Dying Fetus – Reign Supreme
« Le retour des triplés »
Après nous avoir pondu un EP ridicule avec quelques reprises intitulé History Repeats en 2011, les triplés de Dying Fetus, John Gallagher (chant, guitare), Sean Beasley (chant, basse) et Trey Williams (batterie) reviennent avec une nouvelle galette intitulée Reign Supreme, disponible chez Relapse Records. Pourtant, les américains sont capables du meilleur, et la sortie d'un album, (et quel album (!)) Descend into Depravity en 2009 marquait un high score. Les gars étaient au sommet avec une technique hors normes et des titres qui vous mettaient des coups de kicks dans les dents : « Ethos of Coercion », « Atrocious by Nature »...argh !
Après écoute de ce Reign Supreme mon avis est toutefois un peu plus réservé, car s'il présente des similitudes fortes avec son grand frère Descend into Depravity, notamment l'usage de breaks hallucinants et une patate monumentale tout au long de l'album, il pourra autant vous gaver que vous combler parce qu'il est de qualité inégale et mise trop sur une rythmique bête et méchante plutôt que sur la technique... Alors je préfère vous avertir tout de suite et vous expliquer mes propos.
Dying Fetus mise donc sur une bonne rythmique qui permettra aux amateurs de headbang et de sauts en l'air d'être satisfaits, avec en moyenne 5 changements de rythme par morceau, dont des parties ultra blastées qui peuvent soudainement ralentir au maximum... et ce parfois en fin de titre. Mais la plupart des changements de rythme n'apportent pas vraiment leur lot de surprises et les conclusions de titres sont hâtives (« Dissidence »)... On a donc cette malsaine impression d'être sur un navire en pleine tempête, pas vraiment dans le genre bercé.
En revanche il faut admettre que les riffs sont bourrins et que la technique vient le plus souvent de ce qui s'entend en fond sonore. C'est alors vers votre cher duo « batterie-basse » qu'il faudra se tourner pour trouver de quoi vous émerveiller. Une excellente production à laquelle Dying Fetus nous avait déjà habituée vous permettra de vous délecter de la double pédale extrêmement bien utilisée (bien que trigguée). La batterie est surpuissante par moments, comme sur cet excellent « Devout Atrocity » où l'on se demande vraiment s'il n'y a que deux mains aux baguettes.
D'entrée de jeu, l'album sera assez décevant. En effet, si le très bref « Invert the Idols » (2 minutes à peine) s'annonce très bon avec une intro ultra technique qui décape la tronche suivie d'un cri guttural mouillé au placenta, le tout blasté à l'extrême... il se perd ensuite dans des changements de rythme mal négociés qui stoppent l'auditeur net. Le riff frôle le ridicule et le titre est en soi une parodie du genre... La déception continue avec les deux titres suivants, un « Subjected to a beating », qui a une structure tellement intéressante que si la première partie du morceau nous tient en haleine, dès la seconde moitié on s'y perd totalement et les changements de rythme, que « Second Skin » accentue encore, deviennent carrément gavants. Les titres ne manquent pas de panache, de double pédale et de chouettes solis anecdotiques, mais vous avez compris que Dying Fetus a misé sur la rythmique et le headbanging facile et que du coup, les envolées techniques seront rares... Une entrée en la matière relativement ratée donc, c'est à se demander si le groupe n'a pas tenté de diluer tout ça.
Heureusement, vos efforts d'écoute seront récompensés à partir du quatrième titre, où des titres phares se mélangent à d'autres morceaux moins inspirés. Ainsi le « From Womb to Waiste » démarre avec un petit sample et un riff qui restera enfin dans les esprits. Avec Trey à la batterie qui accompagne le mid-temp avant de blaster tout sur son passage, vous vivrez enfin des frissons et des envolées d'émotions diverses, notamment avec un break excellemment bien mené à la basse, avant que la machine ne redémarre le rouleau compresseur. Très belle réussite.
La suite de l'album continue à vous écorcher dans le sens du poil. Entre un « Dissidence « qui se démarque du lot de par ses riffs qui poussent à l'attaque et une batterie palpitante, ainsi qu'un démentiellement mélodique « Revisionnist Past », les fans de Dying Fetus, y compris les puristes et les amateurs de (vrais) solis seront comblés. John se bouscule enfin au niveau interprétation et on a ce sentiment qu'il est de la partie, au contraire des autres titres de l'album. Idem sur le dernier titre, « The Blood of Power » qui restera pour moi la plus belle et la plus intéressante compo de l'album.
Reprenez des forces puisque « In the Trenches » et « Devout Atrocity » veulent vous faire headbanguer encore et encore ! Le premier vous donnera pas moins de 6 changements de rythme et une batterie à se cogner la tête !
Amateurs de sensations fortes et de manèges avec ceinture de sécurité, foncez ! Cet album vous ravira par sa brutalité et son absence totale de pitié, sa rage et sa volonté de vous donner de quoi vous taper la tête jusqu'au sol ! Pour les puristes, ceux pour quoi Dying Fetus est mort et enterré, arrêtez-vous sur « The Blood of Power » pour rester sur une merveilleuse impression d'avoir encore affaire à un monument du Grind de qualité.
Katarz