Malgré un nom évoquant un obscur projet de DSBM, les Américains de Complete Failure évoluent dans un grindcore bien à eux. Après dix ans de carrière et trois albums à peine sortis de l’underground de la scène de Pittsburgh, le groupe arrive enfin sur nos radars grâce à sa signature chez Season Of Mist pour la distribution. Crossburner, ce petit nouveau ne révolutionnera pas le genre mais nous délivre un mélange original, parfois un peu brouillon mais qui mérite de s’y attarder quelques temps.
Avec « Schadenfreude » en ouverture, on est dès la première seconde plongé dans du grindcore le plus direct possible avec une avalanche de notes difficile à assimiler. C’est presque une feinte puisqu’il suffit de jeter un œil sur la longueur des morceaux pour constater qu’on ne va pas se manger une ribambelle de titres d’une minute mais que certains vont jouer la carte du ralentissement, à commencer par le plus long : « Suicide Screed Of Total Invicibility ». Sur ces ralentissements, on distingue de grosses influences Converge dans les riffs de James Curl (« Oath of Unbencoming » en est le meilleur exemple) et c’est loin d’être le seul élément qui sort Complete Failure du grindcore lambda.
Au chant, Joe Mack éructe comme un possédé tout au long des 35 minutes d’albums avec une voix rappelant parfois les groupes de hardcore sombre à la Lifesick. Une filiation au hardcore qui réussit bien aux Américains, le meilleur titre étant incontestablement la conclusion « A List With Names On It », complètement punk dans sa rythmique. Les passages parlés que l’on retrouve par deux fois apportent eux aussi un gros plus à l’ambiance générale. Ils auraient même mérité d’être plus nombreux pour que cette ambiance fonctionne vraiment sur l’ensemble de l’album.
Au final, le principal défaut de ce disque, c’est le traitement de la batterie de Mike Rosswog. Certes le garçon a un jeu impressionnant mais il prend beaucoup trop de place dans les compositions, parfois en roue libre ou en improvisation totale. Dommage puisque lorsqu’il est canalisé, son jeu donne un groove imparable à des compositions comme « Rat Heart ». Si l’on devait ressortir un titre ou deux pour faire découvrir le groupe, l’ouverture « Schadenfreude » présente ses deux facettes : ultra rapide puis lent et malsain. « I Am The Gun » quant à lui devrait plaire aux punks et au coreux par sa forme plus classique et ses riffs dévastateurs.
Complete Failure a pris le pari de faire un album relativement long avec 14 titres et forcément, on trouve quelques moments de faiblesse comme « Curse Of Birth ». En revanche, on ne s’ennuie quasiment pas et l’ambiance passionne de bout en bout. On se prend à imaginer l’ambiance qui doit régner dans les concerts du combo : avec des titres aussi évocateurs que « Flight of the Head Case », on ne doit pas s’y ennuyer non plus.
Sans être l’album de l’année, cet opus de Complete Failure n’est pas un échec total (oui, elle était facile). Les Américains parviennent à se démarquer des autres groupes de la scène grindcore et à proposer quelque chose d’original sans faire une seule concession sur la brutalité de leur musique. Et mine de rien, ce fait est plutôt rare de nos jours et occulte les quelques défauts de cet opus. A découvrir pour les fans de grindcore en recherche de son frais et original.
Sortie prévue chez Season Of MIst le 27 octobre.