Serj Tankian – Harakiri


Harakiri, à moitié dans son lit

 

Serj Tankian sort en 2012 son troisième effort solo, Harakiri. Après un Imperfect Harmonies inattendu qui n’a pas fait l’unanimité, le chanteur de System Of A Down revient au metal avec un album plus direct et plus proche de ce qu’il faisait avec son groupe et avec Elect The Dead. Il en résulte un album puissant, varié et envoutant, mais moins brillant que ses prédécesseurs.

Les nouvelles tendances artistiques de Serj Tankian sont désormais confirmées : il revient au metal. Après une reformation inattendue de System Of A Down en 2011, suivie par une tournée couronnée de succès, le chanteur d’origine arménienne sort son troisième album solo, Harakiri, toutes guitares dehors, prêtes à envoyer la purée. Le single "Figure It Out" avait annoncé la couleur, avec ses rythmiques saccadées et ses envolées vocales typiques de l’artiste.

On remarque donc un grand retour des grosses guitares dans la musique du chanteur, plus que jamais présentes d’un bout à l’autre du disque, avec cette saturation peu commune qu’on entendait déjà bien dans Elect The Dead, son premier album solo. La basse prend également une importance capitale dans les compositions, en témoignent les couplets du titre d’ouverture "Cornucopia". Le grand perdant de l’histoire est le clavier, pourtant l’instrument de prédilection de l’artiste. Capital dans les deux albums précédents, il n’est que peu utilisé dans Harakiri.

Si Serj Tankian interprète lui-même la plupart des parties instrumentales de l’album, l’artiste reste avant tout chanteur, et sa voix reste l’instrument qui attire le plus l’attention. Son timbre immédiatement reconnaissable est toujours présent, profond sur "Occupied Tears", nasillard sur "Reality TV" ou encore d’une grande douceur sur "Deafening Silence". Ses capacités d’interprétation sont bien exploitées, et un large panel d’émotions est présent, partant de la folie sur "Figure It Out" aux envolées grandiloquentes de "Weave On". Des parties rap viendront même se glisser dans les couplets de "Ching Chime".

Serj Harakiri

Les onze chansons qui composent l’album sont également variées. Si la dominante est metal, notamment en ouverture et en fermeture d’album, Serj ne réduit pas son panel d’influences pour autant. Ainsi, la ballade "Deafening Silence" présente quelques arrangements électro qui n’auraient pas dépareillé sur Imperfect Harmonies. Le folk oriental est aussi présent, notamment sur "Ching Chime" et son ûd. Des titres très mélodiques sont aussi de la partie, comme le mélancolique "Harakiri" et l’enlevé "Butterfly", sur lequel le chanteur montre qu’il excelle toujours dans les changements brusques d’ambiance.

Coté paroles, l’engagement de Serj Tankian est toujours présent contre le capitalisme dans "Figure It Out" avec "CEOs are the disease", écologique avec le suicide collectif d’animaux raconté dans "Harakiri", et aussi politique, notamment dans "Uneducated Democracy", les possesseurs du premier album de System Of A Down reconnaîtront sans peine la reprise du petit texte du booklet dans le break du morceau : "Open your eyes / Open your mouths / Close your hand /And make a fist". Toujours riches en images et empreintes de son univers unique, les paroles restent l’un des points forts de l’album.

Si le talent est toujours au rendez-vous, Serj Tankian semble néanmoins avoir pris moins de risques sur Harakiri. Alors qu’Imperfect Harmonies faisait figure d’ovni dans son univers, le dernier disque regarde dans le rétro-viseur, en direction d’Elect The Dead. Si le premier album solo avait étonné et conquis bon nombre de fans de System Of A Down à sa sortie, voir le dernier effort directement dans son sillage donne une impression de facilité dans la démarche.

Un album de qualité qui surprend moins que ses prédécesseurs.

Serj

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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