Deux ans après la sortie de VENA, coldrain avait une pression positive sur les épaules, car lorsque le précédent opus est de cet envergure, le risque de faire moins bien est grand. Celui de se répéter, aussi. Mais c'est bien mal connaître les Japonais si l'on a ce genre de pensées. Fêtant par la même occasion leurs dix ans de carrière, les natifs de Nagoya sortent le 11 octobre FATELESS, un album résolument moins tourné vers les marchés internationaux, n'étant en effet disponible physiquement -pour le moment- que dans leur contrée natale.
Sortie metalcore de l'année ? On se pose automatiquement la question lorsque l'on écoute pour la première fois le nouveau bijou des Japonais. Car coldrain, c'est un des cadors de la scène metalcore nippone, et FATELESS en est encore une preuve accablante. Ici, pas de bis repetita. VENA était un tournant dans la discographie de coldrain, FATELESS en est une autre. A chaque nouvelle sortie, le groupe se renouvelle et livre une nouvelle facette de leur personnalité. Dix ans de carrière, mais un changement minime s'est opéré ces dernières années.
Si le metalcore des Japonais est bien là, il diffère de ses prédécesseurs par des titres plus heavy et peut être moins évidents. Les deux choix de single, "ENVY" et "Feed The Fire", ne perdent pas l'auditeur.rice. On retrouve coldrain, qui fait du coldrain, de manière toujours aussi prenante et dynamique. Si avec "ENVY" on est clairement pas dépaysé, "Feed The Fire" se rapprocherait plus des singles de Through Clarity, tout en présentant des variations rythmiques qui nous alarment sur l'aspect technique des morceaux à venir.
Car le groupe a décidé de placer ces deux morceaux en premier, avant de laisser ses auditeurs.rices plonger dans la découverte. Certains titres restent assez classiques, comme "Lost In Faith" ou encore "Colorblind", où le groupe fait du coldrain, tout en ne nous donnant jamais l'impression de quelque de chose de vu et re-vu. Ça reste original, nouveau, tout en étant familier. "R.I.P". suit cette même idée, avec une forte tendance tubesque qui présage d'emblée que le prochain single de cet album risque bien d'être ce titre. "A Decade In The Rain", en référence à la décennie qu'a coldrain, possède également une essence qui en font un futur titre phare. Scream et chant clair se mélangent parfaitement, Masato démontrant encore sa superbe et son aisance à passer de l'un à l'autre sans le moindre problème, aussi bien en studio qu'en live par ailleurs.
Mais ce qui fait vraiment l'excellence de cet album, c'est la place accordée au guitariste Yokochi, qui se veut encore plus dominante que sur VENA, et qui fait de FATELESS un opus encore plus poussé techniquement. Le guitariste soliste n'a plus besoin de prouver quoi que ce soit, et pourtant, il démontre une nouvelle fois que la scène nippone n'est pas dépourvue de talents, et encore moins au niveau des musiciens.
N'ayant sans doute pas fait ses gammes dans le milieu metalcore, il pourvoit le groupe d'un son bien plus heavy et metal. Que ce soit sur "Inside Out", avec ses riffs bien violents ou sur "F.T.T.T" et son introduction tout en vitesse et hargne, Y.K.C assène ici son côté puissant, au côté d'une batterie qui bourrine bien.
Mais ce qui nous marque surtout, c'est sa technicité, et elle se retrouve dans plusieurs solos non dénués d'intérêt comme ils peuvent l'être chez certains cherchant juste à "gratter pour gratter". Ses solos peuvent servir de break, sur "F.T.T.T", ou de conclusion sur "A Decade In The Rain".
Deux titres retiennent plus particulièrement notre attention, car ils sortent un peu du carcan habituel du groupe. Le premier est "Stay", qui fait office de ballade de l'album FATELESS. coldrain met toujours une -voire deux- chansons touchantes et plus posées dans ses efforts. Sur "Stay", les paroles sont tristes et parlent d'amour, le tout avec une introduction aux tendances acoustiques et au solo qu'on verrait très bien exécuté par un Slash époque "Novembre Rain".
La seconde chanson qui nous étonne est "Uninvited". Les Japonais se sont déjà illustrés dans l'exercice des reprises. On pense bien évidemment à leur cover de "Stuck", qui est un morceau de Stacie Orrico. Pour autant, c'était un titre assez méconnu du public. Là, le groupe s'est attaqué à une chanson d'Alanis Morissette.
La base est la même; le piano accompagne la voix. C'est donc Masato qui est mis en avant, et fait preuve d'une sincérité touchante qui colle avec la version originale. Sauf que le titre prend des allures bien plus metal avec la contribution du guitariste qui remplace l'orchestre du morceau initial. Les riffs sont plus sombres, amenant le groupe dans une dimension qui ne lui est pas propre habituellement, se rapprochant presque de quelque chose de plus heavy et noir nous faisant penser à certains passages d'Avenged Sevenfold.
Si le point fort de FATELESS repose sur les épaules de son soliste, l'ensemble du groupe n'est pas en reste et pose sa pierre à l'édifice. Sugi accompagne magistralement son compère, Katsuma se démene comme un beau diable sur sa batterie, Ryo aligne ses lignes de basse proprement et Masato fait preuve de justesse. Le frontman a également su écrire des paroles justes et intéressantes.
FATELESS est une nouvelle réussite pour coldrain, et sera un futur classique dans la discographie du groupe, à l'instar de tous leurs précédents opus. On attend maintenant la superposition en live car, si des titres comme "Bury Me" ou "A Decade In The Rain" vont forcément être repris en chœur, avec leurs "woohoo", on est curieux.se d'entendre les morceaux un peu moins conventionnels mais d'autant plus attendus de cet effort. Et oui, on a bien affaire à la sortie metalcore de l'année.
Tracklist :
1. ENVY
2. Feed The Fire
3. Lost In Faith
4. Bury Me
5. R.I.P.
6. Inside Out
7. Stay
8. Colorblind
9. F.T.T.T
10. Uninvited
11. Aftermath
12. A Decade In The Rain
FATELESS est sortit le 11 octobre 2017 chez le label Warner Music Japan.
Crédits photos: Justine C.
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