Chapelle des Trinitaires à Metz, samedi 4 novembre. Avant-dernière date du Crépuscule Tour pour The ARRS, organisée par l'association Damage Done Prod. L’occasion pour les parisiens de revenir « dans cette putain de salle », acquise à leur cause à chaque fois qu’ils y sont passés. En première partie, Downfall, groupe de hardcore local et Smash Hit Combo, groupe de rapcore que l’on ne présente plus.
Downfall
Même s’il semblait impensable de faire dans la dentelle et dans le soft pour la première partie de cette soirée, Downfall a réussi à imposer son hardcore à une salle encore clairsemée. Il faut dire que le son, mixé avec des tonnes de basses, ne poussait pas vraiment les gens à l’intérieur de la chapelle. Une fois à l’intérieur, il faut se rendre à l’évidence. Visuellement, même si le hardcore n’est pas réputé pour ses lightwhows plein de subtilité, le rideau de leds rouges peut rebuter (plus que de raison) un public venu pour voir autre choses. Entre ça et les stroboscopes blancs, il faut attendre une bonne moitié de set pour que le public commence à arriver et à mettre un peu d’ambiance dans une chapelle encore bien vide.
Photos : Lucas HUEBER
Si le groupe produit un hardcore de qualité, tant au niveau du chant que de l’instru, il est fort probable que le lightshow rouge et un mixage approximatif aient eu raison d’un public curieux, préférant rester dehors ou au merchandising. Sur le dernier morceau, le groupe arrivera néanmoins à lancer un wall of death bien fourni en chutes. Ici, il semble bien compliqué de se faire un avis sur le groupe, tant les conditions ont pu sembler difficiles à gérer.
Smash Hit Combo
S’il est un groupe qui clive au sein de la scène hardcore française, c’est bien Smash Hit Combo. Même dans le public, pourtant venu pour en découdre, certains rechignent à aller voir les mulhousiens sur scène. « On aime ou on aime pas », lance un homme vêtu d’un treillis militaire à un de ses amis. "Mais ce qui est sûr, c’est que j’ai jamais supporté le groupe."
Le groupe, comme à son habitude, envoie les décibels. C’est encore plus remarquable qu’ils ont joué quelques heures avant en Belgique. Ce sont donc deux concerts en une journée qu’a donné le combo, une performance qui mérite d’être remarquée tant l’énergie déployée indiquait, au contraire, une certaine fraîcheur. L’interaction avec le public a certainement dû aider à maintenir le navire à flots. Musicalement, le motto "on aime ou on n’aime pas" n’a jamais été plus vrai. Les textes, s’ils sont à l’image du groupe, tournent autour des mêmes thèmes : le jeu vidéo, les geeks, la vie numérique et la "génération 2.0". Image entérinée par un "Est-ce qu’il y a des geeks dans la salle ? On est d’accord que la guerre des consoles, elle évolue aussi. Si avant, c’était N64 contre Sega, on est aujourd’hui à Playstation 4 Pro contre Xbox One X." Le classique "Hardcore Gamer" en est la parfaite illustration.
Comme pour Downfall, la sonorisation est plus que moyenne. Les kilotonnes de basses écrasent le reste et seul le chant surnage. Jusqu’à 3 M.C (faute d’autres qualificatif tant celui-ci s’applique à la perfection) se partageront la scène, avec une énergie jamais émoussée, malgré un autre set et la route pour venir de Belgique.
The ARRS
Il y a toujours un côté ironique à voir The ARRS jouer dans la chapelle des Trinitaires, surtout au vu des textes du groupe, questionnant souvent Dieu (et son absence, ou sa non-existence). Si Khronos m’avait laissé un goût amer avec une omniprésence thématique du "crois en toi parce que personne ne le fera'' (pour caricaturer très grossièrement), les morceaux de ce dernier opus, passent, en concert, de manière tout à fait satisfaisante. Ce qui va me faire reconsidérer cet album dans sa globalité.
Le mot « concession » n’a jamais fait partie du vocabulaire du groupe. Ce dernier concert en province ne le connaîtra pas non plus. Après un échauffement, Nico lance un « Bon, fini les slows ». Pendant 1h30, le public ne connaîtra pas de répit et n’en demandera pas non plus. Même si l’intro de "Héros/Assassin" donne l’occasion de reprendre ses esprits, cela ne dure qu’un temps. L’occasion de rebondir sur l’actualité avec un "A tous ces porcs, on lève le doigt. On n’a pas attendu un hashtag pour respecter les femmes."
Si émotion il y a, elle ne transpire pas du set, ni des interactions avec le public. Mais il y a quelque chose qui flotte dans l’air, c’est indéniable. Après un featuring avec Maxime Keller de Smash Hit Combo sur "Mon Épitaphe", le groupe a littéralement déroulé ses meilleurs titres et couverts tous ses albums jusqu’en fin de set. De "Passion" à "Authentiques/Indignés", en passant par "Originel", c’est une capsule temporelle qu’a offert le groupe aux messins, leur permettant de revivre toute la discographie produite par le groupe depuis 2003. Même au Crépuscule de son règne, The ARRS envoie toujours autant.
Les autres photos de la soirée sont visibles ici.