exprimer en toute liberté.
Solar Time’s Fables s’ouvre sur le grandiose “Agni’s Dynasty (Fire I)” et ce titre pose les bases d’entrée de jeu. Tous les styles musicaux abordés plus haut sont représentés et aucune perte de contrôle n’est à déplorer. On retrouve les trois vocales différentes : le lyrique, le guttural et le chant clair crié maîtrisé. Du côté des musiciens, on retrouve des riffs de guitare assez régulièrement qui restent en tête, des choeurs et des parties instrumentales entêtantes.
Il est difficile ici de parler de similitudes entre les titres, tant tout ce qui se suit ne se ressemble pas. Ce que l’on peut qualifier de commun à chaque morceau est la richesse mélodiques et les harmonies techniques. Les solos sont riches en technicité, notamment dans les titres “Sati (Fire II)”, “Stone”, “Forest” ou encore sur le final “Barren (Gravel)”. Dans “Heresy (Steel)”, on découvre cet aspect lié à l’opéra et au théâtre, que l’on peut retrouver également dans l’aspect symphonique de certains titres comme “Nok Terracottas (Mud)”.*
Mais la diversité de cet opus vient surtout des influences culturelles multiples, comme par exemple avec le titre “Robble Para El Corazon”, où l'on peut distinguer un accordéon se mêlant aux instruments plus traditionnels, faisant penser à un gros melting pot mêlant tango au metal. Les influences orientales peuvent aussi se ressentir dans des titres comme “Forest” ou encore “Sirius Wind”.
Solar Time’s Fables se termine sur le titre “Barren (Gravel)”, qui est probablement le morceau le plus abouti de l’opus. En effet, l’association des voix féminines et masculines apporte un côté mythologique que l’on pourrait comparer au chant des sirènes. De plus, les lignes mélodiques accompagnant les voix aériennes des artistes apportent un effet de grandeur au titre, qui clôture ainsi cet album en apothéose.
Alors dans l’ensemble, on peut dire que Solar Time’s Fables est une réussite. Cependant, il convient de préciser que les enchaînements des titres ne sont pas toujours très judicieux et il arrive parfois que l’on s’ennuie sur un titre en plein milieu de l’album, qu’il aurait été judicieux de mettre à un moment plus opportun : il est nécessaire de ne pas faire retomber l’ambiance lorsque tout semble se passer à merveille et c’est fort dommage de passer d’un moment d’euphorie à l’ennui. Malgré ce détail, Fabulae Dramatis a su produire un second album de qualité et nul doute que l’on entendra parler d’eux quelques années encore !