Pas de quoi en faire un meurtre !
*Interview face to face réalisée par Nastia, retranscrite par Ju de Melon*
Le groupe suédois The Murder of My Sweet vient de réaliser son second album studio, Bye Bye Lullaby, chroniqué sur ses pages par notre cher Sanguine_Sky. Le combo était présent sur Paris pour en faire la promotion, par le biais de son fondateur et compositeur Daniel Flores et de sa chanteuse Angelica Rylin. Voici ci-dessous l'entretien qu'a réalisé pour vous notre chère Nastia et La Grosse Radio Metal.
Nastia : Débutons l'interview en parlant du nouvel album... Pensez-vous qu'il est plus abouti et plus mûr que le premier ?
Angelica Rylin : Oui, je pense qu'il l'est. Nous avons travaillé sur le premier album pendant un an et demi, presque deux ans, ce qui nous a permis de nous épanouir en tant que musiciens et groupe. Je pense que nous avons progressé niveau écriture de chansons, et sur ce nouvel opus nous avons trouvé une direction commune plus solide. Je pense que ce deuxième disque est plus mûr mais aussi plus moderne en un sens.
Comment expliquer la totale disparition ou presque des éléments symphoniques sur ce nouveau CD ?
Daniel Flores : Je pense que chaque chanson a son histoire qui lui est propre, parfois elle a besoin de ces éléments symphoniques et parfois non. En fait, quand tu composes un morceau dans les meilleures conditions, tu sens qu'il peut être un tube instantané et que donc il n'a pas besoin d'arrangements supplémentaires. Nous voulions vraiment voir si nous étions capables de composer des morceaux directs sans pour autant rajouter des parties orchestrales ou des grosses guitares en plus. C'était notre défi, et je pense que cela a bien fonctionné sur la totalité de l'album, donc nous n'avons pas eu besoin de trop en rajouter même si on reste dans une certaine mouvance "symphonique" disons.
Angelica : Je pense que oui nous restons un groupe dit symphonique dans le sens où nous restons assez filmique dans l'approche et dans les arrangements de clavier. Il est vrai qu'on compose souvent dans l'esprit d'une bande son, et forcément l'aspect symphonique n'en est jamais éloigné. Mais voilà, nous avons décidé d'en faire moins sur le côté orchestral, afin de bien mettre en avant les guitares et les solo.
Certaines critiques vous accusent de tutoyer un peu trop le chemin pris par des groupes tels que Evanescence, que répondez-vous à cela ?
Angelica : Je pense que ce genre de réaction est inévitable, en tant que formation de rock à chant féminin tu vas forcément être comparé à ce groupe leader dans le genre. Mais je ne pense pas qu'il s'agit d'une compétition, nous ne sommes pas là pour cela. Nous jouons la musique que tu nous aimons et que nous voudrions écouter si on était à la place de nos fans. Nous cherchons simplement à nous faire notre propre place sans chercher à imiter ou supplanter les autres.
Parlons un peu de la pochette, que représente-t-elle ?
Angelica : C'est une assez longue histoire, je vais tenter de faire simple (rires) ! Après le premier album, nous avons fait beaucoup d'interviews et une longue tournée, c'était assez stressant en un sens, nous avions écrit 25 chansons pour le premier album au total sans compter celles pour d'autres projets... c'était la première fois que j'écrivais d'ailleurs. Donc quand nous sommes revenus en studio, c'était vraiment pénible pour moi car j'étais totalement vidée. Je ne savais pas sur quoi écrire en fait, au niveau des paroles je n'avais aucune idée, c'était le blackout. J'ai donc dû me ressourcer et me retrouver avec moi-même, au final j'ai laissé aller les choses et essayé de trouver de nouvelles inspirations en regardant vers l'avenir ou lieu de me concentrer sur le passé. J'ai donc laissé derrière moi les expériences vécues, j'avais un peu tout raconté à ce sujet dans le premier album, et donc le titre Bye Bye Lullaby est devenu une évidence. La pochette représente ainsi ce voyage, cette évolution, je dis au revoir à mes berceuses du passé et je vais de l'avant.
Quelle serait pour vous la chanson la plus représentative de l'album ?
Daniel : Oh... Nous avons chacun nos chansons préférées, mais personnellement je pense que les trois dernières de l'album sont les plus abouties, c'est celles qui ressortent le plus souvent d'ailleurs quand on demande aux gens celles qu'ils préfèrent. Elles les touchent pas mal même, parfois ! Après voilà, l'album est encore jeune, ça peut changer avec le temps.
Angelica : Et elles nous représentent bien je trouve !
Daniel : On a fait quelques changements de line-up entre les deux albums, il fallait donc cristalliser ce qu'était The Murder of My Sweet afin de ne pas perdre notre identité. Après, l'album est peut-être plus commercial dans son ensemble mais ces trois chansons vont au-delà, et constituent même une sorte de prologue en vue du prochain album à mon sens.
Angelica : Oui, c'est vraiment le cas ! Après il y a aussi le single "Unbreakable" qui a pas mal de succès sur Youtube et qui est pour moi un super morceau, il résume bien le changement que j'ai dû opérer pour écrire sur ce nouvel opus. Il porte un beau message d'espoir également.
Quels sont les projets pour la prochaine tournée ? Quelques dates en France ?
Angelica : Oui, j'espère vraiment ! Pour l'instant nous n'avons rien de précis à ce niveau, mais le managment travaille en étroite compagnie avec le label pour mettre cela en place.
Daniel : L'album vient tout juste de sortir donc c'est vrai que nous commençons à peine à penser aux prochaines dates. Je pense qu'en automne et hiver prochains nous ferons quelques concerts en première partie d'un plus gros groupe, c'est ce qui est dans l'air pour l'instant. Mais nous n'en savons pas plus pour l'instant, nous allons devoir faire des choix.
Angelica : Revenir en France est parmi nos priorités, nous avons fait le Raismesfest et ça s'était super bien passé ! Faire un Hellfest serait génial par exemple, à voir ce qui sera possible avec le temps.
Pas de festivals cet été de prévus ?
Angelica : Non, du moins rien pour le moment. On est surtout concentré sur la promotion du nouvel album pour l'instant, c'est vrai que l'album est peut-être sorti un peu trop tard et cela nous empêche un peu de penser à faire quelques festivals, mais ce n'est pas bien grave. De belles choses sont à prévoir pour l'avenir, et on verra pour l'été 2013.
Quel est votre point de vue actuel sur les autres groupes du même genre que le votre, et plus généralement la scène dite "metal mélodique/symphonique à chanteuse" ?
Daniel : (rires) wow ! Chacun fait son truc de son côté et c'est sûrement très bien, mais je trouve qu'il y a peu d'originalité, chacun suit un peu la même idée, musicalement certains oublient qu'une chanson n'a pas à être avec de gros riffs parce que c'est la mode etc. Baser cette musique sur des riffs, ce n'est pas spécialement une bonne idée, ce n'est pas ce que les gens retiennent au final. Il y a peu de "riffs" qui sont restés célèbres avec le temps... "Smoke on the Water" de Deep Purple, par exemple, mais le reste ?
Une chanson doit être un ensemble, un tout, une mélodie, une structure. Il faut la développer au-delà des clichés. Il faut savoir aussi évoluer en tant que musicien et ne pas avoir peur à changer des choses avec le temps. Après, il y a tout qui est basé sur la production parfois, mais au final tout se ressemble... Nous nous considérons avant tout comme des musiciens, peut-être que dans certains groupes ce n'est pas forcément le cas mais nous décidons de suivre cette voie, il est important pour nous de ne jamais cesser d'explorer certains univers, d'avancer, de progresser. Et tant pis si on doit perdre des fans en route... notre challenge sera d'en trouver de nouveaux ! Je ne compose pas avec cette "peur". Je ne veux pas que les fans contrôlent notre musique, il faut que le groupe reste la possession de ses musiciens, c'est le plus important, sinon nous ne pouvons pas enrichir notre carrière. Après, si on nous aime tant mieux, nous sommes heureux de cela, mais si certains ne nous aiment pas et bien tant pis, ce n'est pas grave. Le souci est là dans le "metal symphonique à chant féminin", la plupart des groupes essayent d'attirer les gens en oubliant de développer leur propre style. Je ne citerai personne, mais c'est dommage car je pense qu'ils passent à côté de quelque chose, car le talent est là. Vraiment.
Angelica, comment travailles-tu sur ta voix généralement ?
Angelica : J'ai débuté ma carrière de chanteuse professionnelle assez tardivement, mais je suis le genre qui personne qui a toujours aimé chanter et qui ne cesse presque jamais. Par exemple je chante beaucoup sous la douche (rires) ! Bien sûr j'ai pris quelques leçons avec un coach vocal, mais la clef réside surtout dans le fait de prendre soin de sa voix : je ne fume pas et je ne bois que très rarement de l'alcool, jamais en période de concert. Je bois beaucoup de thé, de l'eau avec du gingembre.
Jamais de véritable cours de chant classique ?
Angelica : Non, je ne suis pas très opératique dans ma voix, et ce depuis mon jeune âge. Ma première idole a été Whitney Houston, je suis plus donc dans ce style. Une approche plus américaine que lyrique.
Avez-vous d'autres projets en dehors de The Murder of My Sweet ?
Angelica : En ce qui me concerne, pour l'instant non. Je suis à 100% sur le groupe. Il est important pour moi de me concentrer à fond dessus.
Mais toi Daniel tu avais un groupe de metal progressif il me semble, Mind's Eye. Qu'en est-il ?
Daniel : Tu sais, on a fait sept albums et je crois que le temps nous a un peu rattrapé (rires) ! Le dernier date de 2007, on a été ensemble à partir de 1994, et je crois qu'on a un peu dit tout ce qu'on avait à dire ensemble. C'était vraiment sympa, pour moi Mind's Eye c'était une école grandeur nature, un entrainement pour chacun de nous, nous savions que nous ne ferions pas notre vie avec. On a beaucoup appris pendant ce temps, et grâce à ça je sais aujourd'hui comment faire un album avec tout le recul nécessaire. J'ai acquis une certaine indépendance suite à ça, j'ai pu développer ma propre identité musicale pour aujourd'hui faire des choses plus "grandes" avec The Murder of My Sweet. Pour les autres gars aussi, Mind's Eye était juste un entraînement grandeur nature, il y a un qui a été dans Therion par la suite par exemple... Puis le metal progressif, disons que ce n'est plus trop le style dans lequel j'aime écrire aujourd'hui, je préfère composer des choses que j'aime et qui sortent rapidement de mon esprit, de façon plus spontanée.
Cependant pour revenir à ta question précédente, en ce qui concerne d'autres éventuels projets, je suis aujourd'hui producteur et c'est mon gagne pain. C'est un travail très intéressant et enrichissant, enfin tout dépend des groupes avec qui tu travailles, mais maintenant que j'approche la quarantaine je me sens prêt à les aider du mieux possible. Et ce avec une distance nécessaire, car je ne fais pas partie de ces groupes, du coup je ne me prends pas la tête sur les compos et autres ! (rires)
As-tu d'autres idées en tête musicalement ?
Daniel : J'ai l'idée d'une histoire un peu science-fiction que j'aimerais écrire un jour et pourquoi pas la mettre en musique. Mais j'ai besoin de trouver les bonnes personnes pour ça, mes anciens collègues de Mind's Eye sont un peu éparpillés donc je ne sais pas encore avec qui... J'ai besoin de quelques personnes qui ont la même énergie que moi et ce n'est pas facile à trouver. Je veux des gens à 100%, qui se donnent à fond, sinon ce n'est pas la peine. Je suis très exigeant sur ce point. Maintenant, si je trouve le bon chanteur, cela se fera sans problème. Sous le nom de Mind's Eye ou pas, j'en sais rien encore, mais ce serait intéressant... et peut-être progressif qui sait ? Ce serait une bonne façon au final de dire pour de bon "Bye bye Mind's Eye" ! (rires)
Ensuite il y a surtout ma nouvelle boite de production que j'ai créée avec Jesper Strömblad (In Flames) qui est actuellement occupé à l'écriture de quelques chansons pour Tarja Turunen, on aide pas mal de jeunes groupes. On va aussi travailler sur quelques BO de films, nous en avons fait une d'ailleurs cette année. Nous avons quelques propositions intéressantes.
Un dernier mot à rajouter ?
Angelica : On parlait de Jesper Strömblad, il nous a donné un coup de main et a participé à l'album, en compagnie de Peter Wichers (Soilwork) et Fredrik Akesson (Opeth). Et quand tu rencontres ou travailles avec des gens comme ça, tu te rends compte que l'industrie de la musique peut être riche et merveilleuse. On a de la chance d'être là et d'en vivre.
Daniel : Tout à fait ! Sinon on voulait remercier nos fans, on aime la France vraiment. Et bien sûr : achetez notre album, c'est très important !
Angelica : Oui, sans nos fans on ne serait rien, on espère très vite vous retrouver sur la route. En attendant vous pouvez nous retrouver sur les réseaux sociaux ou notre site officiel, vous pouvez même nous envoyer des messages si vous le souhaitez !