Sons of Apollo – Psychotic Symphony


Si l'on excepte la parenthèse live Portnoy Sheehan Mac Alpine Sherininan, il aura fallu attendre près de vingt ans pour revoir Mike Portnoy (batterie) et Derek Sherinian jouer de nouveau ensemble. En effet, les deux compères s'étaient quittés après le décrié Falling Into Infinity de Dream Theater. Ayant désormais quitté le navire DT tous les deux, c'est sous le nom Sons of Apollo que le duo se retrouve pour reprendre les choses là où ils les avaient laissées.

Car c'est bien sur les plate-bandes de Dream Theater que les deux musiciens cherchent à s'imposer avec ce nouveau projet. Et pour cause, ils se sont fait accompagner pour l'occasion par un virtuose de la six-cordes, Ron Thal (Bumblefoot, ex-Guns' N' Roses), un bassiste plus que polyvalent (Billy Sheehan, ex-Steve Vai, The Winery Dogs, Mr. Big) et par un vocaliste au chant puissant et mélodique (Jeff Scott Soto, ex-Talisman, ex-Yngwie Malmsteen, Trans-Siberian Orchestra).

Et si l'association de super-musiciens n'est pas toujours synonyme de qualité dans le rendu final, Sons of Apollo s'attache à nous prouver le contraire, et ce dès le titre d'ouverture "God of the Sun". Ambiance orientale, lead caractéristique de Sherinian, et surtout voix chaude et rocailleuse de Jeff Scott Soto, tout est présent pour marquer les esprits dès l'entame de l'album. Le pont du morceau, empruntant à la facette la plus symphonique de Sherinian est l'occasion pour le quintet de lorgner vers le néo-classique, pour enrichir encore la composition. On apprécie d'ailleurs les sons analogiques du claviériste, dont la palette instrumentale reste cantonnée aux sonorités qui ont fait leur preuve dans le style. Bien mis en avant sur chacun des titres (un court solo lui est même dédié pour s'exprimer), Sherinian s'offre ainsi une petite revanche sur la place qui lui était consacrée sur le dernier opus de son autre projet, Black Country Communion.

C'est sur cette lancée que les fils d'Apollon continuent avec un "Signs of the Time", qui rappelle le projet PSMS, et dont les parties instrumentales renvoient aux meilleures heures du Théâtre de Rêve, auquel les deux compositeurs principaux ont consacré une partie de leur carrière. Mais ce sont réellement "Labyrinth" et l'instrumental "Opus Maximus" qui raviront le plus les fans de metal progressif. Les deux titres offrent un condensé de ce qui se fait de mieux dans le genre, évoquant les meilleurs titres de Symphony X, Dream Theater, voire Andromeda. Sur "Labyrinth", Soto propose un chant hargneux mais toujours mélodique, rappelant les débuts plus mélodiques de Russel Allen. Certes, Mike Portnoy envoie les breaks et plans qui ont fait sa renommée, de façon décousue en apparence, mais il sait toutefois sonner de façon groovy (à croire que son expérience avec The Winery Dogs a laissé quelques traces). Ron Thal n'est bien évidemment pas en reste et semble se faire plaisir avec des riffs et des soli d'extra-terrestres, qui manquent toutefois du grain de folie qui a su l'animer sur ses premiers opus solo. Enfin, on ne peut que saluer le jeu de Billy Sheehan, que la production de l'album met particulièrement en avant, notamment sur la partie centrale d' "Opus Maximus".

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Au rang des reproches, on peut relever un "Alive" plus anecdotique, tout comme un "Coming Home", certes efficace, mais qui s'éloigne des terrains prog pour s'orienter vers du big rock US à la Winery Dogs. Rien de rédhibitoire, mais ces deux compositions détonnent un peu dans l'ensemble et fragilisent la cohérence de cet album, en proposant quelque chose qui s'apparente d'avantage à des singles écrits pour les radios qu'à des morceaux composés avec les tripes. Dans un registre presque similaire, "Divine Addiction" et son riff à la Deep Purple (renforcé par les claviers de Sherinian en hommage à peine déguisé à Jon Lord) s'en sort bien mieux. Catchy sans être simpliste, ce titre offre une bouffée d'air frais bienvenue pour respirer entre les compositions fouillées de l'album.

Au final, en revenant à leur style de prédilection, Portnoy et Sherinian ont su proposer un album de grande qualité, où le casting quatre étoile n'efface pas l'intérêt purement artistique. Ce Psychotic Symphony n'est certes pas exempt de défauts, mais on prend un plaisir non feint à réécouter ces compositions qui nous permettent d'imaginer ce que Dream Theater aurait pu proposer si Sherinian et Portnoy faisaient toujours partie de l'aventure. Il ne reste plus qu'à souhaiter que le quintet ne s'arrête pas en si bonne voie et prenne la route de l'Europe en 2018 pour donner vie à ces excellentes compositions sur scène.

Note : 8,5/10
Déjà sorti chez Inside Out
Crédit Photos : DR Inside Out 2017

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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