Avec La Grande Guerre de l'Epice, les Auvergnats de Nephren-Ka sortent déjà leur troisième opus, d'un death metal toujours violent, puissant et massif. Abordant dans ses textes l'univers de Dune créé par Frank Herbert, le quatuor puise une fois de plus son inspiration musicale chez les ténors du genre que sont Hate Eternal, Origin et Nile, tout en diversifiant un peu plus son champs de bataille sur ces neuf nouvelles compositions.
Pas de doute, le combo est de retour en forme après The Fall of Omnius qui confirmait les espoirs que l'on avait pu placer en lui au moment de la sortie de Revenge and Supremacy. Et cela s'exprime dès le début de "Watch and Learn" qui matraque d'entrée de jeu les oreilles des auditeurs non-avertis avec une rythmique blastée dévastatrice. Le chant d'outre tombe de Laurent Chambe rappelle les grands noms du genre, de Frank Mullen (Suffocation) à Erik Rutan (Hate Eternal), sans toutefois rester cantonner à ce style guttural profond. En effet, on se rend rapidement compte que le travail effectué sur les parties vocales est clairement l'un des atout de cet opus, par rapport à ses deux prédécesseurs.
Outre le growl caverneux, le vocaliste de la formation auvergnate s'essaye aux parties hurlées (sur le début de "From High Hopes to Failure Complete" notamment) qui prennent pour l'occasion une touche black bienvenue. De même, l'écriture varie entre textes en français ("Idar Fen Adijica", le refrain de "Proditoris Gloriosa Finis", "The Great Spice War") et dans la langue de Shakespeare ("Watch and Learn", "Plan to Master the Universe"), ce qui rend les titres dynamiques et évite l'écueil de la monotonie.
Instrumentalement, on reste également dans un style où la technique est reine (on pense notamment à ces plans en sweep sur "The Demise of Ix") bien que le maître mot prôné par Nephren-Ka sur ces neuf pistes reste l'efficacité. Comment en effet ne pas souhaiter headbanguer à l'écoute des brulots rapides et puissants que sont "The Demise of Ix", "The Great Spice War" ou "Fenring's Test". Les riffs et les soli de guitare de Sebastien Briat savent toutefois se faire mélodiques lorsque cela est nécessaire ("Proditoris Gloriosa Finis") et servent le propos de la formation.
Si le combo cherche à varier le propos, Nephren-Ka ne peut toujours pas renier ses influences premières que sont Origin et Nile, notamment sur "Proditoris Gloriosa Finis" ou sur l'outro de "New Melange for the Real God", qui rappelle clairement le groupe de Karl Sanders. Mais le combo insuffle tout de même sa personnalité sur l'ensemble de l'oeuvre, bien plus encore que sur Revenge and Supremacy et The Fall of Omnius.
Pour clore son oeuvre, Nephren-Ka s'attaque à l'exercice périlleux de la reprise. La prise de risque est d'autant plus grande que le quatuor a choisi de réinterprêter "Mirror Mirror" de Candlemass. Et le résultat est à la hauteur puisque les Auvergnats ont su mettre leur touche dans ce titre, avec une rythmique plus mordante que l'originale (en partie grâce aux martèlements de batterie de Thibaud Pialoux) et au chant death de Laurent. De quoi conclure cette oeuvre sur une belle surprise.
Au final, ce troisième opus de Nephren-Ka est de loin le plus abouti des Auvergnats. Si au premier abord on peut reprocher une forte ressemblance avec les influences non déguisées du combo, on se rend rapidement compte que le quatuor a développé sa propre personnalité à travers cette oeuvre et cherche avant tout à réaliser un album cohérent, efficace et dont les riffs restent finalement très accrocheurs. En dépit des apparences, Nephren-Ka a su mettre de la subtilité dans ses compositions qui s'avèreront vraisemblablement dévastatrices en live.
Note : 8,5/10
Sortie prévue le 13 octobre chez Dolorem Records
Crédit photo : Droit réservé Nephren-Ka
