Retournons sur la date parisienne de la tournée European Totenritual avec une affiche de black et de death metal qui a su réveiller les morts !
La soirée du dimanche 15 octobre dernier, qui a conclu brillamment un week-end riche en concerts de tous genres était très attendue. Après Ultra Vomit le vendredi, Wardruna le samedi, c’est au tour du death et black metal de s’exprimer avec fureur et bruit !
Nous sommes au Gibus, il est environ dix-huit heures quand nous entrons dans le long couloir qui mène à la salle de concert.
La scène est déjà occupée par Nervochaos, une formation qui se présente brièvement par la voix du chanteur Lauro à travers un rapide « We are Nervochaos from Brazil » avant de balancer leur musique dense et rythmée.
Le nom du groupe semble bien choisi, car leurs riffs sont nerveux et quelque peu chaotiques. Nous sommes bien face à une forme de death metal bien agitée.
L’œuvre du groupe, actif depuis 1996, s’intéresse surtout au satanisme, et il est donc logique d’entendre un « Ave Satanas ! » suivi de morceaux globalement basés sur du bourrinage avec quelques mid tempo bien placés.
Par exemple, « Moloch Rise », titre d’ouverture du dernier album Nictophylia, ou « Ad Maiorem Satanae Gloriam » présentent des qualités indéniables, et que dire de la reprise de « Bewitched » de Candlemass dans une version aux sonorités très différentes ?
Nervochaos a ce petit côté underground qui va bien avec un son parfois un peu brouillon, mais des musiciens efficaces et qui savent mettre une ambiance et chauffer une salle.
La guitariste, Cherry, semble tout droit sortie d’un manga cyberpunk et capte l’attention. L’énergie est bien là, mais il faut apprécier le style quelque peu chaotique.
Hate :
Après les désistements de Deströyer 666 et de Nordjevel sur la tournée European Totenritual, ce sont les Polonais de Hate qui sont venus renforcer l’affiche.
Leur gros blackened death bien lourd dénote immédiatement avec le groupe précédent. La violence est ici plus extrême, disons même plus convaincante.
Le chanteur Adam, avec son corpse paint, semble complètement dans le spectacle, le bassiste et le guitariste maîtrisent quant à eux le double headbang rotatif synchronisé !
L’ambiance devient vite moite dans la salle, les instruments se couvrent de buée, les nuques s’agitent en rythme dans le public et sur la scène.
Enthroned :
Le black metal méritait une place dans cette soirée à l’affiche somme toute très bien choisie pour le style obscur et brutal de la tête d’affiche.
Les Belges pratiquent en effet un black metal avec des éléments death bien présents.
En somme, c’est le raisonnement inverse de la musique de Belphegor.
Avouons-le tout de suite, je n’ai que peu de souvenirs du concert. Non, l’abus d’alcool n’y est pour rien, mais c’est plutôt la transe frénétique qui a été provoquée par le show qui en est à l’origine.
Le vocaliste Nornagest (ce qui est quand même beaucoup plus classe que Régis) est très présent au milieu de la scène et prend donne tout son sens à la définition de frontman. Il monte clairement au front, et distille ses growls agressifs à une assistance volontaire et suante.
Si on devait le croiser dans une aile sécurisée d’un hôpital psychiatrique, à côté d’Hannibal Lecter, on pourrait s’inquiéter. Mais ici, la folie musicale est la seule qui compte.
Un concert digne d’une tête d’affiche, mais non, pas aujourd’hui, car il est temps de se rafraîchir une dernière fois avant le clou de la soirée…
Belphegor :
La tournée European Totenritual a pour vocation d’accompagner la sortie du nouvel album de Belphegor. Les groupes qui accompagnent les autrichiens varient en fonction de l’endroit où ils se produisent, mais disons-le clairement, la tête d’affiche est toujours très attendue.
Voir Belphegor à Paris, dans une salle plutôt petite représente les conditions idéales. La proximité avec le public est toujours favorable à un concert mémorable.
La date au Gibus ne fait donc pas exception à la règle. Après trois groupes qui ont su faire monter la sauce, le spectacle peut commencer. Non pas que les précédentes formations étaient mauvaises, mais il est évident que le charisme d’Helmuth joue en la faveur de Belphegor.
Il parvient en effet à conserver son regard halluciné pendant tout le show de près d’une heure. Les mimiques et postures démoniaques qu’il affectionne ne l’empêche ni de chanter, ni de jouer superbement de sa guitare, ni encore d’être attentif à ce qui se passe.
Un spectateur hurle en plein concert, dans un moment de silence relatif « Helmuth, Ich liebe Dich ! ». (Pour les moins linguistes d’entre vous, cela signifie je t’aime en allemand). Ce dernier lui répond dans un long growl guttural et venu des profondeurs des Enfers « Ich liebe Dich auch …. » (je t’aime aussi).
Près de la moitié des titres viennent du dernier opus Totenritual, et le show semble bien rôdé. Chacun a sa place et le répit entre les morceaux soulage autant les musiciens que le public.
Après, un show de grande qualité, c’est logiquement à « Baphomet » que revient l’honneur de clore le concert… Jusqu’au rappel, qui revient sur Lucifer Infestus et son excellent « Diaboli Virtus in Lumbar Est ».
Ce soir les Autrichiens nous auront rappelé où se trouve le Chemin de Lumière vers l’excellence musicale…
Setlist :
1. Sanctus Diaboli Confidimus
2. Bleeding Salvation
3. The Devil's Son
4. Belphegor - Hell's Ambassador
5. Swinefever - Regent of Pigs
6. Totenbeschwörer
7. Conjuring The Dead / Pactum in Aeternum
8. Stigma Diabolicum
9. Totenkult - Exegesis of Deterioration
10. Lucifer Incestus
11. Baphomet
Rappel
12. Diaboli Virtus in Lumbar Est
Cette tournée, dont la date parisienne semblait pourtant décevante en raison des annulations de groupes attendus, a décidemment la chance de savoir choisir avec brio l’équipe de remplaçants.
Au final, c’est cette Death Black Metal Crusade 2017 a bien tenu ses promesses ce soir au Gibus…
Thomas Orlanth
Photographes:
Lionel / Born 666 : https://www.instagram.com/born.666/
Thomas Orlanth : https://www.thomasorlanth.com / https://www.facebook.com/Thomas-Orlanth-Live-Photography-499851383425205/
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