Evergrey (& Need) à  La Boule Noire – 01/10/2017


On ne peut pas franchement dire que La Boule Noire soit au bord de l’implosion ce soir. Aussi faut-il souligner qu’à quelques dizaines de mètres de là, les Finlandais d’Ensiferum se préparent à balancer une grosse sauce festive à la Machine du Moulin Rouge. Ce soir il fallait probablement faire un choix entre deux groupes, pas forcément aussi populaires l’un que l’autre, mais disposant d’une fan base solide et d’une bonne réputation en live. Malgré tout, les Suédois d’Evergrey sont attendus de pied ferme par leurs fans et ces derniers ne vont pas regretter leur choix. Mais tout d’abord, place à Need.

 

Need
 


Avec leurs (presque) 15 années d’expérience au compteur, les Grecs de Need montent sur scène avec le sourire et affichent une certaine forme de confiance tout en dégageant un sentiment d’humilité qui va se confirmer durant les 30 prochaines minutes.

Très souriants, les cinq musiciens montrent d’entrée un immense plaisir d’être sur scène. On apprécie tout particulièrement la bonhomie de Ravaya, le guitariste, et sa tête de gros nounours. Durant tout le set, il ne manque pas de se mettre le public dans la poche avec ses grands sourires et ses invitations à applaudir. Quant à Jon, le chanteur, sa très belle voix capte l’attention du public et l’accueil est très bon. Groupe de prog par excellence, les Grecs n’ont besoin que de trois morceaux pour assurer leur set. La comparaison avec un Dream Theater s’impose rapidement, mais cela n’est en aucun cas problématique tant le quintet maîtrise son sujet.
 

Need


À la fin de "Rememory Alltribe", la fosse montre un véritable engouement pour la musique de Need. En témoignent les nombreux cris d’encouragement et les très forts applaudissements. Indiscutablement ému, Jon salue son public dans un très bon français, présentant rapidement son groupe et annonçant le morceau suivant, "Mother Madness". La musique du combo et les libertés offertes par le prog proposent différentes émotions allant d’une atmosphère plutôt onirique à l’énergie et à la rage, notamment grâce aux growls d’Anthony (claviers). Chaque musicien est en place. On apprécie tout particulièrement les phases de walking de Victor (basse) exécutées très proprement ou la transe dans laquelle Stelios (batterie) semble plongé.
 

Need


Aux termes de ce set de trois titres, les Grecs sont plus qu’heureux de s’être produits ici ce soir. Un plaisir réciproque que l’on devine facilement lorsque les membres viennent se promener dans la fosse et où est les poignées de mains et les « great show guys ! » sont légions. Mission accomplie pour Need !

Setlist:

Rememory Alltribe
Mother Madness
Tilikum Hegaiamas

 

Evergrey
 


Les lumières s’éteignent et de fortes lights bleues viennent éclairer la scène de La Boule Noire, bien garnie par la batterie et les claviers. Il va donc falloir se serrer un peu. Un à un, les musiciens d’Evergrey arrivent sous les acclamations de la foule prête à accueillir les émotions proposées par la musique du combo. Dernier à arriver, Tom Englund arbore son beau sourire et l’on sait que lorsque ce grand gaillard est heureux, il ne manque pas de le montrer.

Alors que certains s’attendent légitimement à un petit "Passing Through" ou une autre très bonne composition de The Storm Within, c’est finalement avec la tonitruante "Solitude Within" (Solitude, Dominance,Tragedy) que s’ouvre le concert. En dépit du potentiel du titre, point de pogo, le public préférant lever les mains et apprécier le spectacle. Il y a de quoi : les lights sont vraiment excellentes et offrent une ambiance plus qu’agréable. De plus, et malgré un certain stoïcisme, les Suédois dégagent un fort charisme. Malheureusement, le son est loin de suivre. On le rappelle, de part sa configuration (plus longue que large et en sous-sol), La Boule Noire propose une acoustique assez particulière et ce soir la batterie de Jonas Ekdal prend un peu trop le dessus sur les autres instruments, et plus particulièrement sur les claviers de Rickard Zander.
 

Evergrey


Qu’à cela ne tienne, le plaisir est présent des deux côtés de la scène. Englund finit par prendre la parole et souligne la chaleur ambiante, c’est vrai que l’on transpire pas mal. « Bon, qui travaille demain ? » demande le guitariste / chanteur qui se voit rétorquer par un spectateur « Et qui travaille ce soir ? ». Accompagnant les rires de l’assemblée, le frontman rétorque spontanément : « Moi, mais moi j’adore mon job ! ». Le ton est donné, spontanéité et bonne humeur semblent être les maîtres-mots ce soir.
 

Evergrey


Le concert couvre intelligemment la copieuse discographie d’Evergrey, même si l’on est plutôt surpris de voir la dernière galette représentée par seulement deux morceaux. Notamment la grisante "My Allied  Ocean" introduite avec humour par un « On va passer à quelque chose d’un peu plus rapide, ça vient de notre dernier album ! ». D’ailleurs on note dans cette setlist un très bon équilibre entre morceaux énergiques et titres un peu plus atmosphériques (déprimants, diront les mauvaises langues). L’émotion est également au coeur de ce concert, avec quelques moments bien poignants comme "I’m Sorry", reprise de Dilba ou encore lors du petit medley "Words Mean Nothing/Missing you" interprété par Englund et Zander.

Le chanteur ne manque pas de faire à nouveau un peu d’humour « Vous savez comment ça marche de ce côté ? De l’autre côté si vous ne savez pas, vous n’avez qu’à remuer les lèvres mais, s’il vous plaît, ne chantez pas ! », provocant derechef de nombreux rires et encore plus lorsqu’il passe sa main devant son visage pour passer d’une mine joyeuse à une mine triste. Comme quoi un peu d’autodérision…
 

Evergrey


Quant aux autres musiciens, ils ne sont pas en reste : Rickard Zander a le droit à quelques soli envoûtants (et vu son absence quasi-totale dans la balance lorsque les autres jouent, c’est plutôt sympathique). Assez discret tout au long du set, Johann Niemman offre un petit solo de basse fort agréable puis est rejoint par Henrik Danhage pour un moment assez… Tendancieux où les deux hommes se lancent des petits regards coquins. Danhage, dont les soli sont assez peu audibles depuis le début, livre un petit solo rappelant son amour pour le blues. Au final, chacun des membres a son petit quart d’heure de gloire, à l’exception du batteur Jonas Ekdal, presque invisible derrière ses fûts.

Retour du rappel et remerciements très chaleureux de la part du frontman : « Et si vous nous aimez, parlez de nous autour de vous ! Comme ça on jouera dans une salle plus grande la prochaine fois ! ». Une déclaration dite sur un ton mi-figue mi-raisin et l’on peut supposer que Evergrey est quelque peu blasé de jouer sur une petite scène comme celle-ci.
 

Evergrey


Le show s’achève sur la solennelle "Kings of Error" où les Suédois se lâchent une ultime fois et c’est avec beaucoup de sourires que tout le monde se dit à bientôt. Très bon concert que celui de Evergrey ce soir. Toutefois, on ne peut que regretter le son très moyen qui a accompagné cette prestation ainsi que l’idée que le quintet s’est peut-être un peu fait spolier pas Ensiferum. Mais ce qui est sûr, c’est que cette poignée de pèlerins qui s’est déplacée ce soir en a eu pour son argent, et c’est bien là l’essentiel.

Setlist:

Solitude Within
Mark of the Triangle
Leave It Behind Us
The Fire
Distance
A New Dawn
Black Undertow
My Allied Ocean
Words Mean Nothing / Missing You
I'm Sorry
Broken Wings
The Grand Collapse
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When the Walls Go Down
Recreation Day
A Touch of Blessing
King of Errors

Crédits photos: Justine Cadet
Toute reproduction interdite sans autorisation de la photographe



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