Ce live report adopte un format quelque peu particulier. En effet, il est très personnel et représente davantage l'avis d'un amateur de musiques metal et de festivals, que le travail exhausitif et normé d'un journaliste. En tant que tel, il n'engage que l'avis de l'auteur et non pas de la rédaction de La Grosse Radio.
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Ma lettre d’amour au Motocultor...
Cher Motocultor,
Cela fait maintenant dix ans que tu es venu au monde. En ce qui me concerne, je ne te connais que depuis 2011, date à laquelle tu as commencé à faire battre mon petit cœur de metalleux émotif.
J’avoue que ça n’a pas toujours été facile de te suivre, car il est vrai que tu as de nombreux défauts. Je me souviens de ces problèmes d’horaires de passage des groupes, qui changeaient de temps en temps, sans vraiment prévenir le public autrement que par un petit mot griffonné sur du papier A4 accroché quelque part près du stand de vente de jetons de bières.
Je me souviens aussi de ces moments pénibles où la queue pour avoir droit à un piètre sandwich dépassait l’heure d’attente.
Je me souviens aussi des files interminables pour entrer, de préférence au moment où le soleil breton tapait comme s’il se trouvait face à la côte d’Azur.
Je me souviens des fouilles interminables pour entrer sur le camping, à la recherche d’une fourchette qui dépassait, alors que certains de mes amis entraient allégrement avec un joli couteau forgé main par un artisan un peu plus tard parce que finalement, quelqu’un avait eu le bon sens d’accélérer les entrées pour éviter la queue à minuit.
Je me souviens des problèmes d’eau et de ravitaillement.
Je me souviens aussi de ces bénévoles épuisés à qui on avait expliqué qu’il n’y avait plus rien à manger, ou presque, pour eux, qui venaient d’enchaîner huit heures de boulot ingrat.
Mais, dans un couple, on sait pardonner quand on aime vraiment l’autre.
Et puis, je sais que tu as essayé de changer, mon cher Motocultor.
Certes, tu as conservé encore de nombreux défauts, mais c’est aussi un peu ce qui fait ton charme.
Cette année par exemple, pas de modification d’affiche au dernier moment (à moins que je ne m’en sois pas rendu compte), des files d’attentes aux stands de nourriture raisonnables, une gestion du camping correcte… Certes, tout le monde ne sera pas forcément entièrement d'accord avec moi, mais, l'amour rend parfois aveugle, n'est-ce pas ?
Mais tout de même, la maturité et l’expérience acquise les années précédentes y est sans doute pour quelque chose et a fini par limiter les défauts…
Bien sûr, un parking PMR proche était une superbe idée, mais le fait qu’il soit à moitié vide et alors que le parking pour les festivaliers était très éloigné du site avait sans doute une bonne justification, mais cela a tout de même refroidi quelque peu certaines ardeurs.
Motocultor, on t’aime tellement que tu as pu réussir un crowfunding pour éponger une partie de tes dettes accumulées. Certes, certains contributeurs qui ont donné des sommes non négligeables et qui ont reçu un porte-clé en contrepartie, ont été un peu déçus tout de même. En ce qui me concerne, quand je donne quelque chose pour aider quelqu’un, je ne m’attends pas forcément à recevoir quelque chose de plus qu’un merci sincère en retour, donc cela ne me choque pas particulièrement.
Evidemment, il y aura toujours des gens pour râler, en partie à juste titre, car tout de même, Motocultor, tu sembles avoir quelques difficultés pour apprendre de tes erreurs passées.
Mais c’est aussi pour ça que je t’aime. Toi, le festival qui a commencé dans les champs, et qui est toujours dans les champs. Toi qui a commencé sur un délire entre amis, et qui permet aux amis de continuer à délirer, de préférence devant des groupes comme Tragedy pour ne citer que celui-là.
Oui, toi Motocultor, tu es le seul festival où l’on peut enchaîner un selfie entre potes devant Vital Remains et un autre devant Giédré dans la même demi-heure.
D’ailleurs, c’est aussi cela qui fait ta particularité : offrir systématiquement un groupe qui n’a absolument rien à voir avec le metal, si ce n’est l’esprit déjanté et l’humour bon enfant du métalleux accro à la bière et au crowdsurfing. Certains diront que des groupes comme MC Circulaire, Little Big ou Giédré pour cette édition 2017, n’ont absolument rien à faire dans un festival qui programme aussi du black et du death metal, mais je ne retiendrais qu’une image pour leur répondre : des slams aussi nombreux pour Giédré que pour Kreator.
Je crois que c’est bien cela l’esprit du Motocultor !
Et c’est pour tout cela que je t’aime.
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VENDREDI 18 AOÛT :
Après cette déclaration enflammée qui n’engage que moi, je vais revenir sur le festival tel que je l’ai vu.
Pour ceux qui attendent un live report complet, je vais les prévenir directement que pour ces dix ans de Motocultor, je voulais absolument voir le festival par les seuls yeux qui comptaient : celui du simple festivalier, qui va au gré de ses envies. Tout ce qui suit n’est donc qu’un avis très personnel.
Après tout, si j’ai intitulé cet article « ma lettre d’amour », ce n’est pas par hasard, et je remercie au passage La Grosse Radio pour me laisser cette liberté d’écrire ce que je veux et de sortir du cadre rigoureux d’un report plus classique.
En arrivant sur le site jeudi soir, je me suis dit que décidemment, mettre le parking festivalier si loin du site n’allait pas arranger ceux qui devaient transporter tentes et autres accessoires. Après réflexion, il était possible aussi de venir déposer les choses encombrantes non loin de l’entrée, pour peu qu’on ne soit pas venu seul. J’imagine qu’il y avait des raisons techniques, liées à la sécurité et aux terrains disponibles derrière ce choix d’emplacement…
Vendredi, le festival ouvre dans de bonnes conditions, sans temps d’attente excessif, enfin, par rapport à certaines éditions précédentes, et on ne peut que s'en réjouir.
Aluk Todolo – 12h45 – Dave Mustage :
Alors que les français d’Aluk Todolo avaient l’honneur d’ouvrir le festival à 12h45 avec leur black metal occulte et planant, les festivaliers entraient encore sur le site. Un bon nombre d’entre eux étaient déjà sur place malgré l’heure ingrate du repas et le fait qu’un vendredi, certains devaient encore patienter avant de quitter leur travail. L'ampoule à incandescence suspendue en plein devant de la scène focalise le regard, et ses variations de luminosité accompagnent les changements d'intensité musicale.
Zornheym – 16h50 – Supositor Stage :
J’ai dû quitter les scènes du festival pour rejoindre en coulisses un groupe de Suédois qui venaient d’arriver sur le site, à savoir Zornheym, qui venaient faire ici leur premier show.
Je dois avouer qu’après seulement deux répétitions ensemble, le moins que le puisse dire est qu’ils ont assuré leur show. Le frontman Bendler et sa carrure impressionnante était très présent partout sur la scène, voir dans le pit devant le public qui était venu nombreux pour voir ce groupe dont le premier album ne sortira pourtant qu’en septembre.
Il faut dire que ce ne sont pas tout à fait des inconnus, avec notamment l’initiateur du projet, Zorn, qui est tout de même un ancien membre de Dark Funeral et de Devian. Ceux qui aiment le black metal symphonique ont dû faire une bonne découverte.
The Real Mac Kenzies – 18h50 – Supositor Stage:
Parce qu’on est en Bretagne, et qu’ici on aime les punks et les musiques de pub, il est très logique de retrouver des Canadiens qui mélangent allégrement ces deux styles ! Oui, et je vous assure que cela accompagne à merveilles quelques pintes.
Ensiferum – 21h20 – Dave Mustage:
Et comme l’abus d’alcool est mauvais pour la santé, nous voilà déjà devant Ensiferum.
Les Finlandais n’étaient plus revenus ici depuis 2014, et le public répond toujours à leur appel et chants guerriers.
Suite à des problèmes de transport de leurs costumes, c’est en tenue civile, à savoir tee-shirts, jeans et pantys noirs, que le groupe se produit. Les peintures de guerre habituelles rehaussent cependant cet ensemble plus sobre que d’habitude.
Outre une setlist assez convenue, avec « From Afar », « Way of the Warrior » et bien sûr « Lai Lai Hei », nous avons droit à un petit inédit, « From Those About to Fight for Metal ».
Le folk metal a comme toujours déclenché bon nombre de slams et autres embrassades viriles. Par exemple, j’ai pu voir deux jeunes guerriers, à la gauche de la scène, qui se « battaient » amicalement dans une sorte de glima festive. C’est aussi ça l’ambiance du Motocultor. Un peu tout et n’importe quoi en somme !
Candlemass – 22h20 – Massey Ferguscene:
A mon grand regret, j’ai dû rater Benighted et leur brutal death qui se produisaient en même temps sur la Supositor Stage que les illustres Candlemass.
Benighted
Mais, il y a certains groupes pour lesquels je ne fais pas de compromis et les Suédois en font partis. Surtout quand les premières notes de « Bewitched » résonnent, on sent d’emblée que le concert va bien se passer jusqu’aux dernières notes de «Solitude». Rien que ces deux titres valent à eux seuls le déplacement en ce qui me concerne, et je n’ai pas été déçu ! Evidemment, je regretterai éternellement la voix et la présence de Messiah Marcolin, mais trêve de nostalgie, Candlemass version 2017 est bien en forme, il n’y a aucun doute là-dessus !
Bloodbath – 23h15 – Dave Mustage:
Après le doom épique, nous voilà dans un autre style, néanmoins plein de lourdeurs, avec les compatriotes de Candlemass, à savoir Bloodbath et leur bon gros death qui tâche de rouge sang les oreilles des festivaliers.
Mais qu’est-ce que ça fait du bien, et le mieux, c’est que la soirée n’est pas encore finie, loin de là !
(photo par Tiphaine Zanutto)
The Great Old Ones – 00h20 – Supositor Stage:
Face à Atari Teenage Riot, mon choix se porte sur les Français de The Great Old Ones qui se produisent dans des conditions idéales : minuit passé, dans la fumée et les ténèbres de la Supositor Stage.
Voir le portrait de Lovecraft flotter au-dessus des silhouettes encapuchonnées et l’effigie métallique de Cthulhu, avec le mur de guitares habituel du groupe, m’a fait le même effet qu’à chacun de leur concert. La dimension Motocultor en plus, et me voilà en transe pour la troisième fois de la soirée. Il est vrai que des morceaux majestueux comme "When The Stars Align" ne peuvent que provoquer une réponse douloureuse de la part de ma nuque, le lendemain. Mais peu importe, ce soir les étoiles sont alignées idéalement pour tous les cultistes du groupe !
(photo par Tiphaine Zanutto)
Opeth – 1h15 – Dave Mustage:
C’est au metal progressif d’Opeth que revient l’honneur de clôturer ce premier jour du festival. Journée suédoise pourrait-on presque dire, mais il faut avouer que ce pays se distingue par de très nombreux groupes de qualité, il est donc logique d’en retrouver autant à l’affiche de divers festivals.
Je n’ai jamais accroché particulièrement à la musique planante d’Opeth, mais je reconnais la qualité de l’œuvre et cela permet de terminer cette excellente première journée en douceur…
Thomas Orlanth
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