Si l'existence d'Halestorm est tout sauf récente, son succès lui, l'est. Halestorm n'est pas qu'à un ou deux coup d'essai, au contraire, son nouvel album, The Strange Case Of … est le quatrième, ni plus ni moins. Ce qui semble difficile à concevoir car, généralement, seul celui-ci et l'avant-dernier, éponyme, sont connus du grand public, les deux premiers souffrant d'un relatif anonymat. Le groupe américain, qui a acquis sa popularité outre-Atlantique, va encore devoir faire ses preuves pour se lancer à la conquête d'un marché européen, lui, plus difficile.
« Loves Bites (So Do I) » est exactement le genre de morceau qui est en mesure de résumer, à lui seul, un album tout entier et de faire comprendre où les américains vont en venir. Un titre efficace, au refrain particulièrement marqué, et sur lequel une bonne partie de la mélodie repose. C'est assez puissant pour devenir entraînant, pas trop violent pour attirer un public plus éclectique, et sous ses allures de léger tube pop, se cache finalement un hard rock / metal qui ne dissimule pas la guitare derrière des tonnes d'effets. On reste dans une structure simple, et ce sera le cas tout au long de l'opus.
C'est d'ailleurs un peu le problème. A force de donner des allures de morceau tubesque à chaque titre, certes catchy et prenant, on retient une impression de linéarité, et il est parfois difficile de ne pas zapper certaines des 15 pistes proposées dans The Strange Case Of … Mention spéciale, par ailleurs, au trio des ballades : « Beautiful With You » / « In Your Room » / « Break In », toutes les trois inintéressantes, et proposées les unes à la suite des autres. Maladroitement, elles cassent un rythme rock / metal imposant et détendu à la fois, qui reprendra un peu plus tard.
Le groupe sait pourtant faire nettement mieux, surtout quand il décide de composer un titre, certes calibré, mais dont l'optique est d'obtenir du ravageur, du lourd, et que ça fonctionne. Les quatre premiers morceaux (c'est à dire de « Loves Bites (So Do I) » jusqu'à « Freak Like Me ») sont des tueries, et si tout avait continué sur cette voie, Halestorm aurait cassé la baraque. Le rythme de « Mz. Hyde », l'enthousiasme communicatif de « Freak Like Me » ou le refrain de « I Miss the Misery » font toute la différence. Très faciles d'accès, ces éléments n'en restent pas moins prenants, et très professionnels. Ainsi, quand ils le veulent, le quatuor sait composer des hymnes qui plairont aux metalleux et, peut-être même aux autres.
Quand on regarde la suite, et la tendance musicale qui s'y affiche, on est très clairement dans une musique assez racoleuse sur les bords, avec un aspect commercial éhonté. Mais comme il n'y a aucun mal à se faire plaisir, un « Rock Show » qui porte tellement bien son nom, ou un « You Call Me a Bitch Like it's a Bad Thing » nous feront fermer les yeux sur cette volonté de vouloir s'exporter vers des contrées plus adolescentes. Halestorm est dans ces groupes que l'on écoute quand on demande un peu de facilité, un peu de détente et d'énergie.
Et tous ces morceaux, même les moins bons, ne nous font pas oublier les capacités vocales et le talent de Lzzy Hale, chanteuse / guitariste talentueuse. A fleur de peau sur les ballades, puissante sur le reste, elle sait être agressive juste comme il le faut sur le refrain de « Mz. Hyde », où assez douce pour transmettre de l'émotion sur « Break In » (ce qui, avouons-le, ne sauve tout de même pas un titre trop pauvre et plat). Si ses parties de guitare sont très simples, ses lignes de chant, elles, sont plutôt travaillées et illustrent tout le talent de la chanteuse.
Alors en faisant le bilan, The Strange Case Of … est un opus très facile d'accès, qui joue à la fois sur les terrains du rock et du metal, avec quelques faux pas, mais aussi des titres intéressants, et qui s'écoutent sans broncher. Loin d'être l'album de l'année, il reste agréable, léger et très bon pour passer le temps. On ne leur en demande pas beaucoup plus, non ?