Violator déchaine le Klub
Venus tout droit du Brésil, les thrashers underground n’ont eu aucun mal à faire remuer les 120 metalleux parisiens venus se prendre une décharge de riffs supersoniques, de solos foldingues et de rythmiques apocalyptiques. Les mosh étaient légion et les murs de la petite salle de la capitale, pleine comme un œuf ce soir, ont tremblé. Les croates de War-Head, venus pour assurer la première partie, ont également apprécié la ferveur et l’engouement brutal du public.
War-Head
Sur les coups de 20h, alors que l’ambiance monte dans le Klub, les trois musiciens de War-Head se frayent un chemin vers la scène de fortune qui leur est allouée et opèrent les derniers réglages avant d’envoyer une intro inquiétante pour mettre le public dans l’ambiance. Le groupe démarre en trombe avec "Free" et les mosh se forment déjà parmi les thrashers présents.
L’assistance est bouillante. Le groupe ne tient pas la tête d’affiche, mais les metalleux ne se retiennent pas pour autant, et se bousculent sans relâche dans le peu d’espace que leur alloue le Klub devant le groupe. Des débordements se font, et plus d’une fois un fan présent au premier rang se prendra le micro de Dario "Darac" Turcan, bassiste-chanteur, qui reste heureux de l’ambiance, et ne manque pas de remercier les fans parisiens, à qui il a à faire pour la première fois, en déclarant que c’est "le meilleur concert de War-Head en France".
Pendant la demi-heure qui leur est accordée, le groupe pioche six titres issus de son album …Still No Signs Of Armageddon, considéré comme "le premier album officiel" du trio de thrash metal croate. Le tempo ne baisse pas et le batteur Eldar "Piper" Ibrahimovic ne défaillit pas et garde son sourire tout le long du concert. Si l’ambiance et la volonté sont au rendez-vous, le son brouillon n’aide pas le groupe à s’exprimer pleinement, et le guitariste Vladimir "Vlad" Suznjevic se retrouve pénalisé.
Cela n’a pas empêché à War-Head de faire des heureux et d’ajouter quelques fans à ses rangs. Le frontman n’hésitera d’ailleurs pas à remercier chaleureusement le groupe en tête d’affiche : Violator.
Setlist :
Free
Terrorizer
Who Dares Wins
1000 Eyes
Away
War-head
VIOLATOR
Une petite demi-heure après le départ de War-Head déboulent les quatre brésiliens de Violator. Cette fois, pas d’intro ou autre artifice, le chanteur Poney prend le micro et demande à la foule de faire attention pendant les mosh, à cause d’un metalleux malchanceux qui s’est ouvert la tête lors du précédent concert (les traces de sang sur le sol des couloirs de la salle en témoignent), avant de les remercier d’être venus pour enfin envoyer la purée avec l’instrumental "Ordered To Thrash".
Bien chauffés par le groupe précédent, les thrashers parisiens réagissent au quart de tour et pogottent à tout va sans jamais relâcher la pression d’un bout à l’autre du set des brésiliens. L’anarchie règne devant la scène, avec les fans du premier rang qui ont du mal à rester longtemps debout. Un employé de la salle, dépêché pour tenir le micro du chanteur, tentera de calmer les ardeurs des fans en milieu de set en s’exclamant : "On ne peut pas pousser les murs !" Dans les autres parties de la salle, l’ambiance est bon enfant. Les headbangs sont nombreux du bar au couloir et les acclamations ne décroissent pas.
Devant une telle ferveur, le frontman Poney ne manque pas de remercier le public de "soutenir la scène underground", porte un discours de fraternité entre thrashers et met en avant l'honnêteté des musiciens de Violator, en précisant qu’ils ont aussi un travail au Brésil, et qu’ils tournent "par passion". Dans ses nombreuses interventions, il ne manque pas d’expliquer les paroles de certaines chansons, comme le nouveau titre "Echoes Of Silence" qui traite du massacre des indiens, ou de critiquer certains aspects de la société dans laquelle il vit, qu’il décrit comme "pleine de préjugés, d’homophobie…" avant d’enchaîner avec "Brainwash Possession".
Côté setlist, le groupe pioche un peu partout dans son répertoire rempli de morceaux thrash dévastateurs, en mettant en avant leur unique album, Chemical Assault, qui occupe la moitié du set. Deux titres viennent des deux autres EP, dont le single "Futurephobia" pour Annihilation Process et le dévastateur "The Plague Never Dies" de Violent Mosh, qui viendra clore le concert. Venu en Europe pour le "Deadly Sadistic Tour", il est aussi là pour enregistrer son deuxième album. Ainsi, le quatuor en profite pour présenter deux nouveaux titres : "Echoes Of Silence" et "Win To Atone", qui présagent des paroles plus sérieuses. Musicalement, ces morceaux s’intègrent parfaitement avec le reste du set.
Côté son, les brésiliens bénéficient d’un meilleur traitement que les croates, avec des instruments mieux équilibrés entre eux, ce qui permettra aux guitaristes Cambito et Capaça de se montrer clairs aussi bien lors des riffs tranchants que dans les solos supersoniques. L’énergie ne décroit pas pendant l’heure qui est allouée au groupe, et le batteur bien nommé Batera se montrera carré et constant, malgré la vitesse dont il doit faire preuve. On regrettera néanmoins que la voix criarde de Poney soit un peu en retrait dans le mix final.
Fort d’avoir rempli à ras-bord le Klub, Violator et son thrash typiquement old school s’inscrit comme un groupe indispensable de la vague revival, en proposant une musique fraiche et personnelle, sans oublier les bases du genre. En se montrant naturels et spontanés, les membres ont su conquérir un public avide de sensations fortes, qui a définitivement été servi ce soir-là.
Setlist :
Ordered To Thrash
UxFxTx (United For Thrash)
Deadly Sadistic Experiments
Toxic Death
Echoes Of Silence
Thrash Maniacs
Futurephobia
Brainwash Possession
Win To Atone
Atomic Nightmare
Destined To Die
The Plague Never Dies
Un grand merci à Mathilde Leroi pour les photos.