La tornade Alestorm se devait d'avoir enfin une vraie tournée en France. Car après une prise de température en première partie de Sabaton et un passage au Hellfest 2017 ou la pauvre Temple n'aura pas suffi à contenir tout le public, une tournée en tête d'affiche était un pari largement réalisable. Aucune surprise, toutes les dates en France affichent complet, et le Bikini et ses 1400 places en sera un des meilleurs exemple, pour ce qui sera la plus grande date du groupe en tête d'affiche depuis ses débuts.
Troldhaugen
L'apéritif de la soirée se nomme Troldhaugen, et c'est le style de première partie dont vous parlerez encore longtemps, tant l'affaire est maîtrisée, assumée, et originale. Le quatuor se présente sur scène, équipé plus ringard tu meurs : petites tenues moulantes couleur gris-aluminium-Bogdanoff pour les musiciens, tandis que le chanteur, plutôt en chair, se trouve étouffé dans un mix K-Way legging intégral noir serré au maximum, avec une banane jaune fluo à la ceinture et des baskets blanches. Impossible de ne pas exploser de rire avant les premières notes, premières notes qui cloueront le bec à l’assistance légèrement dubitative.
Le combo australien nous envoie un crossover surprenant et précis, savant mélange entre la folie de Kontrust, le son de Primus et les riffs d'Avatar. Impossible de suivre, chaque seconde est une surprise entre revirements soudains, arrangements indus-techno-cartoon, voix off complètement barge et structures alambiquées. Oubliez le classique couplet-refrain, chaque titre est un joyeux bordel impossible à anticiper, bien aidé par un jeu de scène risible qui colle parfaitement à la situation. Le chanteur se mange les cheveux, se roule par terre, se prend pour un ventriloque avec une peluche de dinosaure, fais tourner des handspinners, ou imite le poulet sans pour autant délaisser son chant varié, passant du death hurlé aux montées lyriques maîtrisées.
Quelques titres s'écoulent avant que la fosse ne comprenne vraiment ce qui arrive : entre regards gênés et amusés, tout le monde se laisse finalement emporter par la vague Troldhaugen et c'est un accueil monumental qui est réservé aux Australiens. Encore un groupe réellement capable de se démarquer en proposant un univers fou, maîtrisé et rafraîchissant. A suivre de très très près sans aucun doute, en commençant par le dernier album Idio+syncrasies qui résume à lui seul l'esprit du groupe.
I Ordered a Taxi Driver Not a Taxidermy
CRISPr Me Baby (One More Time)
BMX Terminator
Poultrytician
Mambo Mambo! (¿Binko Banko?)
It’s Morphine Time
Jaw Drop
Genome In A Bottle
Viva Loa Vegas
Æther Realm
Seconde première partie, beaucoup plus classique puisque Æther Realm présente un death mélodique à tendance pagan, assez éloigné de la folie précédente. Première date en France pour les Américains, mais quelques fans présents dans la salle font monter la pression. Le bassiste chanteur Vincent Jones s'avance, plutôt heureux de cette première chez nous, prêt à dégainer avec son équipe ses riffs lourdos et ses mélodies guerrières.
Les arrangements sur bande permettent de donner du relief à leurs titres assez linéaires dans l'ensemble. Un chant plutôt droit, un batteur assez stoïque et une première partie de set assez plate, on passe un bon moment sans plus lors des premières minutes. Heureusement, le combo met beaucoup d'énergie à la tâche avec beaucoup de déplacements, de headbangs furieux et des morceaux qui montent en puissance. Ajoutez à cela l'arrivée de Chris Bowes déguisé en saucisse pour chanter un couplet, et l'atmosphère se détend forcément beaucoup plus.
Terminant sur un titre à tiroir, ''The Sun, The Moon, The Star'' avec son intro ballade émouvante, le groupe achève les fans et convainc les autres, bien aidé par un son précis et puissant malgré quelques coupures du chant et des graves ça et là. On sent le public chauffé à blanc et bien plus serré en attendant l'arrivée de nos pirates préférés...
The Magician
Tarot
Death
Swamp Witch
King of Cups
The Chariot
The Sun, The Moon, The Star
Alestorm
Il est impossible de bouger le petit doigt dans la fosse comme sur la terrasse du Bikini lorsque la lumière baisse pour Alestorm, tant la salle est pleine à craquer. Quelques slammers apparaissent avant même le début du concert, ponctué par des classiques de Queen ou le célèbre ''Eye of the Tiger'', hurlés en chœurs bien sûr. Plus grosse date de la tournée en terme de capacité, l'ambiance promet d'être à la hauteur, même pour un lundi.
Sur scène, c'est enfin la place et l'espace que mérite le groupe en France : une pleine scène pour eux, batterie et claviers perchés de chaque côté, le célèbre canard en plastique gonflable de deux bons mètres au centre, basse et guitare entourant un leader qui se baladera clavier autour du cou (un keytar pour être précis). Nouveau backdrop avec l'arrivée d'un crocodile en vacances au soleil, cocktail à la patte devant une jolie éruption façon cartoon. Fini les oies-bananes, mais le ringard n'est évidemment jamais très loin...
Après une intro électro-guignolesque présentant le groupe, tout le monde arrive sous les hurlements impressionnants d'une foule en fusion prête à sauter et courir en cercle pendant une heure et demi. Et rien de mieux pour commencer que le classique ''Keelhauled'' pour craquer l'allumette, début d'un best-of de ce que les Ecossais ont fait de mieux. Si No Grave but the Sea est évidemment au centre des débats, les classiques sont de sortie avec une setlist de 18 titres, histoire de contenter tout le monde et se faire plaisir par la même occasion. Pas de temps mort et c'est la mélodie déjà très connue du nouveau titre ''Alestorm'' qui résonne et retourne définitivement la foule. Le public toulousain est bouillant et les pauvres vigiles auront du mal à attraper tous les slammers déferlant aux barrières.
Le son est également à la hauteur de la prestation : tout le monde est audible, et même si la guitare est en retrait et les pains encore nombreux, le mix est puissant et agréable, un bon cran au dessus des premières parties. Le guitariste Máté Bodor semble enfin avoir trouvé sa place et fait sonner sa guitare sans fausse note (bien loin de la prestation de Bordeaux l'an dernier) tout en ajoutant quelques détails en plus, tout en maîtrise et finesse. Elliot Vernon aux claviers prend encore du gallon avec des parties lead en chant saturé, des solos en soutien de Chris et des chœurs toujours utiles. Un distributeur de boissons alcoolisées trône toujours devant la batterie, mais l'attraction principale est évidemment le leader Christopher Bowes. Accoutré à la mode comme toujours avec un ensemble kilt - sandales - marcel magnifique, faisant publicité d'un voyage étrange et d'un dauphin tendancieux (on ne se prend toujours pas au sérieux chez Alestorm, et c'est ça qu'on aime). Irréprochable pour faire monter l'ambiance, son chant de vieux pirate alcoolisé colle parfaitement à la situation sans jamais faillir.
La reprise de Taio Cruz ''Hangover'' présente sur Sunset on the Golden Age est encore de la partie, et quelques roadies rejoignent le groupe pour la partie en rap et avec une guitare acoustique en plus. La ballade ''Nancy The Tavern Wench'' fait spontanément assoir toute la fosse, quelques téméraires se faisant porter vers la régie, en rythme évidemment. Les titres longs tels ''1741 (The Battle of Cartagena)'' ou ''Captain Morgan's Revenge'' posent des ambiances maintenant bien plus abouties que sur album. L'ensemble des titres passent sans soucis, nouveaux comme anciens, même si les hits tels que ''Shipwrecked'', ''The Sunk'n Norwegian'' ou ''Drink'' sont un petit cran au dessus. Le rappel est une formalité devant une foule si motivée, avec un final sur l'hilarant ''Fucked with an Anchor'' du dernier album.
Pari indéniablement réussi pour Alestorm : des conditions de rêve, presque deux heures de show, une setlist fournie et un groupe bien rodé ont fait de cette soirée un souvenir impérissable. Difficile de prédire la suite pour nos pirates préférés, mais on espère qu'elle sera à la hauteur de tout ce qui a été présenté jusqu'à maintenant...
Keelhauled
Alestorm
Magnetic North
Mexico
That Famous Ol' Spiced
The Sunk'n Norwegian
No Grave But The Sea
Nancy the Tavern Wench
Rumpelkombo
1741 (The Battle of Cartagena)
Hangover (reprise de Taio Cruz)
Pegleg Potion
Bar ünd Imbiss
Captain Morgan's Revenge
Shipwrecked
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Drink
Wenches & Mead
Fucked with an Anchor
Crédit photo: Draksmoon - Julie Warnier
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